Le Village by CA de Toulouse veut une corde de plus à son arc. Généraliste, cet accélérateur de startups cible des jeunes pousses innovantes dans des domaines variés tels que l'énergie et l'environnement, le logement, la santé, l'agriculture et l'agroalimentaire, le spatial, l'aéronautique, les fintechs et services digitaux, pour les mettre en relation avec de grandes entreprises par la suite afin d'assurer leur développement. Un an et demi après son ouverture, les équipes du Village by CA, installé allées Jules Guesdes, veulent désormais se pencher sur la mobilité du futur. Pour ce faire, l'organisme vient de nouer un partenariat avec le groupe Continental, qui travaille déjà sur cette thématique notamment à travers son programme CO-PACE, dédié aux collaborations avec des start-ups innovantes.

"Grâce à ce nouveau partenariat, nous voulons essayer de monter en gamme dans notre accompagnement envers les startups et dans la mise en relation qu'on peut leur proposer avec des groupes industriels. Accueillir des startups qui travaillent sur la mobilité du futur, c'est assez logique car c'est un concept qui est en plein développement surtout à Toulouse. Ainsi, nous voulons inventer le futur", explique Nicolas Langevin, directeur général du Crédit Agricole 31, l'institution bancaire fondatrice de l'incubateur.

En effet, nombreuses sont les startups dans l'agglomération toulousaine dédiées à la mobilité du futur : EasyMile développe des voitures autonomes, Hyperloop TT va bientôt lancer des tests grandeur nature pour sa capsule qui pourrait circuler jusqu'à 500 km/h, ou encore la startup EVA et ses taxis autonomes volants, pour ne citer que les plus connues d'entre-elles.

Un appel à candidature lancé

Pour accompagner les jeunes entreprises qui travaillent dans le domaine de la mobilité du futur, le Village by CA de Toulouse souhaite mettre sur pied un pôle qui lui serait dédié, composé de plusieurs startups. Actuellement, sur les quarante entreprises accompagnées par l'incubateur seul une travaille sur la mobilité : My Sam, une startup qui développe une application sur smartphone du même nom qui permet de trouver une voiture de transport avec chauffeur (ou VTC).

Mais elle devrait être rejoint très rapidement par d'autres. Afin de mettre en place son pôle mobilité du futur, le Village by CA vient de lancer un appel à candidature qui s'achèvera le 30 juin. Au moins trois startups devraient intégrer la structure de 2 300 m2 dès septembre 2018 pour une durée de un à trois ans. Un trio qui bénéficiera de l'expertise de Continental.

"Notre rôle va être d'accompagner et de conseiller ces startups, de se positionner comme un mentor auprès d'elles, avant d'envisager éventuellement une collaboration plus approfondie. On ne s'interdit pas d'investir dans certaines entreprises si nous sommes convaincus par leur projet et pourquoi pas en acheter certaines", explique Gilles Mabire, CEO de Continental Automotive France et Country Head.

La collaboration entre le Village by CA et le groupe Continental, qui dispose de locaux à Toulouse notamment, est basée sur un engagement financier de trois ans avec un versement annuel de moins de 100 000 euros (Continental n'a pas souhaité communiquer le montant exact, ndlr). Cette somme permettra notamment de financer en partie le loyer des startups accueillies dans le cadre de ce pôle autour de la mobilité du futur.

Un rapport qui peut tout changer

À ce propos, certains acteurs toulousains qui se penchent au quotidien sur la mobilité du futur devaient avoir les yeux braqués sur Paris lundi 14 mai. En effet, c'est ce jour-là, qu'Anne-Marie Idrac, présidente du conseil de surveillance de l'Aéroport de Toulouse-Blagnac et Haute responsable pour la stratégie nationale du développement des véhicules autonomes, a remis au Premier Ministre, Édouard Philippe, un rapport sur cette question.

À plusieurs reprises le Président de la République, Emmanuel Macron, a fait part de sa volonté de faire de la France l'un des acteurs majeurs dans le développement de la voiture autonome. Problème, les expérimentations de voiture autonome sont très compliquées dans l'hexagone en raison du cadre législatif notamment. Ce rapport, rédigé par Anne-Marie Idrac, recense donc les chantiers prioritaires auquel doit s'atteler rapidement  le gouvernement pour faciliter le développement de cette innovation sur le territoire français. En voici quelques points de synthèse :

• Construire le cadre, d'ici 2020 à 2022, pour permettre la circulation de voitures particulières, de véhicules de transport public et de marchandises hautement automatisées en France. Si besoin, le code de la route, les règles de responsa- bilité ou encore la formation pourront être adaptés

• Structurer un programme national d'expérimentation pour tous les véhicules autonomes en impliquant les filières industrielles et les territoires

• Encourager et accompagner le développement de la cartographie numérique de précision, en identifiant les actions pouvant faire l'objet de mutualisation

• Mettre en place un suivi des perceptions individuelles et sociales et de l'acceptabilité du véhicule autonome pour identifier les questions critiques, y compris éthiques

• Réaliser une analyse détaillée de l'impact du développement du véhicule autonome sur les besoins en emplois et en compétences.

Le gouvernement souhaite autoriser l'utilisation des voitures autonomes dès le début de l'année 2020.