Après onze années de travaux, le musée Toulouse-Lautrec d'Albi est devenu un lieu contemporain de culture de dimension internationale grâce au travail de son conservateur Danièle Devynck. Interview.

Quels sont les travaux qui ont été effectués ?

L'opération de restructuration du musée s'est imposée comme une évidence dans la décennie des années quatre-vingt-dix vu l'état des lieux de présentation et de conservation qui étaient, il faut le dire, déplorables alors que la collection d'œuvres était exceptionnelle et le lieu unique. La direction des musées de France m'a demandé d'imaginer un programme qui s'inscrive dans une vision globale du musée avec l'appui financier des collectivités locales, départementales et régionales. Le cabinet d'architecture Ameller, Dubois et Associés a planché sur un projet d'une très grande technicité d'autant que le musée ne devait pas fermer ses portes pendant les travaux. Trois phases ont été nécessaires (2004, 2007 et le 2 avril dernier) pour arriver à offrir au public un musée rénové et agrandi.

Quel était le cahier des charges ?

Il était assez ambitieux mais c'est mon métier de transmettre un patrimoine, de jouer un rôle de passeur et je pense l'avoir poussé aussi loin que possible. Il fallait proposer une nouvelle mise en espace des collections, un auditorium, une salle dédiée aux expositions temporaires ainsi que des lieux permettant des activités pédagogiques avec un centre de documentation. Le tout en respectant la cohérence entre un monument historique et des aménagements très contemporains. Nous manquions de mètres carrés et l'architecte a doublé la superficie en creusant l'auditorium sous la cour d'honneur et l'espace des expositions temporaires sous la terrasse haute. Aujourd'hui, nous avons un lieu d'art avec une écriture très contemporaine de la muséographie dans le plus grand respect du monument lui-même.

Comment visite-t-on désormais le musée ?

Si avant les travaux le musée se visitait en une petite heure, il faut désormais compter deux bonnes heures pour en faire le tour. Deux niveaux sont entièrement occupés par les œuvres de Toulouse-Lautrec, présentées chronologiquement avec ses tableaux de jeunesse puis à travers une approche thématique (portraits, maisons closes, nuit parisienne, affiches, dessins, lithographies). Deux salles présentent des collections d'art ancien remarquables, plusieurs salles exposent de l'art moderne avec de nouvelles acquisitions mais aussi des prêts du musée d'Orsay de Paris. Dans certaines salles, nous n'avons pas accroché d'œuvres afin de ne pas dissocier le Palais de la Berbie du musée. Il y a ainsi une double lecture : celle des collections et celle du lieu, parfois alternativement, parfois ensemble.

Quel accueil a été réservé au nouveau musée ?

Les Albigeois manifestent une réelle fierté en redécouvrant leur musée. Le week-end du 1er mai, l'affluence a été fantastique : plus de 4 000 visiteurs venus de la région mais aussi des touristes étrangers. Le musée est également ouvert aux entreprises qui souhaitent y organiser des séminaires dans l'auditorium qui peut être privatisé, ce qui va permettre d'associer la culture à la vie professionnelle. Enfin, des expositions temporaires, comme celle qui sera inaugurée le 26 mai sur l'Art de l'estampe japonaise, permettront d'attirer à nouveau le public.

Propos recueillis par Stéphanie de Balorre

Photo © Musée Toulouse-Lautrec, Albi, Tarn, France

Info pratiques
Musée Toulouse-Lautrec, Palais de la Berbie, Place Saint Cécile, Albi.
Ouvert tous les jours de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h de mai à juin, puis sans interruption jusqu'à la fin septembre.
Tarif : 8€/adulte pour la collection permanente et 8€/adulte pour l'exposition temporaire