Qui remportera la bataille du trafic aérien ?

Les aéroports français doivent faire face à une concurrence des aéroports internationaux de plus en plus forte pour attirer les flux de passagers. Comment la France opère-t-elle pour restée attractive ? Certains aéroports comme Roissy-Charles de Gaulle et Toulouse s’agrandissent afin d'étendre leur influence. Décryptage.
À Toulouse, les passagers peuvent désormais s'enregistrer sur une borne automatique.
À Toulouse, les passagers peuvent désormais s'enregistrer sur une borne automatique. (Crédits : Rémi Benoit)

"Le volume du trafic aérien double tous les 15 ans", a rappelé Marc Houalla, directeur général adjoint d'ADP et directeur de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle à l'occasion des assises de l'aéronautique du développement durable qui se sont déroulées à Toulouse jeudi 22 novembre.

Ainsi les aéroports français voient leur trafic fortement augmenter ces dernières années, à l'image de l'aéroport Toulouse-Blagnac notamment. En 2017, l'infrastructure toulousaine a connu une hausse de plus de 14% avec 9,2 millions de passagers, soit 1,1 million de plus sur un année. Et les chiffres pour l'année en cours sont déjà à la hausse... Ainsi, l'aéroport devrait atteindre la barre des 10 millions en 2019. Néanmoins, les actionnaires chinois de Casil Europe arrivés en 2015 visaient à leur arrivée les 18 millions de passagers d'ici à 2030 (contre 7 millions en 2015 au moment de leur entrée au capital).

Concurrence entre aéroports

Du côté de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle :

"Nous sommes sur une croissance de 2 à 3 % par an seulement car nous sommes en concurrence avec d'autres hubs comme Londres, Dubaï, Istanbul dont l'État turc veut  faire le plus grand aéroport du monde. Il faut ajouter à cela l'émergence de sous-hubs à l'image de l'Islande. Ce petit pays compte 200 000 habitants mais son aéroport accueille environ 3 millions de passagers", décrypte Marc Houalla.

Les aéroports du monde entier se livrent une concurrence acharnée pour attirer davantage de vols sur leurs pistes respectives, car plus de vols est synonyme de plus de passagers et donc des revenus plus importants pour la plateforme aéroportuaire.

"Si en France nous ne faisons rien pour rester attractifs, le trafic aérien augmentera dans les autres pays, dans les aéroports étrangers, et la France sera rétrogradée au fil des années", alerte le directeur de l'aéroport parisien.

Des stratégies différentes

L'explosion du nombre de passagers va devoir être absorbée par les aéroports français. "Les années à venir prévoient une hausse du trafic aérien mondial, qui passera de 26 millions de vols par an à 39 millions. Pour autant, le nombre d'aéroports va quant à lui augmenter de 5%. La surpopulation aéroportuaire et la fluidification de l'expérience passager donc des enjeux majeurs pour l'aéroport de demain, l'objectif à long terme étant pouvoir traverser un aéroport sans s'arrêter", a tenu à préciser de son côté Sébastien Fabre, vice-président d'Airlines & Airport - Sita Aéro.

À Paris, une dernière grande phase d'agrandissement de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle se prépare. Celle-ci va permettre à l'aéroport du nord parisien de pouvoir repousser la saturation de ses aérogares, aujourd'hui prévue à l'horizon 2023-2025, à 2050. Le groupe ADP, gestionnaire des aéroports de Paris, a lancé cette année les études détaillées du terminal 4, un nouveau terminal d'une capacité de 30 à 40 millions de passagers dont la première tranche, pouvant accueillir entre 7 et 10 millions de passagers, est prévue en 2024, peu avant le début des Jeux olympiques de Paris.

À Toulouse, la société gestionnaire de l'aéroport a aussi engagé d'importants travaux d'extension. Après un an de travaux et 25 millions d'euros d'investissements, l'aéroport Toulouse-Blagnac a mis en service jeudi 5 avril une nouvelle zone de contrôle sûreté unique, accessible depuis le hall D. "Jusqu'ici nous avions 13 postes d'inspection filtrage dispersés entre les halls A, B et D sur une surface cumulée de 1400 m2. Là nous avons ouvert une zone unique de 3000 m2", expliquait à son inauguration Alain de la Meslière, directeur des opérations de la plateforme. L'objectif est ainsi de passer de 150 passagers contrôlés par heure à 220 voire 240. Une jetée pour les compagnies low-cost a également été inaugurée en juillet contre un investissement de 10 millions d'euros.

En revanche, le gouvernement actuel a définitivement abandonné en 2017 le projet d'un grand aéroport international à Notre-Dame-des-Landes pour remplacer l'aéroport actuel de Nantes. Désormais, les acteurs concernés travaillent sur le projet d'un agrandissement de celui-ci pour attirer davantage de trafic.

Lire aussi : Comment l'aéroport de Toulouse veut exploiter les données des passagers

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