Le phénomène des dark kitchens ne cesse de prendre de l'ampleur. Ces "cuisines fantômes" en français, que l'on pourrait traduire comme étant des restaurants sans salle de restauration (et donc uniquement composés que d'une cuisine), gagnent du terrain dans la Ville rose depuis quelques mois, et dans tout l'Hexagone. Le terme anglo-saxon est aussi utilisé pour parler des cuisiniers qui transforment leur appartement en cuisine professionnelle et qui ne louent donc pas de local pour exercer leur business. Pensé pour les services de livraison de repas à domicile, le concept qui a vu le jour aux États-Unis vient de séduire et convaincre la société Locacuisines.
Installée à Lespinasse (Haute-Garonne), la société, leader français sur la location de modules de cuisine temporaires, va installer sur le site du Min de Toulouse un bâtiment modulaire de 400 m2 qui abritera six dark kitchens, de 18 m2 chacune. "Elles seront louées avec des équipements relativement standards, tout en proposant des chambres froides en option. Il y aura également un local à déchets et un pôle logistique pour permettre un bon accueil des livreurs sur place", présente Florent Chaigne, le directeur commercial de Locacuisines, qui tient également à souligner la proximité avec les denrées alimentaires locales qui transitent au sein du "ventre de Toulouse".
Surnommée "Loca Lab", cette nouvelle offre de la PME qui emploie 60 salariés est avant tout une réponse à la crise sanitaire. Spécialisée dans l'installation de cuisines éphémères en résumé, l'entreprise - qui installe notamment les bâtiments modulaires froids pour la restauration rapide sur le tournoi de tennis international de Roland-Garros - a été bousculée par la crise sanitaire et la chute de l'activité événementielle. Après une année 2020 difficilement à l'équilibre, Locacuisines a connu une croissance de +25% de son activité et franchi le cap des huit millions d'euros de chiffre d'affaires grâce notamment au développement de la restauration commerciale. Les six nouvelles dark kitchens toulousaines doivent ainsi entretenir cette dynamique. "Notre métier c'est avant tout l'adaptation", poursuit le dirigeant, faisant un lien entre cette adaptation au marché et l'activité historique de Locacuisines.
La dark kitchen de Locacuisines peut accueillir jusqu'à quatre personnes (Crédits : Locacuisines).
Six mois de location minimum
Néanmoins, contrairement à d'autres concurrents, la société toulousaine a fait le choix d'installer ses équipements de manière légèrement excentrée du centre-ville, afin de toucher le nord toulousain avec les restaurateurs qui viendront s'installer dans ses dark kitchens, mais pas que. "Nous voulions nous éviter toute nuisance avec des riverains et nous détacher de cette image un peu noire des dark kitchens depuis leur apparition", ajoute Florent Chaigne.
Par ailleurs, la PME entend ne pas accueillir n'importe qui dans ses locaux. "Nous souhaitons accompagner des clients déjà établis (restaurateurs, traiteurs, etc.) qui cherchent à se diversifier dans la vente à emporter", fait savoir le directeur commercial. Pour cela, les intéressés devront débourser un total de 4.500 euros mensuels TTC, avec un contrat minimum d'engagement de six mois de location. Si les délais sont tenus, les premiers intéressés pourraient s'installer dans leur dark kitchen dès le début du mois de mars 2022.
"Dans cette opération, nous serons les seuls interlocuteurs des restaurateurs intéressés. Le prix comprend déjà le loyer du Min de Toulouse (...) Nous avons lancé les premières démarches commerciales et des sociétés de restauration privées se sont montrées intéressées, tout comme des sociétés de conseil dans le digital pour le compte de clients à la recherche de ce type de locaux. Nous commençons à avoir des retours", se félicite Florent Chaigne.
"Un prototype"
Bien que les touches commerciales soient au rendez-vous, Locacuisines voit cette nouvelle offre à Toulouse comme "un prototype", avec les mois à venir "comme une phase de test pour voir si cette nouvelle demande est pérenne dans les modes de consommation". Cependant, la PME ne s'empêche pas d'étudier d'ores et déjà d'autres lieux d'implantations en France pour ses dark kitchens comme le marché de Rungis, l'homologue parisien du Min de Toulouse.
Ces cuisines sont optimisées pour la vente à emporter (Crédits : Locacuisines).
Cette annonce intervient alors que le concept commence à faire grincer des dents à Toulouse à l'image d'un projet dans le quartier Les Chalets. Pour mémoire, en juin dernier, un collectif de riverains du quartier, porté par l'association "Chalets - Roquelaine Toulouse", s'était offusqué de la construction, sans concertation publique, d'un restaurant conçu pour les plateformes de livraison de repas. À terme, ce local de 400 m2 équipé doit contenir douze cuisines sous-louées à des restaurateurs désireux de se lancer sur un marché de la restauration numérique devenu indispensable dans le secteur depuis la crise de la Covid-19.
Plus récemment, les artistes Big Flo & Oli et le président de Newrest, Olivier Sadran, ont investi dans le développement d'une dark kitchen. Installée à Toulouse, Foudie se rêve en une enseigne régionale voire nationale. En pleine croissance d'activité de par notamment la crise sanitaire, ce restaurant sans salle et uniquement pensé pour la livraison mise ainsi sur le réputé duo de rappeurs toulousains et l'ancien président du Toulouse Football Club pour prendre une nouvelle dimension. Une poignée de nouveaux restaurants va voir le jour d'ici quelques mois.
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