A Boye Mokaya est kenyan, un pays d'Afrique où 80 % de la population n'a pas accès à l'électricité. Pourtant, dans le café où il travaille, aucun problème de courant. Comme 18 millions de Kenyans, l'établissement s'est équipé de la technologie M-Pesa. Cet outil permet de recevoir de l'argent via un téléphone portable sans passer par une banque. Le système est couplé avec M-Kopa, un kit composé d'un panneau solaire et de lampes qui permet aux habitants d'acheter avec leurs téléphones de l'énergie solaire à l'heure. Une solution économique et non polluante qui est également utilisée par les religieux pour faire la quête de manière numérisée.

Cette success-story kenyane est l'un des 20 projets exposés dans le cadre de l'exposition Wave. Financé par la BNP Paribas, l'événement a déjà été installé en septembre 2014 à Paris avant d'entamer un tour du monde (Dakar, San Francisco, Istanbul...).

Du 17 au 22 novembre, l'exposition prend ainsi ses quartiers au cœur de La Grainerie à Balma, près de Toulouse. Ici on ne parle pas d'innovation, mais d'ingéniosité collective.

"Quand on dit innovation, on pense immédiatement technologie, robots. Nous avons voulu mettre en avant ici des initiatives locales et collectives", avance Nina Helleboid, qui a participé à l'élaboration de l'exposition.

Les 20 projets sélectionnés à travers le monde répondent chacun à cinq nouvelles tendances de l'économie : le mouvement des "makers" (Fablabs), l'économie du partage (privilégier l'accès à un service plutôt que la propriété), l'économie circulaire (éviter le gaspillage et recycler), la co-création pour trouver des solutions, et enfin l'économie inclusive qui fait participer les exclus de la société (personnes âgées, handicapés, personnes démunies).

        L'exposition retrace en images 20 projets menés à travers le monde (© Rémi Benoit).

Un des panneaux de l'exposition retrace l'histoire d'un quartier de 15 000 habitants en Allemagne où près de 65 % de l'électricité proviennent d'énergies renouvelables. Logés dans d'anciennes casernes réhabilitées, les habitants paient un faible loyer mais doivent en échange réaliser des heures de travail au bénéfice du collectif.

Wave met également en scène deux initiatives détonantes en Inde. La première est un site internet, Ipaidabribe.com (en française "j'ai payé un pot-de-vin"), qui permet aux Indiens de signaler publiquement des faits de corruption.

"Avant l'existence de ce site, les plaintes que pouvait déposer les citoyens au commissariat de police restaient sans suite. Mais avec plus de 400 000 témoignages sur le site, les choses ont changé", relève Nina Helleboid.

Depuis, Bangalore est devenue la première ville au monde à avoir mis en place l'examen du permis de conduire par capteurs électroniques afin d'éviter les pots-de-vin.

Toujours à Bangalore, un cardiologue a totalement réorganisé l'hôpital pour faire chuter les coûts. Au programme, entretiens médicaux sur Skype et familles formées aux soins, avec la clé des taux de réussite qui rivalisent avec ceux des meilleurs établissements au monde.

Trois initiatives toulousaines

Aux États-Unis, c'est un étudiant de 22 ans qui a mis au point une méthode de détection du cancer du pancréas à partir d'une simple goutte de sang ou d'urine.

À Détroit, les Fablabs sont utilisés comme un rempart anti-crise dans une ville ravagée par la déliquescence de l'industrie automobile.

En Argentine, le plus grand producteur de soja d'Amérique Latine a mis au point un système de location de machines agricoles et un groupe d'innovation ouverte doté de 120 experts. Sans oublier le site français Blablacar, permettant à des millions d'utilisateurs de circuler en covoiturage, moyennant une commission.

Trois initiatives toulousaines sont par ailleurs exposées : la startup de microalgues Alg&You, l'accélérateur Ekito et la jeune société de la silver économie Telegrafik. Tables rondes et rencontres sont également organisées toute la semaine à La Grainerie pour décliner le thème de l'exposition.