"Attention, dans 10 minutes un épisode de grêle est programmé sur votre route", alerte soudain le tableau de bord de votre voiture. Vous décidez d'en profiter pour vous arrêtez sur l'aire d'autoroute la plus proche le temps que le mauvais temps passe. Cette scène est fictive mais devrait devenir d'ici quelques années une réalité avec l'arrivée de nouveaux capteurs embarqués à bord des voitures. L'équipementier automobile Continental a créé au printemps dernier une filiale à Toulouse pour développer des services autour du véhicule connecté et autonome. Le groupe allemand travaille avec Météo France sur un service d'alerte météo participatif baptisé eHorizon Weather.

Des prévisions météo quasiment en temps réel

Depuis 2016, 200 véhicules internes de Continental et de Météo France sont équipés d'un boîtier connecté branché sur la prise diagnostic de la voiture. Il recueille des données afin de mieux saisir les conditions météo : température, précipitations (via le déclenchement des essuies-glaces), visibilité (via l'allumage des feux)... Ces données sont envoyées à Météo France et traitées par des prévisionnistes qui s'en servent notamment pour créer un service d'alerte météo hyperlocalisée.

"L'un des objectifs est d'envoyer des messages à l'automobiliste pour le prévenir de potentiels dangers sur son trajet. Nous espérons réaliser de la prévision immédiate, dans les 0 à 3 heures", explique Nadine Aniort, directrice adjointe marketing de Météo France.

Le déclenchement des essuies-glaces peut être un indicateur de pluie et signifier que la chaussée est glissante. Mais il existe actuellement tout un travail de qualification de ces données. Si les capteurs de température donnent une information fiable c'est plus compliqué pour les essuies-glaces. Leur déclenchement peut être lié par exemple au fait que la voiture passe près d'un rond-point avec un arrosage automatique."

Nadine Aniort insiste aussi sur le fait que ces capteurs à eux seuls ne pourront suffire à réaliser des alertes météo, il s'agit plutôt d'un outil complémentaire aux moyens déjà à disposition de Météo France pour les prévisions hyperlocalisées : stations au sol, satellites... "Il ne s'agira pas uniquement d'un flux montant d'informations, le système sera participatif, autrement dit les automobilistes pourront confirmer ou invalider les informations envoyées par les alertes", ajoute-t-elle.

 Une alerte pour prévenir l'automobiliste d'aller chez le garagiste

De son côté, Continental compte sur ces capteurs pour développer de nouveaux services pour sécuriser la conduite automobile.

"En détectant par exemple l'usure des pneus ou le niveau de liquide lave-glaces, on pourra prévenir le conducteur des opérations de maintenance à réaliser ou lui conseiller d'aller chez le garagiste", avance Blandine Tranchant, responsable de développement commercial chez Continental. À court-terme, les alertes seront envoyées vers un boîtier connecté installé dans le véhicule ou une application mobile dédiée. À moyen-terme, le système sera embarqué dans le véhicule sur le tableau de bord. À long-terme, il sera disponible dans le véhicule autonome."

Comme tous les industriels automobiles, Continental se prépare à la révolution des transports annoncée par l'arrivée sur les routes de ces voitures sans chauffeur. Et ce type d'alertes météo ou d'informations de maintenance pourrait faciliter la conduite automatisée et viser "le zéro accident" promis par les constructeurs de véhicules sans chauffeur.

Repérer les îlots de chaleur en ville

Au-delà des services de conduite, le programme eHorizon Weather a également une vocation scientifique. "La mesure de la température externe par les voitures peut servir à repérer les îlots de chaleur et renforcer la recherche scientifique dans ce domaine. Les capteurs envoient des données toutes les 5 minutes alors que pour les satellites cela peut être toutes les 20 minutes ou à chaque heure suivant le modèle. De plus, le volume de voitures en circulation peut générer à terme une densité de données intéressante. La combinaison de toutes ces sources de données peut permettre d'atteindre une meilleure observation de certains phénomènes scientifiques", espère Nadine Aniort.

En attendant, Continental et Météo-France cherchent à élargir le périmètre d'expérimentation du programme eHorizon Weather. Depuis janvier, 128 voitures de la flotte du Conseil départemental de Haute-Garonne sont équipées d'un même boîtier connecté que les 200 véhicules internes de Continental et de Météo-France. Et d'autres collectivités dans d'autres régions de France devraient suivre dans le courant de l'année 2018.