Pascal Bolot, Sgar : "On ne peut pas parler de désindustrialisation de la région"

Secrétaire général pour les affaires régionales (Sgar) auprès du Préfet de la région Midi-Pyrénées, Pascal Bolot suit la mise en œuvre locale du plan de relance pour l'économie. Il analyse les faiblesses et les points forts du tissu économique régional. La crise économique a-t-elle modifié l'économie régionale ?

Secrétaire général pour les affaires régionales (Sgar) auprès du Préfet de la région Midi-Pyrénées, Pascal Bolot suit la mise en œuvre locale du plan de relance pour l'économie. Il analyse les faiblesses et les points forts du tissu économique régional.

La crise économique a-t-elle modifié l'économie régionale ?
Comme ailleurs, l'économie régionale a subi le contrecoup de la crise mondiale. Cela s'est manifesté par le recul de l'activité industrielle et de l'emploi. Pour autant, l'économie régionale ne s'est pas transformée. L'industrie aéronautique et spatiale ainsi que l'industrie agro-alimentaire demeurent les secteurs économiques dominants de notre région avec le secteur des services bien entendu.

L'année 2009 a été marquée par la fermeture de Molex et les plans sociaux dans de nombreuses entreprises. La région est-elle condamnée à se désindustrialiser ?
Je ne pense pas que l'on puisse parler de désindustrialisation. Certes, il y a des secteurs en difficulté comme l'automobile, le textile, le bois ou le papier. Mais pour plusieurs d'entre eux, les difficultés se faisaient sentir avant le déclenchement de la crise.

Quels sont les dispositifs mis en œuvre par l'État pour aider les entreprises en difficulté ?
Lancé en début d'année 2009, le plan de relance recouvre plusieurs dimensions. La première, c'est la commande publique : au 30 octobre 2009, 96 M€ de crédits d'État ont été injectés dans l'économie régionale pour des projets d'infrastructure, de patrimoine de l'État, d'aménagement du territoire et d'immobilier universitaire.
La deuxième dimension, c'est l'aide financière aux entreprises : à travers les nouvelles mesures de trésorerie (66 M€ pour 660 PME en Midi-Pyrénées), les garanties de prêt (103 M€ pour 463 entreprises), les remboursements mensualisés de TVA (qui ont concerné plus de 9.000 entreprises pour un montant de 101 M€), les crédits d'impôt pour les sociétés qui innovent (97,5 M€ pour 600 entreprises). Si l'on additionne toutes ces mesures, on arrive à un total de 456 millions d'euros. C'est pour l'essentiel de l'argent qui aurait été de toute façon remboursé aux entreprises, sauf qu'on l'a fait plus tôt et plus vite. Notre soutien a ainsi été accéléré.

Quel est le rôle du Secrétaire général aux affaires régionales en matière économique ?
Le Sgar se charge de la mise en œuvre locale et du suivi du Plan de relance. Nous avons aussi un rôle non négligeable dans l'amélioration de « l'écosystème» régional, notamment en favorisant les dossiers structurants en matière de recherche et d'enseignement supérieur. Nous aidons aussi à l'installation de nouvelles entreprises (notamment avec la Prime à l'aménagement du territoire et le Fonds national d'aménagement du territoire) et nous veillons plus particulièrement aux secteurs qui connaissent des difficultés conjoncturelles.

Quels sont les territoires qui souffrent le plus, au niveau de l'activité et de l'emploi ?
Il y a des difficultés en Ariège notamment à travers la filière papetière et la filière textile. Le sud du Tarn n'est pas non plus dans une situation facile notamment en raison du déclin de certaines industries textiles. On a eu également dans les Hautes-Pyrénées le départ d'une partie des industries de l'armement mais progressivement, on a su trouver des entreprises pour redémarrer dans de nouveaux secteurs d'activités.

Quels dispositifs mettez-vous en place localement ?
Le Fonds de revitalisation du territoire et le Fonds national d'aménagement du territoire permettent de créer des zones d'activités, de soutenir des filières en diversification, de permettre l'émergence d'hôtels d'entreprise... Le SGAR propose des dispositifs permettant d'accompagner les projets, notamment ceux qui ont une forte connotation économique

Quels sont les points forts de l'économie régionale ?
On travaille sur les domaines dans lesquels on croit pour le futur : les nanotechnologies, l'eau, les matériaux composites, l'électronique (notamment l'électronique de puissance). Ce sont des secteurs à fort potentiel. Maintenant il faut que les acteurs de la puissance publique jouent « collectif » et permettent à ces entreprises de démarrer et de prospérer. Ensemble, nous pouvons avoir un rôle important dans l'accompagnement de plusieurs de ces projets d'avenir.

Avec le projet de loi de réforme territoriale, assiste-t-on à une recentralisation de la prise de décision au niveau national ?
Ce qui se dessine, c'est une concentration des instances de conception et en partie de décision au niveau régional. L'État resserre son management dans le but d'une plus grande efficacité. L'objectif est de mieux travailler au service des entreprises. Simplifier l'organigramme de l'État, c'est aussi simplifier la vie des entreprises et leurs relations avec lui.

Propos recueillis par Emmanuelle Durand-Rodriguez


En photo : depuis mai 2006, Pascal Bolot est Secrétaire général pour les affaires régionales auprès du préfet de la région Midi-Pyrénées. (photo © Rémi Benoit)

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