L'annonce de la réduction de 400 millions d'euros des crédits alloués aux CCI d'ici 2022 faite par le ministre de l'Économie a du mal à passer. "Cette baisse est inacceptable. Nous en avons déjà subi de nombreuses", alerte Alain Di Crescenzo, le président de la CCI d'Occitanie. En effet, pas plus tard qu'en novembre 2017, le gouvernement avait déjà décidé de réduire le budget des CCI de 150 millions d'euros dès 2018, en abaissant de 17 % la taxe pour frais de chambre (TFC).
"Ce qui n'est pas acceptable pour nous c'est que c'est sans préavis. Au mois de novembre 2017, l'engagement que nous avions était d'avoir une stabilité sur toute la mandature et quelques mois après on nous annonce 400 millions d'euros en moins. Si l'on va au bout de cette réduction, nous aurons eu, entre 2012 et 2022, 75% de baisses des ressources fiscales. Vous imaginez, un établissement public à qui on enlève 75 % de sa dotation ? Il y a eu une remise en question des CCI pour qu'elles soient plus efficaces et coûtent moins d'argent à l'État, parce qu'on comprend bien qu'il faille faire des économies, mais 75% c'est colossal au regard de toutes les opérations que nous menons et les transformations que nous avons opérées, notamment en termes de digital", se désole Alain Di Crescenzo.
1/3 de l'effectif total menacé
Cette nouvelle réduction budgétaire devrait avoir plusieurs conséquences notamment sur les 1 200 salariés que compte la Chambre de commerce et d'industrie d'Occitanie. Selon le président de l'établissement, la menace de licenciement pèserait "a minima" sur 400 personnes, soit 1/3 de l'effectif total.
Outre l'obligation de devoir de séparer d'une grande partie de ses collaborateurs, Alain Di Crescenzo craint que la CCI d'Occitanie ne puisse plus être apte à entièrement remplir sa mission première qui est d'accompagner les entreprises et la formation.
"Dans une période où nous devons essayer de soutenir les entreprises, il y a un besoin de se fédérer et d'améliorer notre prestation et avec cette baisse de budget, nous ne pourrons pas être au rendez-vous de ce qui nous est demandé. De plus, il faut savoir qu'après l'Éducation nationale les CCI sont les deuxièmes formateurs en France. Sur ce point, il peut et il y aura également des impacts. Et ce n'est pas maintenant où tout le monde admet qu'il faut accélérer sur le plan de la formation qu'il faut négliger ce côté là."
Une future facturation des prestations ?
Bruno Le Maire a appelé les présidents de CCI à avoir recours à des facturations aux entreprises, à des prestations de services auprès des collectivités ou encore aux redevances d'infrastructures. Une suggestion qui ne convainc pas Alain Di Crescenzo.
"Il n'y pas la capacité à améliorer par de la facturation nos prestations. C'est difficile pour les chambres de commerce d'être en compétition avec les entreprises. De plus, dans notamment les territoires ruraux, les facturations ne doivent pas être les mêmes et sont compliquées à mettre en place."
"La ferme volonté de faire infléchir cette décision"
À l'issue de l'annonce d'économies drastiques pour l'ensemble des CCI de France, les acteurs du réseau des Chambres de commerce et d'industrie de la région Occtanie, se sont réunis lors d'une assemblée générale qui s'est tenue le 28 juin. La "quasi unanimité des présidents de CCI ont décidé que cette baisse n'était pas acceptable". A l'issue de cette AG, la mise en place "de différentes opérations" a été décidé, afin de "convaincre le ministre de revenir sur sa décision".
"Cela va se faire, entre autres, par de la sensibilisation aux effets de cette baisse budgétaire auprès des entreprises, des élus, ainsi que l'ensemble de la population, plaide le président de la CCI Occitanie Parallèlement à cela, nous négocions avec le ministre. Nous avons la ferme volonté de faire infléchir cette décision."
Le chef d'entreprise craint que si cette amputation fiscale se concrétise, le réseau national des CCI "ne s'en remette pas".
"Nous sommes dans une problématique très grave à la fois sur le plan social et le plan des prestations que nous assurons et donc nous sommes tous mobilisés pour faire infléchir cette décision. Les élus que nous nous sommes, on ne s'est pas porté candidats pour faire des plans sociaux, nous ne sommes pas là pour ça. Nous avons été élus pour faire du développement territorial et développer les entreprises et non pas pour licencier 1/3 de nos effectifs, ce n'est pas acceptable", conclut-il.
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