L'export affiche une santé insolente, bat des records mais reste dépendant de l'aéronautique. Les destinations en vogue, les possibilités de financement, les PME qui marchent, les secteurs en crise : tour d'horizon en Midi-Pyrénées.
La France bat des records de déficit commercial (55,7 milliards d'euros en 2008) mais Midi-Pyrénées n'y est pour rien. Au contraire, elle enregistre un excédent commercial de 12 milliards d'euros. En 2008, les exportations ont bondi de 10,4 % et la région, note le service des Douanes, est la première région exportatrice. « Attention cependant aux chiffres bruts, avertit Didier Gardinal, le président de la Chambre régionale de commerce et d'industrie (CRCI). Ces chiffres sont faussés par les bons résultats de l'aéronautique, qui représente pas moins de 75,2 % des exportations de Midi-Pyrénées. »
À lui seul, l'avionneur Airbus, basé à Toulouse, a engrangé 15 milliards d'euros en 2008, soit 56,8 % du montant total des exportations de la région. Encourageant certes, mais aussi inquiétant. Pour le directeur régional du Commerce extérieur, François Petit, « les entreprises mono-clientèles et mono-sectorielles sont trop nombreuses. Beaucoup cherchent la sécurité avec les donneurs d'ordres d'envergure que sont Airbus et Latécoère. Une diversification serait bienvenue vers l'automobile, le ferroviaire ainsi que vers la Défense qui est moins sensible que d'autres secteurs aux conjonctures économiques. »
Si elle fait la force de l'export régional, la prépondérance de l'aéronautique est tout autant sa faiblesse. Loin, bien loin derrière vient l'agroalimentaire (3,1%, 821 millions d'euros en 2008). « Sur les 6 000 entreprises qui ont entretenu des relations commerciales avec l'étranger, seules 1 500 peuvent être réellement qualifiées d'exportatrices », indique Bernard Raynaud, vice-président du Conseil régional et président d'International Midi-Pyrénées. Jean-Michel de Bellerive, directeur du service International à la CRCI, pointe du doigt un déséquilibre structurel : « Le tissu économique régional est constitué de grands groupes et de petites PME, mais pas d'entreprises intermédiaires. Par ailleurs pour être réactif à l'export, une capitalisation importante est nécessaire ; or elle fait souvent défaut à de nombreuses entreprises régionales. »
De son côté, François Petit évoque « une problématique culturelle : les dirigeants d'entreprise ne sont pas assez ouverts aux marchés étrangers. Beaucoup souffrent de difficultés à s'insérer dans une démarche collective et n'ont généralement pas le réflexe de travailler en réseau. » Pour les encourager, les services de l'État cherchent des relais. « Dans le secteur de la santé, ils existent avec le Sismip et le pôle de compétitivité. Ces deux structures ont fait de l'international une priorité, précise François Petit. Mais dans l'agroalimentaire, les relais sont encore embryonnaires, même si la volonté existe. » Les solutions export existent néanmoins et le bilan est malgré tout positif pour Alain di Crescenzo, président de Destination International : « En Midi-Pyrénées, nous avons les bons produits et les bons ingrédients. Les patrons ont simplement besoin d'être sensibilisés. »
En savoir plus :
En photo : La région a enregistré un excédent commercial de 12 milliards d'euros en 2008.
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