Élus de droite et de gauche soutiennent "les Sanofi" à Toulouse

De nouveau réunis pour leur « jeudi de la colère », environ 300 salariés de Sanofi ont investi ce matin le rond-point Émile Dide, à l'entrée de l'Oncopole à Toulouse. Ils protestent toujours contre le « désengagement de Toulouse » annoncé par la direction de Sanofi le 5 juillet dernier. 614 emplois sont menacés. Des représentants du PS, de l'UMP et du Front de Gauche sont venus les soutenir.
300 salariés de Sanofi se sont réunis ce matin devant l'oncopole pour manifester contre un plan social


Depuis début juillet, les salariés de Sanofi à Toulouse manifestent tous les jeudis contre la décision de la direction de se désengager du site de recherche toulousain. Une annonce inconcevable pour Pascal Delmas, délégué CFDT, qui rappelle que « le site de recherche de Sanofi à Toulouse est le seul qui fait partie d'un pôle de compétitivité ». L'ensemble du personnel ainsi que les élus politiques locaux s'interrogent donc sur la stratégie adoptée par Sanofi et réclament des explications. « Nous travaillons en partenariat avec l'Oncopole, nous menons en interne des recherches sur le cancer, nous sommes ici au plus près des patients, pourquoi partir ? » demande Pascal Delmas, qui pense connaître la réponse. « Sanofi explique à ses actionnaires qu'en coupant dans la recherche, ils auront plus de dividendes. »

Soutiens
Christophe Borgel, député PS de la 9e circonscription de Haute-Garonne, présent ce matin, estime qu'« une entreprise qui fait partie des plus rentables de son secteur et qui a bénéficié de crédits de l'État ne peut pas licencier ». Il parle d'un « refus clair et massif d'un plan dont nous ne connaissons pas les détails ». En effet, si la direction de Sanofi a promis de donner plus d'explications sur le sort du site toulousain en septembre, l'intersyndicale estime que la procédure n'a pas été respectée. « La direction a procédé au démantèlement du site sans que les élus du personnel aient eu accès aux informations leur permettant de débattre », selon Pascal Delmas. Une situation qui n'est pas sans rappeler celle des « Thales » qui ont assigné leur direction en justice pour manque d'informations (lire Nouvelle manifestation des salariés de Thales).

Christine de Veyrac, députée UMP au Parlement européen a reçu mercredi l'intersyndicale. Elle se dit étonnée que la recherche pose question sur un pôle de compétitivité et craint, à long terme « la délocalisation de la recherche à l'étranger ». Élu à la mairie de Toulouse, Christophe Sellin, du Front de Gauche, presse le gouvernement de « prendre des vraies mesures pour interdire les licenciements boursiers ».

L'Université Paul Sabatier (UPS) était également représentée ce matin par François Demangeot, président du conseil scientifique de l'UPS. Selon lui « au niveau gouvernemental, il y a une vraie volonté de développer la recherche, mais il faut que les industriels jouent le jeu. Nous avons des projets à l'Oncopole qui font partie d'une vraie stratégie scientifique. »

Le président du Conseil économique et social de la Région Jean-Louis Chauzy a réagit par communiqué de presse en fin de fin de journée: "Au regard des difficultés économiques et sociales de la France, le gouvernement doit demander au groupe français Sanofi (dirigé hélas par des anglo-saxons) de retirer son projet visant à supprimer ses activités à Toulouse et Montpellier. Il doit lui rappeler qu'une entreprise doit avoir aussi une éthique surtout quand elle réalise 8,8 milliards de bénéfices et dont le cours de l'action en bourse a augmenté de 15,5% depuis le 1er janvier 2012"

Pas de grève
À noter que deux psychologues ont été mis à la disposition des salariés de Sanofi dès le 6 juillet, « preuve que la direction avait prévu son coup » pour Pascal Delmas, qui évoque des personnes déstabilisées. « Les risques de suicides ne sont pas à écarter », assure-t-il. Les « jeudis de la colère » vont donc se poursuivre et une grande manifestation pourrait avoir lieu le 9 octobre, journée de mobilisation nationale prévue par ailleurs par la CGT. En revanche, il n'est pas question de faire grève. « Le but du chercheur est de trouver des solutions pour les patients, nous ne voulons pas arrêter de travailler », affirme le syndicaliste.

Sophie Arutunian
© Rémi Benoit

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