Assemblée plénière tendue au Conseil régional de Midi-Pyrénées, Sivens et la réforme territoriale au cœur des débats

Ambiance électrique lors de l'Assemblée plénière du Conseil régional de Midi-Pyrénées ce mercredi. Le dossier de Sivens a été mentionné par plusieurs élus, provoquant le départ des représentants EE-LV de l'hémicycle. Cette séance consacrée aux orientations budgétaires 2015 sur fonds de réforme territoriale a aussi été marquée par une minute de silence en hommage à l'ancien vice-président en charge de l'Économie, Bernard Raynaud. C'est le PRG Claude Gaits qui prend sa succession. Récit.
© photo Rémi Benoit

Sivens, dans tous les discours

Sivens. C'est avec le lourd dossier du barrage tarnais que Martin Malvy a ouvert ce matin l'Assemblée plénière du Conseil régional (l'avant dernière de 2014). Dénonçant la mort de Rémi Fraisse, "un événement tragique", le président du Conseil régional a appelé l'ensemble des élus à respecter la volonté des parents du jeune homme : l'apaisement. En vain. C'est lors du discours de Jean-Louis Chauzy que la tension est montée d'un cran : le président du Ceser a affirmé qu' "entre l'anarchie et la démocratie, on choisit la démocratie", ce qui a provoqué un tollé chez les élus EE-LV et Front de gauche, dont certains ont quitté l'hémicycle. "Ce n'est pas l'anarchie sur le site de Sivens, explique Guillaume Cros (EE-LV). Le mouvement est pacifiste mais rien n'a été mis en place pour éviter la crise malgré nos avertissements. Jean-Louis Chauzy est une caricature de la politique à l'ancienne, qui ne prend pas en compte les réalités du terrain." Mais le président du Ceser n'en démord pas : "la remise en question quotidienne de l'État de droit s'appelle l'anarchie".

Plusieurs élus, dont l'UMP Élisabeth Pouchelon, ont dénoncé "l'instrumentalisation politique du drame de Sivens". Martin Malvy lui-même a fait remarqué qu'il n'a pas apprécié les panneaux "Stop Sivens" installés sur les bancs des élus EE-LV.

Claude Gaits succède à Bernard Raynaud

À la demande de Martin Malvy, une longue minute de silence a été observée en début de séance en hommage à Rémi Fraisse, mais aussi pour la mémoire de Bernard Raynaud, ancien vice-président en charge du Développement économique, décédé le 3 octobre d'un cancer. "Martin Malvy est très affecté. Il comptait beaucoup sur lui, lui faisait confiance", murmure un collaborateur. Son successeur a été désigné ce mercredi, il s'agit du PRG Claude Gaits, président de la commission Artisanat, commerce et très petites entreprises (depuis 1998). Ancien chef d'entreprise, Claude Gaits a "accepté cette désignation, en souvenir de Bernard Raynaud". Ses priorités : "rattraper le retard en matière de robotique et de numérique". Il sera donc chargé du nouveau plan Usine du futur (lire notre article).

Cette nomination politique (Bernard Raynaud était PRG, c'est donc un PRG qui lui succède) a provoqué plusieurs remarques sceptiques. "Bernard Raynaud était un homme exceptionnel. La succession sera difficile", prévoit Gérard Trémège (président du groupe d'opposition Républicains et Territoires). Didier Cujives, un temps pressenti pour le poste, se montre plus indulgent : "Claude Gaits a de l'expérience. Et puis, on apprend en marchant !" Le conseiller régional reconnaît que sa propre désignation "est passée à un cheveu" mais "accepte le jeu politique".

Gérard Poujade a quant à lui été élu à la vice-présidence chargée des Sports et de la vie associative, succédant ainsi à Jean-Claude Traval, décédé il y a quelques mois.

Orientation du budget 2015 : peu de polémique

Les orientations budgétaires présentées aujourd'hui sont marquées par une grande inconnue : la réforme territoriale. "Ce budget est probablement le dernier élaboré sur la base du territoire actuel", a rappelé Martin Malvy. C'est donc dans un contexte d'incertitude juridique et financière que les grandes lignes ont été dévoilées : le budget 2015 prévoit le maintien du niveau d'investissement, avec 3 priorités.

  • L'enseignement, la formation et la recherche,
  • Le développement économique, à l'innovation et à l'international
  • L'aménagement et le développement solidaire équilibré du territoire

L'année 2015 sera la première année de mise en œuvre du programme européen Feder 2014-2020 dont la Région est désormais autorité de gestion et gèrera 1 milliard 792 millions d'euros de crédits européens.

L'épine dans le pied du budget : une perte de 28 M€ de dotations de l'État par rapport à 2013 (- 8 M€ en 2014, - 20 M€ en 2015).

Pour y faire face, Martin Malvy prévoit de recourir à l'autofinancement (le moins d'emprunt possible) et de réduire le budget de fonctionnement.

Alors que les UMP Sacha Briand et Jacques Thouroude se désolent de ne voir "aucune stratégie, aucune perspective claire et très peu de chiffres", Gérard Trémège (groupe d'opposition Républicains et Territoires) reconnaît qu' "à leur place, on n'aurait pas forcément fait mieux dans un tel contexte". Pour rappel, le budget primitif 2014 s'élevait à 1,8 Md€ (473 M€ étaient consacrés à l'investissement).

Le vote du budget 2015 aura lieu le 20 décembre prochain.

La Réforme territoriale, la grande inconnue

Martin Malvy s'est félicité du discours tenu par Manuel Valls hier soir devant le Sénat (lire notre article). Il s'étonne de la proposition de la commission sénatoriale de ne plus fusionner Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées (lire notre article) : "Je trouve cocasse que les sénateurs du Cantal et du Rhône, en faveur de la fusion de Rhône-Alpes et Auvergne, s'opposent à la fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon ! Cette prise de position n'a rien à voir avec l'intérêt général. C'est minable, piètre, lamentable et moche."

Une fusion qui inquiète Jacques Thouroude (Osons Midi-Pyrénées), pour qui la dette de la région voisine risque de pénaliser Midi-Pyrénées : "la dette représente 400€/hab en Languedoc, moins de 100€/hab chez nous !". Réponse de Martin Malvy : "je n'ai pas voulu utiliser cet argument jusqu'à présent, mais on ne pourra plus m'accuser de vouloir mettre la main sur le magot".

À noter qu'un groupe de travail d'élus régionaux, présidé par Gérard Onesta, a proposé une contribution au débat national, à l'issue de 4 mois de travail. Midi-Pyrénées est la seule Région à avoir mis en place ce type de commission.
Les conclusions adoptées cet après-midi par l'assemblée régionale seront transmises notamment au gouvernement, et aux présidents des assemblées parlementaires.

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