Chantal Boucher, Banque de France : "L'amélioration de la conjoncture se confirme mois après mois"

Le redressement amorcé début 2010 se consolide et l'année 2011 devrait rester sur la même tendance. L'analyse de Chantal Boucher, directrice régionale de la Banque de France.Quel est le rôle de la Banque de France au niveau régional ?

Le redressement amorcé début 2010 se consolide et l'année 2011 devrait rester sur la même tendance. L'analyse de Chantal Boucher, directrice régionale de la Banque de France.

Quel est le rôle de la Banque de France au niveau régional ?
Quatre grandes missions sont confiées aux succursales de la Banque de France : l'entretien de la monnaie fiduciaire, qui permet de garantir la qualité des billets en circulation ; l'attribution aux entreprises qui réalisent au moins 750000 euros de chiffre d'affaires d'une cotation qui indique leur solvabilité à horizon de trois ans. Cette cotation, à dire d'expert, résulte de l'analyse de l'ensemble des informations dont nous disposons sur chaque entreprise (bilan, crédits bancaires....). Elle est utilisée par les banques pour l'évaluation du risque de crédit. Elle est aussi communiquée chaque année au dirigeant pour lequel elle constitue un baromètre financier ; l'observation économique des territoires à travers l'enquête mensuelle de conjoncture « Tendances régionales » ; enfin, l'instruction des dossiers de surendettement des particuliers, confiée par l'État à la Banque de France, représente une mission importante de service public.

Comment la conjoncture économique a-t-elle évolué en 2010 ?
On est dans un trend de redressement de la conjoncture depuis le début 2010, avec une accélération qui se confirme mois après mois, mais reste modérée dans l'ensemble ; il est à noter que l'impact des mouvements sociaux de l'automne est resté limité. A fin octobre, les cadences sont redevenues nettement supérieures à celles du premier semestre 2009, mais on reste éloigné des niveaux de 2007. L'industrie est soutenue par les activités aéronautiques et spatiales et dans une moindre mesure, par l'agroalimentaire qui a bien résisté. La tendance est favorable dans les services informatiques et d'étude technique. On note également une reprise dans le travail temporaire, qui est un indicateur précurseur d'activité. Les tendances semblent également s'améliorer dans la construction et l'entretien de logements.

Certains secteurs connaissent-ils encore des difficultés ?
Le textile reste souvent difficile. Dans les travaux publics, les indicateurs sont déprimés en raison du ralentissement des prises d'ordres en provenance des collectivités territoriales. L'immobilier d'entreprises pâtit du niveau important des stocks. On relève quelques tensions également dans le secteur des transports....

Qu'en est-il de la conjoncture financière ?
La distribution du crédit s'est ralentie par rapport à la période d'euphorie de 2007 et 2008, mais elle reste mieux orientée en Midi-Pyrénées qu'au niveau national, avec des taux de progression annuels de l'ordre de 7 % contre à peine 2% en France entière à fin septembre. Ce constat se vérifie pour toutes les catégories d'entreprises et notamment pour les PME. Cela signifie que les banques répondent présent d'une façon générale, même si des difficultés peuvent subsister ça et là qui rendent encore totalement utile et indispensable l'action de la médiation du crédit. Sur l'investissement, un petit frémissement est perceptible, mais l'année 2010 ne sera pas une grande année.

Est-ce qu'il y a une spécificité de la crise et de la reprise en Midi-Pyrénées ?
La région est entrée plus tard dans la crise et a été moins touchée grâce à l'aéronautique et au spatial, et dans une moindre mesure à l'agro-alimentaire, qui ont joué le rôle d'amortisseurs. Mais on a quand même traversé des zones de turbulences de l'automne 2008 à la fin 2009. Un signe ne trompe pas néanmoins : Midi-Pyrénées a été en 2009 une des régions où la hausse des défaillances d'entreprises a été la plus faible. Aujourd'hui, notre remontée est peut-être moins vive, mais l'amélioration est bien réelle.

Quel bilan tirez-vous de la médiation du crédit ?
Ce dispositif a prouvé son utilité et ce n'est pas un hasard si le Président de la République l'a prolongé jusqu'à fin 2012. Toutefois, on constate depuis la fin du premier trimestre 2010 une très forte baisse des saisines du médiateur, ce qui signifie que les entreprises ont moins besoin de nous pour dialoguer avec leurs banquiers. En Midi-Pyrénées, 1400 dossiers ont été reçus depuis le lancement de la procédure à l'automne 2008. Le taux de succès, de l'ordre de 70% est supérieur à la moyenne nationale (60%).

Comment anticipez-vous l'année 2011 ?
C'est difficile de se prononcer aujourd'hui pour l'ensemble de l'année 2011 ; je ne vois pas se profiler d'à-coup nouveau qui viendrait perturber les évolutions favorables qu'on observe depuis plusieurs mois. Pour résumer, je dirais un peu statu quo pour l'activité en 2011, avec quelques incertitudes sur l'évolution des marges en raison de pressions concurrentielles accrues.

Benjamin de Capèle

En Photo : Chantal Boucher est directrice régionale de la Banque de France Midi-Pyrénées depuis novembre 2007. Diplômée de Sciences Po Paris en 1972, elle a fait toute sa carrière à la Banque de France. Elle dirige 180 personnes à Toulouse et 350 dans la région. (© Rémi Benoit)

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