Le PDU de Toulouse Métropole sévèrement jugé par la commission d'enquête publique

La commission d'enquête publique sur le Plan de déplacements urbains (PDU) donne un avis défavorable au projet porté par Toulouse Métropole. Elle lui reproche d'être trop centré sur la ville et de délaisser la périphérie, de ne pas limiter de façon sensible les gaz à effet de serre et d'avoir une vision de court terme. 
Un coup dur pour ce projet qui doit fixer les grandes orientations de la politique des transports d'ici 2020 sur les 118 communes de la grande agglomération. Pierre Cohen juge ce rapport "incompréhensible et contradictoire".
La commission d'enquête publique sur le PDU donne un avis défavorable au projet porté par Toulouse Métropole

La commission d'enquête publique sur le Plan de déplacements urbains (PDU) donne un avis défavorable au projet porté par Toulouse Métropole. Elle lui reproche d'être trop centré sur la ville et de délaisser la périphérie, de ne pas limiter de façon sensible les gaz à effet de serre et d'avoir une vision de court terme. 
Un coup dur pour ce projet qui doit fixer les grandes orientations de la politique des transports d'ici 2020 sur les 118 communes de la grande agglomération. Pierre Cohen juge ce rapport "incompréhensible et contradictoire". Il compte faire voter le PDU le 17 octobre prochain.

Comme toutes les communautés urbaines de plus de 100 000 habitants, Toulouse Métropole élabore son Plan de déplacements urbains. Il prépare l'arrivée de la LGV, le développement du tramway, le prolongement du métro et le déploiement de bus à haut niveau de services (BHNS) et devait être voté en fin d'année 2012. Objectif : augmenter de 68% la fréquentation des transports en commun, développer 691 km de réseau cyclable et réduire le trafic automobile de 16%. Au total, cela représente 1,9 milliard d'euros d'investissements d'ici 2020.

Seulement voilà, la commission d'enquête publique sur le dossier a rendu hier un avis défavorable dans son enquête préalable ( destinée à informer le public sur le projet). Sont concernés par ce texte, et donc menacés, le téléphérique entre Paul Sabatier et l'Oncopole via Pech David, le prolongement de la ligne 1 du tramway ou les nouvelles lignes de bus.

Les reproches
La commission d'enquête formule plusieurs griefs contre le projet de PDU tel qu'il lui a été présenté, en premier lieu sur les chiffres jugés « pas aisément comparables » et pas assez précis. « Des éléments économiques et financiers permettant d'apprécier la pertinence des choix faits sont presque absents du dossier », peut-on lire dans son rapport. Le document dénonce également une idée de réduire la circulation automobile et de limiter les gaz à effet de serre « qui ne se traduit par aucun gain notable dans ces domaines ».

Par ailleurs, « le projet est trop concentré sur la ville déjà bien dotée et ne prend pas suffisamment en compte les besoins des habitants de la périphérie ».
Parmi les autres reproches adressés au projet : l'absence d'études alternatives venant justifier les choix, l'absence d'une autorité coordinatrice des différents maîtres d'ouvrage, la redéfinition possible des projets de transports publics en 2015 jugée « contraire à la bonne maîtrise du développement durable », et une incompatibilité du PDU avec le SCOT (schéma de cohérence territoriale). Ce dernier reproche étant par ailleurs contredit dans le même document puisque l'on peut lire quelques lignes avant que le projet « paraît conforme, dans les grandes lignes, au SCOT approuvé le 16 mars 2012 ». Enfin, ce projet revisité « n'est qu'une version dégradée de celui arrêté en 2009 » ajoute la commission.

Pierre Cohen passe outre
Le président de SMTC-Tisséo Pierre Cohen a pourtant décidé de faire voter le PDU lors du conseil syndical extraordinaire du 17 octobre prochain. Il estime que cet avis est «incompréhensible et contradictoire, dans la droite ligne de la décision du tribunal administratif à propos du projet de tramway Garonne, qui avait finalement été remise en cause par le Conseil d'état». L'ensemble des élus du SMTC réaffirment par ailleurs que « le développement du réseau de transport public et de la multimodalité constitue une priorité pour la grande agglomération toulousaine. Le rapport de la commission d'enquête est sous-tendu par une logique conservatrice selon laquelle créer du transport en commun infligerait des difficultés de circulation alors que le maillage des transports doit au contraire rééquilibrer la place de la voiture et permettre un partage de l'espace public plus équitable et favoriser la mobilité dans notre agglomération. Les habitants de l'agglomération toulousaine ne s'y trompent pas en plébiscitant les transports en commun. En effet, le réseau Tisséo connaît un fort développement depuis 2008, qui s'est traduit par une forte croissance de la fréquentation, tous modes confondus de 32 millions de voyages, soit 26% en 4 ans, dont 13 millions de voyages sur le réseau de lignes de bus et de tramway, ce qui correspond à une croissance de fréquentation du réseau de surface de +36,4% en 4 ans »

Malgré tout, le projet risque d'être attaqué devant le Tribunal administratif par ses opposants. Le jugement est en effet plus sévère du côté de François Chollet, président du groupe Toulouse Métropole d'Europe à la Communauté urbaine pour qui « cet avis défavorable de la commission hypothèque l'avenir de notre agglomération. » De son côté Jean-Luc Moudenc, député UMP dit « non au passage en force. Cette décision, coup dur pour le Maire de Toulouse, repose sur des faiblesses que j'avais dénoncées sans que Tisséo ne daigne les prendre en compte », dénonce l'ancien maire de Toulouse.

Tisséo est devenu en 2011, par sa fréquentation, le 3ème réseau français, hors Ile-de-France.

Sophie Arutunian
©photo Rémi Benoit

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.