La ville de Toulouse se lance dans la chasse aux loueurs Airbnb

Jusqu’à présent, les loueurs de biens immobiliers sur la plateforme AirBnb à Toulouse ne faisaient pas l’objet d’une réglementation particulière. Désormais, la mairie de Toulouse veut mettre en place un logiciel d’immatriculation obligatoire des logements qui sont loués sur cette application. Objectif : que les loueurs ne dépassent pas les 120 jours de location par an comme le veut la loi. Une décision qui satisfait les représentants de l’activité hôtelière toulousaine, qui veulent aller encore plus loin.
Toulouse a fait l'objet de plus de 5 000 annonces sur Airbnb depuis un an.

Proposer son logement ou une de ses chambres à un particulier pour une nuit voire plusieurs, à un tarif plus avantageux que l'hôtel, voilà le concept de l'application Airbnb née en 2008. Depuis, l'application s'est implantée à Toulouse de manière fulgurante.

 "Depuis cinq ans, on est à + 1 000 annonces par an sur l'application rien que pour la ville de Toulouse. On ne construit pas 1 000 chambres d'hôtels par an à Toulouse. Cela créé une pression sur notre activité", regrette Frédéric Michel, président des hôteliers au sein de l'Union des métiers et des industries hôtelières de la Haute-Garonne (Umih 31).

Aujourd'hui, 5 400 annonces ont été publiées en un an pour Toulouse et 7 500 dans le département de la Haute-Garonne. La concurrence pour les hôteliers est d'une ampleur moindre qu'à Paris qui compte pas moins de 65 000 annonces sur les douze derniers mois. La maire de Paris, Anne Hidalgo veut d'ailleurs stopper ce phénomène. Après Nice, Bordeaux et Lille, c'est au tour de la capitale française d'obliger les loueurs de meublés à s'enregistrer en mairie et faire figurer ce numéro d'immatriculation sur leur annonce. Un dispositif autorisé grâce à un décret de la loi pour une République numérique d'octobre 2016 portée par l'ancienne ministre Axelle Lemaire.

Une mesure prochainement appliquée à Toulouse

Cette immatriculation des logements Airbnb va permettre un meilleur référencement des annonces disponibles afin qu'un bien ne soit pas loué plus de 120 jours par an. Elle assurera la récolte de la taxe séjour pour les villes et vérifiera que les loueurs déclarent correctement leurs revenus issus de cette activité. La municipalité de Toulouse devrait emboîter le pas suite aux conclusions d'un groupe de travail, composé d'élus, rendues récemment.

"Ce groupe de travail s'était constitué dans le but d'encadrer l'activité Airbnb à Toulouse sur l'axe de la qualité et l'axe de la concurrence. On s'est donc appuyé sur ce qui a été mis en place dans d'autres villes comme Paris et nous avons retenu la solution de l'enregistrement des logements Airbnb", ajoute Sylvie Rouillon-Valdiguié, en charge de la politique tourisme de la Ville de Toulouse.

La municipalité s'est rapprochée de deux prestataires pour connaître le coût de la mise en place de ce logiciel. "Pour les deux estimations, nous sommes bien en-dessous des  10 000 euros", assure l'élue. Pour le moment, cette décision doit faire l'objet d'un vote lors du prochain conseil communautaire de Toulouse Métropole, puis en conseil municipal. Une fois ces deux votes réalisés durant le premier semestre 2018, un appel d'offres sera lancé pour choisir un prestataire qui devra mettre sur pied le système numérique d'enregistrement des logements loués via la plateforme Airbnb.

Les hôteliers veulent un label

"Nous espérons l'ouverture technique de ce système à la fin de l'année 2018, voire début 2019", précise Sylvie Rouillon-Valdiguié. Une fois mise en place, des agents de la ville mèneront des contrôles réguliers en scrutant les annonces toulousaines sur Airbnb et en se rendant sur place dans les logements loués. Une mesure qui va permettre des rentrées financières dans les caisses de la Ville.

"Notre rôle est de collecter la taxe de séjour. Selon nos premiers calculs, on devrait récolter de manière sure 20 000 euros. Mais pour ceux qui ne respecteraient pas la nouvelle réglementation, nous n'avons pas encore étudié le montant de l'amende. Mettrons-nous en place un tarif unique ou un barème selon l'infraction ? En tout cas, nous ne faisons pas ça pour l'argent, nous sommes plutôt dans une démarche de qualité", assure Sylvie Rouillon-Valdiguié.

Des propos que ne comprennent pas les représentants de l'activité hôtelière à Toulouse.

"Nous sommes satisfaits de cette nouvelle réglementation qui devrait voir le jour à Toulouse, nous la demandions depuis longtemps. Mais si ce n'est pas pour l'argent que la municipalité met en place l'immatriculation des Airbnb, mais plutôt pour la qualité de l'offre, pourquoi ne va-t-elle pas au bout de sa démarche ? Il faudrait conditionner l'immatriculation de leur logement à la condition d'obtention d'un label qualité définie par la Ville. J'ai écris une lettre en ce sens à Sylvie Rouillon Valdiguié. J'attends sa réponse", explique Frédéric Michel, aussi gérant de l'hôtel Heliot à Toulouse.

Les hôteliers estiment que les logements Airbnb sont une concurrence déloyale à leur profession au regard des normes imposées dans leur établissement. Des normes dont les logements de particuliers ne font pas l'objet. "Si vous enlevez toutes les normes et obligations légales qui pèsent sur le prix des chambres de mon hôtel, je vous assure que je serais moins cher qu'un Airbnb", conclut le gérant toulousain.

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