"Vous venez de recevoir un appel pour un colis abandonné. Il s'agirait d'un sac ou d'une valise". Casque de réalité virtuelle vissé sur la tête, l'utilisateur doit déambuler dans une reconstitution virtuelle fortement inspirée de l'aéroport de Toulouse pour détecter le bagage. Tableau d'affichage des départs, salles d'embarquement, commerces, passagers... tous ces éléments familiers ont été reconstitués.

Une fois le sac de sport repéré près d'une banquette, le joueur reçoit de nouvelles informations ("Une odeur âcre se dégage du bagage qui ne comporte pas d'étiquette") avant de devoir trancher entre trois actions : appeler les services compétents de l'État, demander aux passagers d'évacuer l'aéroport ou éloigner le bagage.

Démo du module en réalité virtuelle.

Ce scénario n'est pas issu d'un jeu vidéo mais d'un module de sensibilisation à la sûreté aéroportuaire conçu par deux sociétés toulousaines.

La première, Logyx, est éditrice de solutions de formation, d'évaluation et de certification dans la sûreté aéroportuaire.

"Nous avons mis au point un simulateur qui permet aux agents de sûreté de faire passer les bagages comme s'ils étaient sur le tapis du poste d'inspection filtrage. Ils doivent ensuite décider s'il y a une menace et sa catégorie (arme à feu, engin explosif) avant de localiser la menace sur le bagage", décrit Christophe Arasse, directeur de la société de 14 personnes qui a réalisé 1,5 million d'euros de chiffre d'affaires.

Cet outil est utilisé depuis 2010 par l'Enac pour la formation des instructeurs en sûreté de l'aviation civile, mais également par les organismes de formation privés des futurs agents ainsi que par les sociétés privées qui emploient ces agents pour assurer leur formation continue. Un autre module de la gamme Logyx est utilisé par l'Enac à la demande de la Dgac comme examen pour la certification des agents de sûreté (soit 8 000 personnes par an).

De son côté, Stratégia (20 collaborateurs, 1,3 million d'euros de chiffre d'affaires) développe depuis 2007 des modélisations en réalité virtuelle, 3D et réalité augmentée. Elle a d'abord travaillé pour la promotion immobilière (Crédit Agricole, LP promotion) avant d'adresser le marché des pharmacies en travaillant notamment avec les laboratoires Pierre Fabre.

Passagers dotés d'IA et ambiance sonore

Cette fois, il s'agissait de recréer dans les moindres détails l'intérieur d'un aéroport.

"Nous nous sommes inspirés de l'aéroport de Toulouse-Blagnac à partir de photos Google. Nous avons aussi créé des centaines de passagers dotés d'une intelligence artificielle. Certains ont un comportement tout à fait normal. Les autres sont programmés pour adopter un comportement anormal et suivre une mission spécifique", décrit Tony Marcello, directeur de Stratégia.

L'utilisateur peut tester plusieurs niveaux de difficulté, avec par exemple plus ou moins d'affluence. Pour les plus aguerris, l'environnement sonore peut être ajouté (alertes micro, bruits parasitaires, personnes en train de parler...).

Plusieurs usages sont envisagés pour ce module de réalité virtuelle :

"En France, il pourrait s'intégrer dans la formation de sensibilisation à la sûreté aéroportuaire que doit suivre l'ensemble du personnel travaillant sur ces plateformes afin d'obtenir le badge aéroportuaire. Mais nos débouchés sont davantage à l'export. Nous avons des contacts très forts en Asie, mais aussi avec des aéroports au Liban et en Arabie Saoudite", indique Christophe Arasse, directeur de Logyx.

Le dirigeant ajoute que la solution a été présentée lors du symposium organisé par l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) à Montréal et qu'elle a reçu un très bon accueil.