Hexabelha met au point des ruches pour sauvegarder les abeilles

De futurs menuisiers, en apprentissage au sein des Compagnons du tour de France, à Plaisance-du-Touch, ont imaginé et fabriqué artisanalement une ruche de biodiversité qu’ils ont nommée Hexabelha. Cette ruche dépourvue de tous produits chimiques n'a pas pour vocation la récolte du miel mais de favoriser la conservation des espèces. Les concepteurs souhaitent fonder une Scop afin de commercialiser leur solution.
Des futurs menuisiers ont créé des ruches de biodiversité.
Des futurs menuisiers ont créé des ruches de biodiversité. (Crédits : Hexabelha)

Depuis quelques années, la population d'abeilles est en très forte diminution voire disparition dans certaines zones. Ce syndrome est très préoccupant en raison de l'importance écologique de l'abeille en tant que pollinisatrice. En effet, 75 % de la production mondiale de nourriture dépend des insectes pollinisateurs et entre 60 et 90 % des plantes sauvages ont besoin d'insectes. D'après l'association "Un toit pour les abeilles", en France, plus de 30 % des colonies d'abeilles disparaissent chaque année.

C'est à partir de cet alarmant constat que quatre apprentis, âgés de 20 à 23 ans, au sein des Compagnons du tour de France à Plaisance-du-Touch en Haute-Garonne, ont décidé de mettre au point les ruches de biodiversité Hexabelha. Vierges de tous produits chimiques, ces ruches sont destinées à aider à la conservation des espèces et non à la récolte du miel. Inspirées des ruches troncs, elles permettent aux abeilles d'avoir un endroit où l'homme n'intervient pas et les laisse créer leur propre écosystème à l'état le plus sauvage possibles.

"Les abeilles vivent plus longtemps"

 Cette idée a vu le jour en 2019 lorsque Tony Zaccariotto, Viktor Bordages, Benjamin Nicolas et Antoine Brault sont inscrits par leur professeur, Aké-Hervé Adjoualé au concours régional de création d'entreprise, EPA (Entreprendre pour apprendre) 2019. Sensibles à l'effondrement des colonies d'abeilles et amoureux du bois, les futurs menuisiers fondent Hexabelha, qui vient de la contraction des mots hexagone et abelha qui signifie abeille en occitan.

 " Les abeilles d'une ruche de biodiversité sont plus résistantes que les abeilles de ruches de production qui sont fatiguées et stressées par les ouvertures et enfumages récurrents faits par l'homme pour récolter le miel. Ce miel qu'on leur retire est une source d'énergie importante pour nourrir les larves. Les abeilles vont vivre plus longtemps et être moins sujettes à des maladies ou parasites que des ruches de production vont très vite contracter", explique Tony Zaccariotto, co-fondateur du projet.

 La ruche de biodiversité Hexabelha se démarque également par son design. Montée sur pieds, elle mesure 1m30 de hauteur et est d'une forme ovaïde obtenue grâce à l'assemblage par enfourchement, sans colle, de 22 hexagones en bois de différentes tailles. La fabrication de ces éléments est faite entièrement en bois français, du châtaigner.

 "Le châtaignier est un bois lourd et résistant en extérieur et il est anti-varroa, un insecte qui infecte les ruches et décime sa population. Son odeur permet à l'abeille de revenir à ses instincts naturels. De plus, nous ne le vernissons pas ce qui évite les substances chimiques", poursuivent les auteurs du projet.

 À des fins pédagogiques, les fondateurs ont placé une vitre sur la partie supérieure de la ruche afin d'observer l'intérieur et suivre le travail des abeilles. Pour limiter les attaques de frelons une piste d'envol est située sur la partie inférieure, au niveau des derniers hexagones.

Hexabelha

Une vitre est placé sur le dessus de la ruche à des fins pédagogiques. (Crédits : Hexabelha)

Une fois que la colonie a quitté la ruche, il est possible de la disloquer en deux pour récupérer le miel qu'il reste et la nettoyer afin de laisser place à une nouvelle.

 Le prix de fabrication de ces ruches de biodiversité est de 140 euros pièce pour un prix de vente de 148 euros. Un prix plus cher que celui d'une ruche classique, destinée à la collecte de miel, généralement situé entre 20 et 200 euros selon la qualité et la taille. Durant le concours, onze ruches, ont été fabriquées et vendues à des particuliers. Par ailleurs, à l'issue de celui-ci en mai dernier, les quatre concepteurs ont remporté le prix de créativité et innovation.

Une Scop et une cagnotte en ligne en projet

 Aujourd'hui le concours terminé, les fondateurs souhaitent continuer le projet en se constituant en Scop et lancer une cagnotte en ligne afin de se financer.

 "L'aspect artisanal nous tient à cœur donc nous souhaitons le conserver tout en déclinant le modèle principal posé au sol en des modèles suspendus par exemple tout en gardant la forme hexagonale qui fait notre différence ainsi que le bois ", se projette Tony Zaccariotto.

 Ils souhaitent s'adresser principalement aux collectivités et voir des écoquartiers ou des jardins partagés équipés de ruches Hexabelha.

 "Ce sont des clients qui ont un portefeuille plus important, bien que nous n'exclurons pas les particuliers. Il y a un moyen simple de diminuer l'effondrement des colonies et c'est d'augmenter le nombre de ruches", complète Tony Zaccariotto.

 À l'image d'Hexabelha, les projets impliquant ruches et conservation d'abeilles fleurissent depuis quelques années dans la région. Par exemple, la Scop toulousaine Biocenys, fondée par Emmanuelle Parache, s'est lancée sur ce créneau dès 2012. Spécialisée dans l'implantation de ruches en entreprises, elle gère un cheptel de centaines de ruches installées chez Veolia, Icade ou encore Habitat Toulouse. Des ruches connectées ont également fait leur apparition à l'université de Toulouse.

 En mai dernier, le Syndicat Apiculteurs Midi-Pyrénées a inauguré le nouveau pavillon du miel au Grand marché de Toulouse (Min). Composé de trois ruches installées sur un des toits du marché, le lieu est censé accueillir 150 000 abeilles en quelques mois et ainsi œuvrer pour la protection des pollinisateurs alors que la mortalité des abeilles atteint jusqu'à 60 % en Occitanie.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 19/09/2019 à 14:00
Signaler
Bravo ! Longue vie à cette belle idée !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.