Vin : une startup toulousaine mise sur une bouteille avec de la fibre de lin

Les vins et spiritueux n’ont connu que quelques emballages : amphores, tonneaux, bouteilles en verre ou céramique et plus récemment BIB et canettes. Depuis Toulouse, la startup Green Gen Technologies a décidé de révolutionner cet objet en mettant au point la Green Gen Bottle, une bouteille à base de fibre de lin et de résine d’arbre. Cette bouteille à 89% biosourcée, possède une faible empreinte carbone et est biodégradable.
Green Gen Technologies souhaite lever 2,5 millions d'euros de fonds afin de commercialiser sa bouteille en fibre de lin.
Green Gen Technologies souhaite lever 2,5 millions d'euros de fonds afin de commercialiser sa bouteille en fibre de lin. (Crédits : DR)

"Près de quatre années de recherches et 400 000 euros en R&D on été nécessaires pour mettre au point le produit", confie James de Roany. Avec sa collaboratrice Séverine Laurent, ce professionnel des vins et spiritueux a créé la Green Gen Bottle, un contenant sans verre, écoresponsable, pour boissons alcoolisées. Cette bouteille unique est fabriquée à partir de fibres de lin. Elle provient d'une plante (le Linum L) qui n'a besoin ni d'irrigation ni de traitements phytosanitaires, et qui est ensuite imprégnée avec une résine d'arbre.

"Le processus a été extrêmement compliqué. Un des défis les plus importants que nous avons eu est que le lin brûle à une température relativement basse. Il fallait trouver le bon couple entre la résine et la fibre de lin qui fasse que l'un ne brûle pas l'autre. Ça passe par des pressions, des variations de température. Ensuite, en ce qui concerne la forme de la bouteille, il fallait qu'elle soit pas trop boudinée sur le col ni trop distendue sur le corps, il a donc fallut calculer l'angle des brins de lin et à l'intérieur de chaque brin le nombre de fibres que l'on y mettait. Cela a nécessité du temps et nous avons cru échouer plusieurs fois", raconte James de Roany.

Une composition naturelle unique

Cette composition à 89% biosourcée est un "exploit", que certains grands groupes mondiaux n'ont pas encore réussi à atteindre.

"Par exemple, vous avez NaturALL, une bouteille créée en partenariat avec Danone, Nestlé Waters, PepsiCo et une startup californienne et qui est biosourcée à 55%. Ils annoncent que dans deux ans ils seront à 75% sachant que nous sommes déjà à 89% aujourd'hui."

Les 11% de composants non-naturels de la bouteille proviennent du liner qui désigne l'intérieur du contenant qui est en polyéthylène (PET), issu du pétrole. Cependant, l'inventeur de cette dernière se dit prêt à livrer une bouteille 100% biosourcée "dans un futur proche".

"Nous allons remplacer ces 11% de PET par du PLA qui est de l'acide polylactique, un plastique issu principalement d'amidon de maïs et de canne à sucre. Nous sommes en attente des accords administratifs des instances européennes en charge qui nous disent que ce sera dans une échéance de 6 à 18 mois."

Une empreinte carbone proche de zéro

Contrairement à cette bouteille en fibres de lin qui a un bilan carbone très faible (James de Roany estime pouvoir approcher de zéro dans les prochains mois), la fabrication de bouteilles en verre traditionnelles engendre des dépenses en énergie très importantes. La production de verre nécessite un point de fusion à 1 300°C et sa température de travail se situe à 1 550°C ce qui génère de fortes émissions de CO2. Une tonne de verre nécessite 105 kg de pétrole.

"Il faut près de 450 kilos de pétrole pour une tonne de verre. Les gens avancent l'argument du verre qui est recyclable, c'est formidable, mais une fois qu'on le recycle, il faut de nouveau le chauffer à 1 450°C pour en faire un nouveau contenant. De plus, s'il est recyclable, le verre n'est pas biodégradable contrairement à la Green Gen Bottle", avance le créateur de la bouteille en fibre de lin.

L'empreinte carbone plus élevée du verre est liée aussi à son mode transport. Les bouteilles utilisées pour les vins et spiritueux pèsent entre 400 g et 1,2 kg contre 190 g pour une bouteille en lin.

"Nous arrivons à faire des économies sur les conteneurs de camions de l'ordre 24 tonnes avec nos bouteilles, si on estime qu'il y a 24 000 bouteilles dans un conteneur. Si on multiplie cela par dizaines ou centaines, cela représente une économie considérable."

De plus, la matière première de celle-ci n'est pas importée puisque la France est le plus grand producteur mondial de lin avec une production annuelle de 100 000 tonnes.

Une startup à la recherche de financements

Afin de commercialiser son produit, James de Roany a créé, avec son associée, en décembre 2017 la startup Green Gen Technologies. Premièrement destinée au domaine des vins et spiritueux, le marché potentiel de la bouteille en lin s'est élargi aux industries des cosmétiques et du parfums. Pour ces deux derniers, la startup proposera des contenants en lin adaptés aux produits. Par ailleurs, des brevets ont été déposés par la société afin de protéger sa technologie.

Aujourd'hui, la Green Gen Bottle est disponible sous forme de prototype. Elle a été fabriquée en Suède dans la société Inxide. Son prix de revient est de l'ordre de 3,50 euros un prix "six à sept fois plus cher que celui d'une bouteille en verre". Le produit ne sera commercialisé qu'une fois que Green Gen Technologies aura récolté les fonds nécessaires. La société toulousaine souhaiterait lever 2,5 millions d'euros.

"Nous pourrons produire des bouteilles à partir de 750 000 euros à un prix de revient de 4,50 euros. Par contre, si nous levons 2,5 millions d'euros, il sera de 3,50 euros. Les fonds d'investissements classiques ne sont pas très enthousiastes, ils attendent que nous ayons des commandes. Nous avons principalement cherché des financeurs en France par commodité. Or, la finance en France est un peu frileuse. Cependant, cela avance bien avec certaines marques et groupes mondiaux de spiritueux et parfums entre autres qui regardent notre produit de près", explique James de Roany.

Par ailleurs, le prix de vente de la bouteille devrait être "décidé en fonction des types de financeurs et du montant des fonds récoltés". Il sera situé entre 3,50 euros et 4,50 euros.

"Ce prix sera le prix de lancement d'un produit neuf qui n'existait pas jusqu'à présent. Après la construction des machines de fabrication et le lacement du produit sur une première chaîne, on trouvera des points d'amélioration et nous réduirons le prix. Il semblerait que sur les cosmétiques et les parfums de luxe le coût du produit soit moins une gêne que cela pourrait l'être dans les vins. De même pour les spiritueux où on est habitués à investir dans des bouteilles sophistiquées", justifie le président de la startup.

Cette future levée de fonds devrait également permettre l'embauche d'un ingénieur afin "d'accélérer le développement technique et commercial".

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