Les Filatures du Parc habillent la nouvelle voiture électrique de Renault

C’est un fil fabriqué à partir de matériaux 100 % recyclés que le géant français de l’automobile, Renault, a choisi pour habiller l’intérieur de la Zoé, son dernier modèle de véhicule électrique. Il est produit au sein des ateliers des Filatures du Parc, à Brassac (Tarn) et tissé à Laroque-d’Olmes (Ariège) dans l’usine du fabricant de tissus pour sièges automobile, Adient Fabrics France. Découverte.
Au total, une surface de 8 m2 de l'intérieur du véhicule est couverte de tissus en fibres recyclées.
Au total, une surface de 8 m2 de l'intérieur du véhicule est couverte de tissus en fibres recyclées. (Crédits : Jean-Brice Lemal)

Derrière la nouvelle Renault Zoé, se cache un projet tripartite qui a nécessité près de quatre années de travail. Pour habiller son nouveau véhicule électrique, le groupe automobile français a initié en 2015 le projet "Afiler" avec les Filatures du Parc, une PME spécialisée dans la fabrication de fil cadré basée à Brassac (Tarn) et Adient Fabrics France, fabricant de tissus pour sièges automobiles situé à Laroque-d'Olmes (Ariège), qui fournit un siège sur trois dans le secteur automobile mondial.

"Ensemble, nous avons travaillé sur l'élaboration d'un fil unique qui habille près de 8 m2 de l'intérieur de la dernière génération de Zoé. Le projet a abouti grâce à l'expertise des différentes entités. Seuls, nous n'aurions jamais pu mettre au point ce fil. Il a fallu faire plusieurs essais pour obtenir un produit de qualité qui répond au cahier des charges automobile", raconte Fabrice Lodetti, PDG des Filatures du Parc.

Une composition respectueuse de l'environnement

Ce fil innovant est créé à partir de matériaux 100 % recyclés. Il est fabriqué au sein de l'usine Filatures du Parc à base de ceintures de sécurité, de déchets (chutes de tissus) provenant de la production d'Adient Fabrics France et de fibres en polyester (PET) issues de bouteilles en plastique.

Une fois découpés et défibrées, les différents composants sont mélangés. Vient ensuite l'étape du cardage (démêler et aérer les fibres textiles avant de les filer) nécessaire à l'obtention d'un nouveau fil. Adient Fabrics France réceptionne, sur son site, le fil cardé sur bobine et procède au tissage du tissu automobile. Celui-ci recouvre les sièges, la planche de bord, les contours du levier de vitesse, ainsi que les garnitures de portes.

"Le cardage est une technique qui ne nécessite aucune intervention chimique et thermique ce qui favorise une baisse de 60 % des émissions de CO2 associées par rapport à la précédente version de Zoé", explique le patron des Filatures du Parc, qui a déposé un brevet conjoint avec Renault afin de protéger ce nouveau produit textile.

Renault n'a demandé qu'une année d'exclusivité

Ce pacte a nécessité trois millions d'euros d'investissement au total. La Région Occitanie et l'Ademe ont apporté respectivement 40 000 euros et 600 000 euros. L'ENSAIT (École nationale supérieure des arts et industries textiles) de Roubaix a quant à elle accompagné les recherches. Le montant de la transaction entre les différentes parties, ainsi que le nombre de véhicules produits sont tenus secrets.

Afin d'assumer ce contrat, les Filatures du Parc ont ouvert une nouvelle ligne industrielle entièrement dédiée à la Zoé. Cinq personnes, dont un ingénieur textile, ont été embauchées. L'entreprise a investi près d'un million d'euros afin d'acquérir des machines de production capables de répondre à la demande du marché de l'automobile. Pour l'instant sous contrat d'exclusivité d'un an avec le géant français, les Filatures du Parc souhaitent s'adresser davantage à ce marché, alors qu'elles visaient jusqu'ici majoritairement l'habillement et l'ameublement.

"Renault n'a demandé qu'une année d'exclusivité afin de ne pas bloquer d'autres projets qui peuvent s'inscrire dans une démarche écologique tout en conservant un petit avantage économique. Celui-ci devrait s'achever au cours de l'année 2020."

Pionnière du recyclage

L'entreprise familiale fondée en 1975 par le père du PDG, Jean Lodetti, "a le recyclage dans son ADN". Elle est la seule à travailler sur la fabrication de fils à partir de matières textiles usagées recyclées en France. En 2007, elle a déposé un brevet de fabrication afin de protéger son procédé de transformation. "Les fibres recyclées représentent 60 % de notre activité. Dans cinq ans, notre objectif est d'atteindre 90 % de la production", précise le dirigeant de la société.

La PME tarnaise produit entre 300 et 400 tonnes de fils recyclés par an à l'aide de ses 48 salariés. Les bobines sont généralement vendues à des marques de prêt-à-porter internationales telles que Zara, Monoprix, Celio, Patagonia, etc. Elle dispose d'un portefeuille clients de près de 400 entreprises situées dans plus de 40 pays différents. La part de son chiffre d'affaires à l'export se situe entre 60 % et 70 %. En 2018, celui-ci s'élevait à 4,5 millions d'euros. "Lorsque nous allons boucler notre chiffre d'affaires en mars 2020 pour l'année 2019, la part à l'export se verra réduite en grande partie grâce à ce contrat avec Renault", conclut Fabrice Lodetti.

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