Vous avez dressé un état des lieux très mitigé du sport de haut niveau français. Vous prévoyez des résultats en stagnation aux JO de Tokyo en 2020 (45 médailles) loin de l'ambition affichée de la ministre des Sports Laura Flessel pour Paris 2024 à savoir 80 médailles. Vous rentrez de PyeongChang. Que pensez vous de notre moisson de médailles en Corée (15 médailles dont 5 d'or) ?
Ce n'est pas un résultat médiocre. Faire ce niveau de médailles, c'est plutôt un résultat satisfaisant. Mais les JO se dérouleront chez nous en 2024. Quand Laura Flessel dit qu'elle veut 80 médailles à Paris, elle sous-entend qu'il faut absolument changer l'organisation du sport de haut niveau français pour y arriver. Ses ambitions ont le mérite de poser le problème du changement de manière incontournable. C'est ce pour quoi elle m'a mandaté.
Vous lui avez remis le 30 janvier dernier votre rapport dans lequel vous dressez 14 préconisations dont la création d'un statut « haute performance ». De quoi s'agit-il ?
En France quand on parle de sport de haut niveau, ça va de l'adolescent qui entre dans une structure pour s'y entraîner de manière quotidienne à Teddy Riner ou Renaud Lavillenie. Nous avons pris le parti de dire que le haut niveau c'est le chemin d'accès à la haute performance c'est à dire la dernière étape qui permet de décrocher une médaille. Dans notre pays, le haut niveau est plutôt bien accompagné. Mais la haute performance nécessite de la singularité autour de chaque athlète. Notre idée est donc de récupérer les moyens existants pour cette phase et de les rendre beaucoup plus agiles pour construire autour de chaque médaillable potentiel, la solution qui lui convient le mieux pour performer. Il faut donc identifier ces médaillables et leur créer un statut haute performance afin que eux et leurs entraîneurs bénéficient d'un niveau de revenus minimum décent et d'un statut d'assuré social indispensable pour eux et leur famille car beaucoup ont des situations financières précaires. Or pour espérer avoir des médailles, il ne faut avoir que ça en tête et être totalement détaché des autres problématiques. On va donc leur proposer un statut rassurant.
En France certains athlètes de haut-niveau bénéficient déjà d'un contrat d'insertion professionnelle (CIP), aménagé en fonction de leurs impératifs sportifs. Cela ne suffit pas ?
On doit aller plus loin. On ne peut pas proposer à un athlète que l'on a identifié comme potentiellement médaillable de travailler 30% de son temps dans un bureau et de s'entraîner sur le temps restant. Ce n'est pas cohérent avec l'objectif fixé. Décrocher une médaille aux JO nécessite un entraînement à 100%. Tout l'enjeu pour nous est d'être capable d'adapter des solutions à la problématique alors que la plupart du temps c'est le sportif qui doit s'adapter à la solution qu'on lui propose. Le système actuel peut servir à des sportifs qui ne sont pas ceux qui feront des médailles en 2024 à Paris car pour atteindre le niveau mondial il faudra qu'ils soient débarrassés de toutes contraintes liées à leurs revenus et à leur avenir professionnel.
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