Startup : comment Openairlines fait économiser du kérosène aux compagnies aériennes

La startup toulousaine Openairlines a mis au point un logiciel de big data capable d'indiquer aux pilotes et aux compagnies aériennes là où elles pourraient économiser du carburant lors des vols. L'outil a déjà été adopté par une dizaine de compagnies dans le monde dont Transavia, filiale d'Air France, qui a économisé un million d'euros en 2014 grâce à ce logiciel.
Alexandre Feray est PDG et fondateur d'Openairlines
Alexandre Feray est PDG et fondateur d'Openairlines (Crédits : Rémi Benoit)

Alexandre Feray est "tombé très tôt dans la marmite de l'informatique". À 16 ans à peine, il crée un logiciel de programmation informatique qui sera récompensé par Apple ! Une fois son diplôme de l'École Centrale en poche, il travaille successivement pour le service recherche et développement d'IBM, Alcatel et Air France. En 2006, il fonde Openairlines et conçoit pour Air France un logiciel d'optimisation du planning du personnel navigant. Mais c'est trois ans plus que la startup toulousaine met au point son logiciel star.

"Nous avons pris conscience en 2009 que l'environnement était un sujet d'avenir, explique Alexandre Feray. Une règlementation européenne est entrée en vigueur l'année suivante, obligeant désormais les compagnies aériennes à mesurer et déclarer leurs émissions de CO2. Nous avons eu l'idée de concevoir un logiciel capable de réaliser ces mesures."

Très vite, la jeune société intègre Cleansky, le programme européen pour une aviation plus verte, doté de 1,6 milliard d'euros de subventions. "À force d'analyser les données, nous nous sommes rendus compte qu'au-delà des mesures, les compagnies aériennes voulaient savoir comment réduire leurs émissions de CO2 et notamment leur consommation de carburant, principal poste d'émission et qui représente par ailleurs 30 % de leurs charges", poursuit le PDG.

2 % de carburant économisé

On connaissait les séances d'écoconduite pour les automobilistes. Avec le logiciel Skybreathe, la startup a lancé l'écoconduite pour les pilotes d'avions. Après chaque vol, les compagnies récupèrent une carte mémoire à l'arrière de l'appareil où sont enregistrées toutes les données sur le vol. Ces informations sont couplées avec les conditions météorologiques, le poids de l'avion lors du vol, le trafic aérien... En se connectant sur la plateforme, le pilote reçoit ensuite une analyse de ses derniers vols.

openairlines

                             ---> Capture d'écran de la carte 3D.

"Vous voyez, par exemple, sur ce trajet, le pilote aurait pu économiser l'équivalent de 200 litres de kérosène", commente Alexandre Feray en faisant une démonstration du logiciel.

En plus des graphiques, le pilote a accès à une carte en 3D du vol qui retranscrit les données du vol sur la carte Google Earth. L'itinéraire est bleu quand le pilote a bien maîtrisé sa conduite. Au contraire, le tracé vire au rouge quand il y a eu une erreur. "Pendant la phase de décollage par exemple, on peut observer une conduite en escalier (non continue) qui fait perdre en une minute 80 litres de carburant", indique Alexandre Ferray.

Les compagnies aériennes ont de leur côté accès à une autre interface avec des données plus globales sur la conduite de l'ensemble des pilotes, leur indiquant les causes de pertes de carburant : atterrissage trop brutal, détour au cours du trajet...

Pour le moment, 12 compagnies aériennes à travers le monde ont adopté ce système, à l'image de Transavia, la filiale low-cost d'Air France.

"Le logiciel a été très bien adopté par les pilotes. Transavia compte par exemple 200 pilotes et enregistre une centaine de connexions par jour sur le logiciel, relève Alexandre Feray. La compagnie a estimé qu'en 2014, elle a pu économiser 800 tonnes de carburant, soit 2 % de sa consommation et près d'un million d'euros."

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                                 ---> Capture d'écran du logiciel.

Des filiales à Hong Kong et Chicago

Après avoir réalisé une levée de fonds d'un million d'euros cette année, la société vient d'ouvrir une filiale à Hong Kong et prévoit d'ici à un an l'ouverture d'une antenne à Chicago. "À terme, nous aimerions aussi avoir une antenne à Dubaï pour avoir des bureaux sur chaque continent. C'est important d'avoir une présence physique avec un commercial pour montrer nos démos et développer notre activité", explique le fondateur.

Implantée dans un appartement de 100 m2 à deux pas du Capitole, la startup se sent un peu à l'étroit après avoir embauché 10 personnes depuis le début de l'année. En janvier prochain, Openairlines déménagera dans un autre local de 300 m2 dans la rue Alsace-Lorraine. La société a réalisé un chiffre d'affaires de 1,1 million d'euros en 2014 et table sur 1,5 million pour 2015.

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