Marmara, Promovacances, Havas Voyages ou encore E.Leclerc Voyages... En France, il existe une quantité innombrable de tour-opérateurs. Parmi eux, le Toulousain Loisirs Culture Passion Aventure, alias LCPA, se spécialise depuis plus de trente ans dans les séjours de jeunes de 6 à 25 ans. "Dans les années 80, j'ai repris la marque qui existait déjà et j'ai démarré l'activité à Paris", se souvient Bernard Deguilhem.

En 1996, le chef d'entreprise rapatrie l'entreprise dans son Sud-Ouest natal, à Balma (Haute-Garonne), près de Toulouse. Au cours des années, il a été rejoint par ses enfants Julie et Guillaume. Aujourd'hui LCPA fait voyager près de 5 000 jeunes par an sous sa marque Passion Aventure Junior. Parmi la trentaine de destinations proposées figurent le Viêtnam, le Japon, Hawaï ou encore la Chine.

"Pour les voyages juniors, nos clients sont principalement des comités d'entreprises (CE) avec 85 % des ventes, tandis que les demandes individuelles représentent, elles, 15 %", explique le dirigeant de Loisirs Culture Passion Aventure.

Parmi ses clients qui se situent partout en France, la SAS compte les CE de grands groupes tels que Airbus, Canal + ou TF1 ainsi que des groupes pétroliers, des banques et des assurances.

Diversification face à la menace d'une taxation

Cependant, LCPA pourrait rencontrer des difficultés dans son activité d'ici peu. En effet, depuis quelque temps les CE sont dans le collimateur du fisc français qui souhaite taxer, via l'amendement proposé par le député UDI Paul Christophe, les aides aux vacances versées aux salariés par leur comité d'entreprise.

"L'amendement impactera tout le tourisme social et nous avons donc intérêt à trouver d'autres sources d'entrée de clientèle. Par exemple, nous vendons beaucoup de voyages Hawaii Junior pour Airbus Opérations : les parents payent moins de 1 000 euros pour le premier enfant et 50 % du tarif pour le second, soit 1 500 euros pour les deux sachant qu'en temps normal, seul les billets d'avion Toulouse-Paris, Paris-Californie, Californie-Hawaii coûtent 1 700 euros. Si l'État venait à taxer cela, les parents seront plus réticents à payer plus", se projette Bernard Deguilhem.

Afin d'anticiper les impacts de cet amendement sur le pouvoir d'achat, le voyagiste a décidé de se diversifier en élargissant son offre. En effet, l'entreprise familiale a lancé, en 2017, une seconde marque, Far Away Création Voyages. Elle cible les groupes d'adultes et les individuels adultes, ainsi que les familles.

"Cette seconde marque est née, en partie, des demandes de certains CE et notamment des parents qui ont demandé des séjours pour adultes. Nous sommes capables de transformer le contenu des voyages juniors en voyages adultes. Par exemple, sur le voyage West Coast Hawaii, nous changeons les hébergements initialement en camping, en hôtel, nous ajustons le transport et changeons quelques activités, le tout en apportant un côté fun et de la souplesse que n'ont pas d'autres tour-opérateurs."

Depuis la création de ce nouveau service, le voyagiste fait partir entre 100 et 150 adultes par an. À l'horizon 2022, la marque entend doubler le nombre de départs annuels pour atteindre les 300.

Des séjours adaptés à chacun

Pour atteindre cet objectif et continuer à pérenniser, LCPA compte s'appuyer sur sa valeur ajoutée qui fait d'elle "un tour-opérateur différent des autres" : la conception de séjours "sur-mesure".

"Nous travaillons ensemble avec les voyageurs. Nous partons d'une feuille blanche et en fonction de leur destination, des activités qu'ils souhaitent faire, des émotions et rencontres qu'ils recherchent et du type d'hébergement qu'ils privilégient nous allons construire un séjour. Nous n'avons pas de catalogue type. Nous sommes capables de monter le séjour clés en main. On peut leur proposer un tour d'Hawaii en Harley-Davidson, une semaine au sein du famille vietnamienne, de travailler dans des rizières, d'être hébergés dans une ancienne cabane en rondins au Québec, etc."

Contrairement à la majorité des tour-opérateurs classiques, la société toulousaine n'a pas de contraintes liées à des partenariats et contrats avec des hôteliers ou compagnie aérienne, ce qui lui permet de construire ses voyages selon les envies et les budgets de ses clients.

"Par exemple, un tour opérateur classique va prendre tous les samedis 50 places dans un avion pour l'Île Maurice. Sur place, il aura un partenariat avec deux hôtels pour cinquante places toutes les semaines. Sauf que le client ne pourra pas partir le vendredi s'il le veut et on lui imposera l'hôtel de gauche parce que c'est un partenaire alors qu'il souhaite celui de droite", illustre le patron du tour-opérateur toulousain.

Ce travail de personnalisation n'a pas forcément d'impact sur les prix des voyages proposés par LCPA qui peuvent être, selon le lieu, inférieurs de 15 % ou supérieurs de 30 % par rapport aux concurrents.

Afin de sans cesse proposer de nouvelles destinations et s'assurer de la qualité de ses services, l'entreprise compte embaucher du personnel "au printemps prochain" sur les aspects technique, prospection et accompagnement afin de renforcer ses effectifs composés aujourd'hui de 12 salariés. Le groupe, qui signe près de 500 contrats d'encadrants chaque année, a réalisé un chiffre d'affaires de 7,4 millions d'euros en 2018. Celui-ci devrait s'élevait à 8,2 millions d'euros en 2019, avec l'objectif d'ici 2022 d'atteindre les 10 millions.