Sanofi Toulouse : 350 salariés manifestent, le comité d'entreprise cherche des pistes pour sauver le site

Entre 300 et 350 salariés de Sanofi ont manifesté devant le site toulousain à l'appel de l'intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CGT, FO et Sud Chimie). Ils protestaient contre la menace de désengagement du groupe pharmaceutique à Toulouse. Une partie des 647 salariés était en grève alors que se tenait un comité d'entreprise à Paris. Selon les syndicats, le groupe a confirmé son intention de se retirer de la Ville rose, plusieurs solutions pour le site ont été étudiées.
Entre 300 et 350 salariés de Sanofi ont manifesté devant le site toulousain de Sanofi, réalisant un haka

Entre 300 et 350 salariés de Sanofi ont manifesté devant le site toulousain à l'appel de l'intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CGT, FO et Sud Chimie). Ils protestaient contre la menace de désengagement du groupe pharmaceutique à Toulouse. Une partie des 647 salariés était en grève alors que se tenait un comité d'entreprise à Paris. Selon les syndicats, le groupe a confirmé son intention de se retirer de la Ville rose, plusieurs solutions pour le site ont été étudiées. Christophe Borgel, député de la 9e circonscription de Haute-Garonne et Régis Godec, adjoint au maire, sont venus soutenir les salariés.

« Colère, injustice et inquiétude ». Ce sont les sentiments qui animaient les salariés de Sanofi en grève ce jeudi. Entre 300 et 350 employés, sur les 647 du site, ont manifesté devant leur entreprise contre l'éventuel désengagement du groupe pharmaceutique du pôle toulousain consacré à la recherche. Patrick, qui travaille depuis 18 ans pour Sanofi Toulouse, ne comprend pas la direction. « Nous avons fait tous les efforts nécessaires pour mieux s'organiser et collaborer avec des start-ups. Aujourd'hui, sur trois molécules détenues par Sanofi, deux sortent de Toulouse. Ce qu'ils veulent, c'est de la rentabilité pour le dividende mais on ne lâchera rien », assure t-il alors que les manifestants ont improvisé un jeu de quilles sur lesquelles se trouvent les portraits des dirigeants de Sanofi.

Pour Cédric Latieule, du syndicat Sud, le groupe ne veut plus financer la recherche. « La nouvelle direction veut diminuer les coûts et les risques pris pour la recherche. Ils préfèrent racheter une start-up qui travaille sur un médicament porteur plutôt que développer une vraie recherche. » « Sanofi va devenir le Carrefour du médicament », peste un manifestant.

Après un haka énergique des salariés au son de « Tous ensembles pour la recherche », Christophe Borgel, député PS de la 9e circonscription de Haute-Garonne, est venu apporter son soutien. « Je ne conteste pas qu'une entreprise puisse réfléchir à la nécessité d'évolutions liées à une stratégie industrielle. Mais je remarque qu'à côté il y a bien des objectifs financiers. Nous refusons une fermeture du site alors que l'entreprise est l'une des plus rentables du Cac 40. Et le groupe a profité de l'argent public avec le crédit impôt-recherche. On nous oppose l'argument de l'écosystème scientifique alors que Sanofi est sur le site de l'Oncopole », a regretté l'élu.

Régis Godec, président du groupe Europe Écologie Les Verts au conseil municipal de Toulouse, présent également, a lui estimé qu'il faut « se questionner sur la conditionnalité des aides publiques accordées par les collectivités ».

L'avenir de l'Oncopole est aussi en question. Sur ce point, les avis divergent. Christophe Borgel estime « qu'il n'y a pas de remise en cause du projet Oncopole ». Patrick, un salarié, pense qu'il « y a des risques sur la recherche en oncologie si Sanofi se désengage ».

« Ils jouent le scénario de l'été meurtrier »

Un comité d'entreprise a eu lieu ce jeudi à Chilly-Mazarin dans l'Essonne. Une délégation toulousaine d'une cinquantaine de personne s'y est rendue. Elle a été reçue avant le début de la réunion par le président Monde R&D de Sanofi, Elias Zerhouni. « Le message était : Faites-nous connaître vos idées, nous verrons si cela intéresse Sanofi », explique CÉdric Lastieule, du syndicat Sud.

Le comité d'entreprise a « confirmé que Sanofi a l'intention de se désengager mais est prêt à étudier toutes les solutions », souligne Pascal Delmas, délégué syndical CFDT de Sanofi Toulouse. Des pistes ont été mises sur la table. « La création d'une ou plusieurs spin-off financée(s) par des capitaux-risques a été envisagée mais il a d'autres options possibles. »

Rien de vraiment nouveau n'est ressorti de la réunion. « Ils jouent le scénario de l'été meurtrier. On assène un coup de bambou et on laisse mijoter les gens pendant les congés d'été. Des discussions plus complètes se dérouleront en septembre », explique Laurent Besson-Imbert, délégué syndical Sud.

Un comité toulousain, réunissant la direction du site et les différents départements, se met en place. Il doit travailler sur une solution pérenne et la proposer au mois de septembre à Sanofi. Christophe Borgel a averti que la « bataille serait longue ». Le président du Conseil économique, social et environnemental régional, Jean-Louis Chauzy, agite déjà le spectre d'une « deuxième affaire Molex ».

Wilfried Pinson

Photo © Rémi Benoit

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