Entretien avec Jean-Pierre Mas, président d'Afat Voyages. La fusion des réseaux d'agences de voyages Afat et Selectour se poursuit mais le changement de nom de la nouvelle entité, qui devait avoir lieu le 1er janvier 2010, est repoussé à 2012. En cause, une conjoncture économique permettant difficilement d'investir les 15 millions d'euros nécessaires au changement de marque.

Pourquoi retarder le changement de nom de la nouvelle entité ?
Nous avons considéré que l'environnement économique n'était pas très favorable à ce genre d'opération et qu'il était préférable de le reporter à une période mieux adaptée. Si nous avions dit à nos affiliés que nous investissions aujourd'hui 15 millions d'euros pour développer la nouvelle marque issue de la fusion, ils nous auraient légitimement dit : « Vous ne trouvez pas qu'il y a d'autres priorités ? »

15 millions d'euros, c'est le coût de cette fusion ?
Le coût de déploiement d'une nouvelle marque oscille entre 10 et 20 millions d'euros. Et encore, sans un budget communication aussi important que celui d'Allianz remplaçant AGF par exemple.

La fusion est malgré tout maintenue ?
Oui, bien sûr. Demain mardi 22 septembre auront lieu les assemblées générales extraordinaires d'Afat Voyages et de Selectour. Elles se prononceront sur le principe de la fusion et ses modalités. Il s'agit d'un mariage de raison économique, la nécessité dans un environnement global de créer un grand pôle français du tourisme qui soit leader sur son secteur. Le conseil d'administration de la nouvelle entité sera chargé de choisir le nom de la nouvelle marque. Nous nous sommes donnés un délai de 3 ans maximum.

Comment vos affiliés ont-il vécu l'annonce de la fusion ?
Sous l'angle économique, positivement. Sous l'angle affectif, il va falloir faire des concessions : mélanger ou mixer deux cultures est toujours un peu compliqué. Mais le contexte est tel que l'économie prendra, je n'en doute pas, le dessus sur l'aspect affectif.

Quels sont les chantiers qui restent à mener ?
Beaucoup sont bouclés. Les rapprochements juridiques entre Afat Voyages et Selectour auront lieu d'ici le 31 décembre. Le schéma se définit comme tel : la coopérative sera basée à Paris et définira la ligne politique de la nouvelle entité. A Toulouse, une entreprise, plus précisément une société par actions simplifiées, abritera l'économie du groupe.

Quel bilan tirez-vous de l'été d'Afat Voyages ?
Nous constatons une chute de l'activité de 20% pour le tourisme d'affaire et de 8% pour la partie loisirs. Une baisse sur une période aussi longue, ici depuis le début de l'année, ne s'était encore jamais produite. Toutes les destinations sont impactées. Certaines, comme le Maghreb, la Turquie et la Grèce tirent cependant leur épingle du jeu. Quant à l'hiver, nous manquons de visibilité. Cela tient à un nouveau phénomène, la réduction du délai entre le moment où le client réserve et le moment de son départ.

Ressentez-vous un « effet grippe A » ?
On ne peut pas dire qu'on le ressent, il est difficile de mettre une part précise de la baisse d'activité sur le compte de la grippe A. Je pense que sa médiatisation nous a été défavorable mais pour moi, ce n'est pas une crainte. Le jour où les journaux en parleront comme un phénomène presque normal, comme la grippe saisonnière, tout rentrera dans l'ordre.

En savoir plus :
- Le futur groupe constituera le principal réseau français d'agences de voyages. Il comptera 1.170 points de vente, sera présent dans 98 départements et totalisera un volume d'affaires de 2,8 milliards d'euros.
- www.afatvoyages.fr
www.selectour.com

En photo : Jean-Pierre Mas, président d'Afat Voyages (photo Afat Voyages)