Occitanie : face à la crise, la filière BTP veut accélérer sa transition numérique

Le cluster d’entreprises du numérique en Occitanie, Digital113, propose à travers l’événement “Digital is future” un cycle de conférences pour encourager le virage numérique de la filière du bâtiment et de l’immobilier. Malgré l'émergence de nouvelles technologies comme le BIM, beaucoup d'acteurs n'ont pas encore engagé cette transition. Alors même que la digitalisation est présentée comme “un levier de productivité important” en cette période de crise.
Le secteur du bâtiment représente la troisième filière économique de la région avec 150.000 salariés et 18.000 employeurs.

"Il y a encore des personnes, chez nous, qui ont leur agenda sur papier, qui communiquent par courrier, et qui ne font rien sur le numérique. Il faut leur faire comprendre que nous sommes quasiment obligés d'en passer par là". Tel est le constat présenté par Vincent Perez, le président de la Capeb (confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) en Occitanie.

Face aux lacunes numériques du BTP, le cluster d'entreprises du numérique occitan Digital113 organise du 1er mars au 30 juin l'événement "Digital is future". Un cycle de quatre conférences qui a pour objectif d'accompagner les acteurs du bâtiment et de l'immobilier dans leur transition numérique. Pour y parvenir, le cluster va s'appuyer sur deux sociétés expertes en la matière, Enerbim et Synox.

Pour Jean-Régis Tarasewicz, secrétaire général de la FFB (fédération française du bâtiment) en Occitanie, la particularité du marché du bâtiment est qu'il est composé  "de très petites entreprises, 95% ont moins de dix salariés". Raison pour laquelle la digitalisation n'était pas leur priorité jusqu'alors. Pourtant, le bâtiment représente la troisième filière économique de la région avec 10,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, 150.000 salariés et 18.000 employeurs. Alors, comment les convaincre avant qu'il ne soit trop tard ? "Nous avons déjà des outils que nous pouvons leur mettre à disposition. Il faudra ensuite leur montrer comment on les utilise. Une gestion d'agenda en ligne, c'est déjà une transition numérique", poursuit le dirigeant.

Mais comme le fait remarquer Thierry Lamort, président de l'Union syndicale des architectes du Languedoc-Roussillon, les difficultés d'accès au numérique peuvent être simplement liées aux coûts qu'il peut engendrer : "Comment utiliser la réalité virtuelle aujourd'hui ? Quand vous voyez le prix des casques... Qui paye ? Et qui forme les salariés ?".

Déjà avant la crise, la filière bâtiment traversait de grandes difficultés. Le nombre de logements neufs et prêts à rejoindre le marché de l'immobilier a ainsi enregistré une baisse de près de 50% passant de 9.300 à 4.500 logements entre 2017 et 2020.

Lire aussi : Le secteur du bâtiment lance un SOS aux élus à Toulouse

Jumeau numérique du futur chantier

Le vice-président de Toulouse Métropole en charge de la transition digitale, Bertrand Serp, rappelle que "le numérique représente 42 000 emplois dans le bassin toulousain, 4000 de plus que quand je suis arrivé. Cela veut dire que le numérique est devenu essentiel, et d'autant plus avec cette crise sanitaire". Pour le bâtiment et l'immobilier, le numérique serait donc une solution face aux bouleversements économiques : "Nous voyons un certain nombre de changements qui sont importants dans la façon de vivre, y compris chez les acquéreurs dans l'immobilier. Davantage d'attention est portée à la vie de l'immeuble, la mobilité, le pilotage du bâtiment" explique Mathilde Alarcon, chargée de communication pour Digital113.

Se digitaliser, c'est donc utiliser de nouveaux processus métiers plus collaboratifs pour l'entreprise comme le BIM (Building information modeling), une stratégie de conception innovante qui consiste à élaborer un jumeau numérique du futur bâtiment, ou le CIM, la déclinaison du même concept dans l'espace public.

Lire aussi : Avec sa stratégie BIM, le promoteur immobilier toulousain LP Promotion distingué

Les acteurs du bâtiment et de l'immobilier de la région souhaitent intégrer le numérique sur l'ensemble du cycle de vie d'un bâtiment : programmation, construction, exploitation, maintenance, jusqu'à la déconstruction. Comme le fait remarquer Catherine Pommier, directrice innovation d'AD'OCC, "au-delà de la transformation technique, il s'agit aussi d'activer de nouveaux leviers de développement économique pour les entreprises via les technologies digitales". Et pourquoi pas booster aussi les recrutements. Franck Guillamot, directeur du campus des métiers et des qualifications BTP rappelle que "le numérique peut être un levier intéressant pour attirer plus de jeunes vers ces métiers là" et engendrer une "montée en compétence des acteurs de la filière".

Un virage numérique pour réduire l'empreinte carbone de la filière

Surtout, le virage numérique doit permettre à la filière de réduire l'empreinte carbone dans nos villes. Selon Bertrand Serp, les bâtiments de la ville de demain respecteront "les exigences de la transition écologique" et seront "plus efficients" grâce au numérique, à la domotique et "à la possibilité de construire avec des modélisations 3D des bâtiments plus intelligents et plus faciles à vivre". D'ailleurs, André Joffre rappelle que "les énergies renouvelables se développent rapidement : dans l'énergie solaire, les prix ont été divisés par dix en dix ans. Le mariage énergie renouvelable et énergie conventionnelle est le cœur du sujet".

Digital113 et ses partenaires (l'Ademe, Ad'occ, le campus des métiers BTP/Numérique, la CAPEB, Envirobat, la FFB, le pôle DERBI, la SBA et l'USARL) se donnent trois mois pour favoriser les synergies, valoriser les compétences du numérique et apporter des solutions aux entreprises du secteur.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.