
"Collégialité." C'est le mot du jour (et du mandat) au Conseil départemental de Haute-Garonne. Georges Méric, son nouveau président socialiste, est bien décidé à tourner la page Pierre Izard (dont il dénonçait l'"autoritarisme") pour mettre en place au sein de sa collectivité "de la collégialité, du dialogue, du travail d'équipe, et du management participatif".
Du dialogue, le nouvel exécutif du Département semble également vouloir en établir avec les citoyens et la presse. Ce mardi matin 5 mai, le président socialiste, entouré des vices-président(e)s du Conseil départemental, s'est prêté à l'exercice de la conférence de presse et affirme qu'il le fera régulièrement. Pour rappel, Pierre Izard, quant à lui, ne s'adressait formellement aux journalistes qu'une fois par an : pour ses vœux.
Pour cette première grande conférence de presse de son mandat, Georges Méric a rappelé ses priorités et s'est exprimé sur les dossiers d'actualité : PLB, aéroport, relations avec Jean-Luc Moudenc, etc.
Aéroport : pour le rachat des parts de l'État
Alors que se tient cet après-midi la première réunion du nouveau conseil de surveillance de l'aéroport Toulouse-Blagnac (la vente des parts de l'État à Casil Europe a été officialisée le 17 avril dernier), Georges Méric a rappelé son opposition à une privatisation de l'aéroport. La semaine dernière, il a proposé aux autres collectivités actionnaires (CCIT, Région et Toulouse Métropole) de racheter les 10,1 % de parts restantes à l'État.
"Détenir 50,1 % de la société ATB est le seul moyen d'éviter une privatisation. C'est une proposition réaliste et fondamentalement politique. Nous devons garder cet équipement stratégique sous maîtrise publique pour éviter la création d'un hub, ce qui serait complètement délirant pour un aéroport situé aussi proche du centre-ville."
Georges Méric estime que ces 10,1 % de parts dans la société coûteraient environ 60 millions d'euros "mais, compte tenu que nous sommes des collectivités, l'État pourrait nous faire un prix".
"Ce n'est pas un investissement délirant car c'est un investissement qui rapporte et qui n'entame pas notre équilibre budgétaire", plaide l'élu.
Au conseil de surveillance cet après-midi, c'est le conseiller départemental de Blagnac Pascal Bourreau qui portera cette position au nom du Conseil départemental (qui dispose d'un siège sur 15).
Oui au PLB et non à la 2e rocade
"Le prolongement de la ligne B du métro à Labège est un préalable à toute autre négociations sur les transports."
Concernant ce dossier (dont l'enquête publique est en cours), Georges Méric est catégorique :
"Je ne fais pas cela pour m'opposer à Jean-Luc Moudenc (qui souhaite pour sa part privilégier une troisième ligne de métro, NDLR). Mais les financements sont acquis, les études terminées, et l'enquête publique en cours. Que faut-il de plus ?"
Sans être opposé à une éventuelle 3e ligne de métro, Georges Méric s'interroge : "Comment va faire Jean-Luc Moudenc pour financer une 3e ligne à 1,4 milliard d'euros qui arrivera en 2035 ? Je sais qu'il annonce la date de 2025, mais je vous le dis, la 3e ligne ne sera jamais prête avant 2035. Les Toulousains vont-ils attendre jusque-là ?"
Par ailleurs, sur le projet d'une deuxième rocade à Toulouse, là encore, le socialiste est sans appel : "C'est une vue de l'esprit, un slogan publicitaire de campagne de Jean-Luc Moudenc, une fausse bonne idée électoraliste."
Seule solution pour désengorger les routes selon l'élu : développer les transports en commun.
La LGV jusqu'à Narbonne
Georges Méric a réaffirmé ce matin sa volonté de relier Toulouse à la LGV (Pierre Izard se montrait en janvier très pessimiste sur l'issue de ce dossier).
"Ce serait ridicule que Toulouse soit la seule métropole non desservie par la LGV, selon le président du Conseil départemental. Mais il faut aussi s'ouvrir sur l'arc méditerranéen. Ce que nous voulons, c'est la LGV Bordeaux-Toulouse-Narbonne"
Ce jeudi 7 mai, Georges Méric (ou son représentant Pascal Bourreau) sera présent à Bordeaux pour la manifestation "pro-LGV". Martin Malvy et Jean-Luc Moudenc seront également présents.
Relations avec Jean-Luc Moudenc
Établir des relations avec le président de la Métropole faisait partie des priorités du candidat Georges Méric. Aujourd'hui élu, il affirme que ces relations "ne sont pas conflictuelles" et qu'il n'y a "pas de volonté d'affrontement frontal".
Pour autant, il refuse fermement "une partition et un démembrement" du Département.
"Nous refusons le modèle lyonnais. Sur ce sujet, j'ai le sentiment que Jean-Luc Moudenc n'est pas tout à fait d'accord avec son adjoint aux Finances Sacha Briand (ce dernier avait affirmé dans La Dépêche du Midi le 23 janvier 2015 qu'il était favorable à 'un partage à la lyonnaise' sur les compétences, NDLR). La métropole a un rôle à jouer, mais je pense que les Toulousains souhaitent que le Conseil départemental continue son action sociale sur Toulouse."
Nomination d'une première vice-présidente
Maryse Vezat-Baroniat, vice-présidente en charge du Développement territorial, de l'aménagement du territoire et du tourisme, a été nommée première vice-présidente. Par ailleurs, Sébastien Vincini, premier fédéral du PS 31, est rapporteur général du budget, chargé du personnel et du patrimoine départemental.
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