LGV : Bordeaux-Toulouse parmi les priorités du très attendu rapport Duron

Le rapport de la commission Mobilité 21 doit être remis jeudi 27 juin, et les spéculations vont bon train quant à l'avenir de la LGV Bordeaux-Toulouse. D'après le journal Libération, qui s'est procuré une copie du rapport, la commission préconise de parer au plus urgent en rénovant les infrastructures actuelles, au détriment des LGV. Le tronçon Bordeaux-Toulouse semble cependant le plus à même de voir le jour rapidement. Le point sur le dossier.

À chaque jour, son lot de rumeurs et de démentis. Dernièrement, c'est l'AFP qui croyait tenir de source sûre l'assurance que la ligne Toulouse-Bordeaux verrait bien le jour. Montant des travaux estimé : 7Md€. Pour l'agence de presse, ce serait même la seule ligne à grande vitesse prioritaire pour la commission. Alors, info ou intox ? Aujourd'hui, c'est le journal Libération qui dévoile avant l'heure le contenu du rapport Duron. Verdict : le tronçon Bordeaux-Toulouse est la seule ligne LGV qui figure dans les "premières priorités" du scénario n°2, dit "optimiste", de ce rapport. Ce scénario se base sur une enveloppe de 26 à 28 milliards d'euros que l'État aura peut-être du mal à trouver. Dans la première hypothèse, jugée plus réaliste, car dotée d'un budget de financement de 8 à 10 milliards d'euros, tous les projets de LGV sont abandonnés.

La commission mobilité 21 a dû faire des choix douloureux. Chargée d'arbitrer entre les 70 projets définis par la Schéma national des infrastructures de transport (Snit) à l'issue du Grenelle de l'environnement pour un budget évalué à 245 Md€, elle doit procéder à un sacré coup de rabot financier à une époque où les services de l'État cherchent par tous les moyens à faire des économies. Clap de fin donc pour la LGV Paris-Orléans-Clermont-Lyon et la LGV Paca qui devait relier Marseille à Nice.

Sur de bons rails ?
Avant que les premières informations ne fuitent sur le contenu du rapport Duron, Pierre Cohen n'avait aucune inquiétude tant le dossier lui semblait être sur de bons rails après son récent entretien à l'Élysée avec François Hollande. Le maire de Toulouse se disait "relativement serein", d'autant que le projet répond à l'ensemble des critères avancés par la commission (garantie de financement, rentabilité économique, tracé approuvé). Même son de cloche du côté de la Région par l'intermédiaire de Martin Malvy qui rappelait en début d'année l'extrême nécessité pour Midi-Pyrénées de ne "pas rester à l'écart du réseau ferroviaire à grande vitesse". Pour mémoire, cette position avait également été défendue par le chef de l'État alors en visite à Bordeaux, voyant dans la LGV "l'avenir".

Depuis néanmoins, de l'eau a coulé sous les ponts. Et l'heure est désormais au tour de vis budgétaire. C'est dans ce contexte que s'inscrit le rapport Bianco d'avril dernier préconisant de donner la priorité à la mise en place de trains circulant à 200 km/h sur des voies normales. Finie donc la logique du tout-TGV ! Cette nouvelle position de l'État français en matière de transport se traduit dans les conclusions de la commission 21.


La décision entre les mains du gouvernement


Le tronçon Toulouse-Bordeaux pourrait donc être épargné. Pour Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser), "si la ligne Toulouse-Bordeaux n'aboutit pas, aucun autre projet ne pourra être achevé vu que c'est le dossier le plus avancé". Et de prévenir : "Repousser aux calendes grecques ce projet, c'est prendre le risque pour l'État de se voir privé des fonds de la Région pour la LGV Tour-Bordeaux, contre-partie tacite de leur accord".

Se fera, ne se fera pas, la ligne Toulouse-Bordeaux fait en tout cas couler beaucoup d'encre et laisse place à un "jeu d'attrape-couillon" d'après les mots de Gérard Onesta, vice-président du Conseil régional. "Chacun essaie de tirer la couverture à soi dans ce dossier très coûteux", analyse l'élu Vert. "On manque de concertation, surenchérit Jean-Louis Chauzy. Les acteurs régionaux devraient plutôt marcher main dans la main au lieu de se tirer dans les pattes", faisant explicitement référence à l'initiative solitaire du maire de Toulouse de rencontrer le président de la République sans les autres acteurs locaux du projet. Avec le risque sinon que le projet passe à la trappe, du moins qu'il soit retardé. "La date de 2017 a été préalablement fixée pour la mise en chantier de la LGV. Elle ne semble plus réaliste aujourd'hui", conclut Gérard Onesta, lui plutôt partisan de la mise immédiate aux normes TGV des voies déjà existantes pour des raisons économiques et écologiques.

Quoi qu'il en soit, une fois le rapport remis au gouvernement jeudi 27 juin, les jeux seront loin d'être faits et les élus régionaux se lanceront dans une nouvelle étape de tractations intenses dans l'arrière-cuisine élyséenne. En dernier ressort, c'est l'exécutif national qui garde la haute main sur ce dossier et peut décider de suivre ou non les recommandations de l'équipe de Philippe Duron. 



Sophie Arutunian, Jérémy Lacoste et Paul Périé

photo © Rémi Benoit

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