Freescale Toulouse : « Des repreneurs potentiels ont visité le site » selon le directeur

Le Plan de sauvegarde de l'emploi du site toulousain de Freescale Semiconductor prévoit le licenciement de 821 employés à l'horizon 2011. Le Tribunal de grande instance de Toulouse devra se prononcer sur sa validité : une première audience en référé est prévue jeudi 4 mars. Le directeur du site toulousain, Denis Blanc, évoque cette action intentée en justice par une union intersyndicale et détaille les mesures prises dans le cadre de ce plan.Qu'attendez-vous des deux audiences en référé, dont la première se tiendra jeudi ?

Le Plan de sauvegarde de l'emploi du site toulousain de Freescale Semiconductor prévoit le licenciement de 821 employés à l'horizon 2011. Le Tribunal de grande instance de Toulouse devra se prononcer sur sa validité : une première audience en référé est prévue jeudi 4 mars. Le directeur du site toulousain, Denis Blanc, évoque cette action intentée en justice par une union intersyndicale et détaille les mesures prises dans le cadre de ce plan.

Qu'attendez-vous des deux audiences en référé, dont la première se tiendra jeudi ?
Je ne tiens pas particulièrement à me prononcer sur ce sujet. Il faut laisser la justice faire son travail, elle le fera. Pour ma part, je suis convaincu de la validité du Plan de sauvegarde de l'emploi que nous avons mis en place pour les employés toulousains.

Quelles mesures avez-vous prises ?
Elles sont nombreuses. En premier lieu, nous avons annoncé le plan de licenciement en avril 2009, ce qui laisse aux salariés une période de deux ans et demi avant que soient envoyées les notifications de licenciement. C'est un délai important. Ensuite, nous avons créé au sein de l'entreprise un cabinet de reclassement, qui emploie une quinzaine de personnes, et qui a déjà reçu plus de la moitié des salariés de Freescale Toulouse. Nous nous engageons également en faveur des reconversions en finançant la formation, et cela peut représenter jusqu'à 14.000 € par salarié.

L'intersyndicale CGT CFDT CFTC, qui demande en ce moment l'annulation du plan social, a condamné des primes de départ trop faibles. Où en êtes-vous dans ces discussions ?
Certains de ces syndicalistes cherchent à faire le plus de bruit possible en raison des élections qui approchent. D'ailleurs, ils ne représentent que 20% des salariés, et ont refusé systématiquement tout dialogue avec la direction. Concernant les primes de départ, ils exigeaient des primes s'élevant jusqu'à 150.000 €, ce qui est une demande extravagante. Au moment de la création du cabinet de reclassement, ces syndicats ont refusé de signer, sous le prétexte que nous sommes une entreprise capitaliste qui s'enrichit sur le dos des travailleurs. C'est un refrain connu. Je peux simplement dire que je ne fais pas de politique, que je suis dans cette entreprise depuis 25 ans, et que cela fait des années que je me bats pour sauver le site de Freescale à Toulouse.

Quel a été l'accord trouvé sur les primes ?
Finalement, le Plan de sauvegarde de l'emploi que nous avons signé avec l'intersyndicale majoritaire (FO, Unsa, CFE-CGC) prévoit une prime minimum de 50.000 € au-delà de 20 ans d'expérience, et de 40.000 € en deçà. À ce titre, notre plan est plutôt favorable par rapport à ceux qui ont été faits dans d'autres entreprises.

Sur le fond, certains syndicats jugent aussi que cette vague de licenciements est économiquement infondée. Que répondez-vous à cela ?
Que c'est mal comprendre la situation de l'entreprise sur le marché des semi-conducteurs. Depuis de nombreuses années, les technologies évoluant, les besoins des marchés ont évolué au détriment du type de matériel que nous fabriquons. Au fil du temps, notre volume d'affaire a baissé inéluctablement. Nos concurrents sous-traitent leurs activités à des usines étrangères, notamment taïwanaises. Freescale est une entreprise américaine, et la direction sur place a décidé de rapatrier le reste de l'activité aux Etats-Unis. Continuer la même activité à Toulouse alors que la technologie a évolué reviendrait à décider de fabriquer des locomotives à vapeur à la place des Airbus. Aujourd'hui, et malgré le rachat par le fonds d'investissement LBO en 2006, la dette de l'entreprise s'élève à 6 Md€.

Quel est l'avenir du site Freescale à Toulouse ?
Après 2011, il restera environ 600 personnes dans les locaux. Une partie de l'activité, notamment dans la conception, continue. Ainsi, nous créons une division « capteurs accéléromètres» qui sont utilisés pour le déclenchement d'airbags dans les véhicules. Nous gardons également des équipes de suivi des clients, qui assurent une forme de service après-vente des produits, et nos équipes de Recherche et Développement travaillent sur l'électronique de puissance au service des nouveaux véhicules hybrides et électriques.

L'usine sera-t-elle rachetée ?
Nous essayons de trouver des repreneurs. Intel a déjà installé une division dans nos locaux, dédiée à la téléphonie mobile. Je suis actuellement en discussion avec des sociétés intéressées, certaines d'entre elles ont déjà visité l'usine. L'acheteur en question pourrait être un concurrent direct de Freescale, et ce ne sera vraisemblablement pas une entreprise française. Quoi qu'il en soit, nous mettrons tout en œuvre pour que soient maintenus les locaux, le matériel, et une partie des salariés.

Clément Sirdey

En savoir plus :

- www.freescale.com/france
- La CGT pointe du doigt « la direction de Freescale, inféodée aux fonds d'investissement qui possèdent l'entreprise depuis 2006, et qui conduit l'usine de Toulouse à la fermeture. Les licenciements de 236 salariés en novembre 2009 et de 821 salariés en 2011 sont uniquement liés à des choix stratégiques pour augmenter les bénéfices déjà conséquents de Freescale. Cette entreprise a réalisé 40 millions d'euros de bénéfices en 2009, malgré la crise. La caisse de Freescale monde est bien remplie avec 1,36 milliards de dollars. Elle recrute des intérimaires pour faire des stocks, elle annonce des heures supplémentaires le lundi de Pâques et envisage la possibilité d'autres heures supplémentaires pour fermer l'usine le plus tôt possible. »
Dans son dernier communiqué en date du 19 février dernier, l'intersyndicale CGT CFDT CFTC annonce le dépôt d'un recours juridique : « L'âge moyen des 821 salariés licenciés est de 45 ans. 349 d'entre eux auront plus de 50 ans à la fin de l'activité. Prétendre dans ces conditions que les salariés licenciés de Freescale vont retrouver un CDI est une vaste fumisterie. »

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