Twitter, utile ou futile ?

Jugé plus pro que Facebook, Twitter séduit de plus en plus. Le réseau social présentet- il un réel intérêt pour les dirigeants d'entreprise ? Peut-on y développer son business ? Qui sont les utilisateurs toulousains les plus actifs ? Éléments de réponse.

Twitter poursuit sa progression. En mai, le réseau social dépassait les 5,8 millions de visiteurs uniques dans l'Hexagone : + 93 % en un an, grâce notamment à l'engouement autour de l'élection présidentielle puis des législatives. Une twittosphère potentiellement intéressante pour les chefs d'entreprise désireux de réseauter.
Envie de soumettre en 140 signes votre stratégie pour Airbus à son président Fabrice Brégier ? Ne rêvez pas. Les patrons des grands groupes sont absents de Twitter, ou soigneusement cachés derrière un pseudo. Impossible de trouver trace de Tom Enders et de Fabrice Brégier (EADS et Airbus), d'Olivier Sadran (Newrest) ou encore de Filippo Bagnato (ATR), pour ne citer que les Toulousains. « Airbus a choisi de ne créer qu'un compte Twitter corporate, explique Emma Boya, en charge des médias sociaux au service communication. Mais nous effectuons chaque mois des session @AskTheExpert (« demandez à l'expert ») pour permettre à nos followers d'avoir une conversation directe avec un expert d'Airbus, que ce soit un pilote, un responsable environnement ou tout autre cadre dirigeant. »
« Les grands patrons ne sont pas des internautes de la première heure, précise Jacques Digout, professeur au Groupe ESC Toulouse et responsable du groupe de recherche "Marketing, internet et communication". Ils n'en ont pas le temps, disent-ils... ou pas l'âge ? Or c'est la population des technophiles qui est aujourd'hui celle qui se retrouve sur Twitter. »

Un contrat grâce à Twitter

En revanche, tout n'est pas perdu pour toucher des interlocuteurs plus accessibles que les capitaines d'industrie. Patrice Cazalas (@PatriceCazalas), directeur du bureau toulousain de la SSII Pop Development Sud-Ouest, affi rme ainsi avoir gagné grâce à Twitter un contrat de 150 000 € pour la création d'une plateforme de place de marché à destination des pharmacies et parapharmacies. « J'ai commencé par suivre sur le réseau les décideurs que j'avais identifiés comme étant impliqués dans cet appel d'offre, explique-t-il.
Le réseau m'a aidé à comprendre leurs intérêts, leurs valeurs, leurs attentes. J'ai fait de la veille sur ces profils pendant quelques jours avant d'entrer en contact. Twitter m'a apporté un avantage certain car au moment du choix, au milieu des autres candidats à l'appel d'offre, j'étais bien identifié par les décideurs et j'avais élaboré une réponse correspondant à leurs attentes profondes. » Selon Olivier Murat (@Olivier_Murat), ancien consultant et bloggeur sur les sites spécialisés MyCommunityManager et Locita, « le top du top est d'avoir deux comptes : un pour l'entreprise, dont le but sera de construire une image, de répondre aux questions et aux attaques, de jouer le rôle de SAV et de relation clients, et un autre pour le chef d'entreprise, où il pourra aborder des thèmes plus personnels, souvent liés à son métier. » Attention toutefois : si l'inscription et l'utilisation sont gratuites, l'outil se révèle vite chronophage. « Quand on se retrouve à gérer un gros compte, qu'il faut alimenter en permanence, il devient impératif de confi er cette tâche à une personne en interne ou en externe qui jouera le rôle de community manager.
Dans les deux cas, cela a un coût », poursuit Olivier Murat. Avec un risque également : confier ces tâches à un professionnel ou à une agence fait basculer dans la stratégie de communication et peut faire perdre en spontanéité... donc en intérêt. Confi dentiel, Twitter ? La critique est récurrente. De fait, on y retrouve effectivement beaucoup de spécialistes des TIC, d'agences de communication, de journalistes... L'intérêt est donc limité, voire nul, pour un boulanger, un plombier, un garagiste qui souhaite développer son activité. Toujours selon Olivier Murat, « Twitter est encore fait pour les grandes marques, qui mettent en oeuvre de véritables stratégies marketing, comme le fait Cdiscount avec ses jeux concours en incitant ses abonnés à retweetter ses messages pour gagner d cadeaux. Ou qui, comme Air France, l'utilisent comme un SAV, en répondant aux clients et en expliquant les causes d'un retard par exemple.
Les PME innovantes qui ont vertu à se développer au plan national ou international, qui ont une expertise sur un domaine précis, qui font du e-commerce... peuvent aussi s'y faire repérer. C'est avant tout un outil de construction d'image et de réputation pour l'entreprise, d'entretien du réseau professionnel et de veille pour son dirigeant. Mais il ne fera pas le boulot de vos commerciaux »

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