« Pendant la saison, les droits des saisonniers ne doivent pas être en vacances ! » (Muriel Abadie)

Alors que le début de l'année 2023 promet une année touristique remarquable, la situation sociale des travailleurs saisonniers qui favorisent sa réussite fait toujours débat. Dans une tribune publiée dans nos colonnes, Muriel Abadie, la vice-présidente de la Région Occitanie en charge du tourisme et des loisirs, appelle l'État à faire plus tout en s'inspirant des dispositifs instaurés par les collectivités locales.
Muriel Abadie est la vice-présidente de la région Occitanie, en charge du Tourisme durable, des loisirs et du thermalisme.
Muriel Abadie est la vice-présidente de la région Occitanie, en charge du Tourisme durable, des loisirs et du thermalisme. (Crédits : Laurent Boutonnet - Région Occitanie)

Alors que la saison touristique débute, nous ne pouvons ignorer la situation de nos saisonniers qui sont les acteurs essentiels d'un tourisme de qualité.

Comme pour beaucoup de travailleurs précaires, la pandémie de Covid-19 a eu un impact considérable sur les travailleurs saisonniers. D'autant que l'Etat n'a pas pris suffisamment la mesure des spécificités de ces emplois pour les soutenir. Or, ce ne sont pas les « 15 engagements pour améliorer l'emploi des travailleurs saisonniers dans le tourisme », que le gouvernement à rendu public le 30 mai qui sont à même d'apporter des réponses aux défis que rencontrent ces professionnels. Ni pour cette année, car il est bien tard, ni pour les années à venir.

En premier lieu, ces engagements ne gommeront pas les effets catastrophiques de la mise en œuvre de la réforme de l'assurance chômage qui a débuté le 1er février 2023. Répétons le ici, cette réforme précarise davantage des salariés qui ont déjà des statuts et conditions de travail instables. Pour avoir droit au chômage, il faut dorénavant avoir travaillé au moins six mois, contre quatre précédemment. Pour les saisonniers, c'est une entrée plus tardive dans le droit à l'assurance chômage inacceptable.

Par ailleurs, effet collatéral de ces nouvelles modalités de calcul, la baisse de la motivation des travailleurs saisonniers à se former et à se perfectionner dans leur métier. C'est une constante, quand des salariés voient les conditions d'exercice de leurs métiers rendues plus difficiles, leur situation sociale instable, ils peineront plus encore à accéder à la formation.

Aujourd'hui, nous devons prendre de réelles mesures de sécurisation des parcours des travailleurs saisonniers, en emploi et pendant les intersaisons. Et en l'absence de décisions concrètes des pouvoirs publics, ce sont les régions qui sont en première ligne.

Précarité, salaires bas, problèmes de mobilité et de logement : en Occitanie, nous refusons que ce soit le quotidien de nos saisonniers, qui font tant pour rendre notre belle région attractive. Les professionnels du tourisme le savent : le tourisme de qualité, facteur d'attractivité et de performance économique passe par de bonnes conditions de travail pour les saisonniers.

Dans nos régions, nos départements, nous nous retroussons donc les manches, avec des partenaires, pour mettre en œuvre des solutions concrètes en soutien aux saisonniers et aux très nombreuses entreprises du tourisme qui s'engagent.

Dans le cadre de notre politique économique de justice sociale voulue par la présidente de la région Carole Delga, nous multiplions les partenariats publics privés pour lever les freins à l'embauche : garde d'enfants, logement, mobilité confiance en soi, parcours personnalisés... Nos régions travaillent aussi avec les groupements d'employeurs : l'enjeu est de pouvoir accompagner l'émergence de ces Groupements pour faire la jonction entre les métiers et les saisons et, dans le même temps offrir une situation stable aux employés saisonniers sur l'année.

En matière de mobilité, nous proposons des aides pour les déplacements des travailleurs saisonniers, avec des tarifs préférentiels sur les transports en commun et des subventions pour l'achat de vélos. Nous soutenons le covoiturage et encourageons le développement de liaisons de transports collectifs par une incitation tarifaire sur ferroviaire

Nous renforçons en outre nos actions sur l'hébergement par la mutualisation de logements entre plusieurs opérateurs touristiques sur un même territoire. Beaucoup de régions travaillent également sur la mobilisation des structures collectives existantes sous-occupées en haute saison, ou envisagent le rachat et la rénovation d'anciennes résidences déclassées pour satisfaire une partie des besoins d'hébergement.

La Région Occitanie, en partenariat avec Pôle Emploi et le Comité régional du tourisme a lancé une plateforme numérique - E-form tourisme - ayant pour objet de donner accès aux salariés et demandeurs d'emplois du secteur touristique à des bases de connaissances sur les métiers de l'accueil et des offres touristiques régionales et locales. Ce dispositif, nous le proposons à toutes les régions et si l'Etat veut s'en saisir, il est bienvenu.

C'est avec les représentants des salariés et des employeurs, avec les collectivités locales, en proximité, que nous trouverons des solutions quand l'Etat feint trop souvent d'ignorer la situation de ces travailleurs.

Pendant la saison touristique, les droits ne doivent pas être en vacances !

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