Avoir une maison qui n'utilise que très peu, voire pas de chauffage, en hiver, et reste fraiche l'été. Si l'idée est séduisante, avec l'urgence climatique, elle devient nécessaire.

À Bonrepos-sur-Aussonelle (Haute-Garonne), Alexandre Sornas, créateur de la société Tradition Bois, le sait bien. Depuis 20 ans, cet artisan-charpentier, ancien Compagnon du Devoir, fabrique des maisons passives. Cette technique permet d'éviter une déperdition de la chaleur grâce à un système de sur-isolation, le plus souvent en utilisant du bois, matériau douze fois plus isolant que le béton mais bien moins utilisé.

Un large potentiel restant à exploiter

Selon la dernière enquête du Syndicat français de la construction bois parue en 2017, les constructions de maisons à ossature bois représentaient, cette année-là, 9,1% des parts de marché des maisons individuelles.

"Chez nous, la plupart des maisons sont en béton, mais pour quelle raison ? Parce que le leader mondial de ce matériau est français. Pourtant la maison en bois représente 80 % des maisons dans le monde. En France, le bois était majoritaire avant l'avènement du béton. Je me suis juste mis à la construction indigène en y apportant les améliorations liées à la modernité. Nous mettons plus d'isolants en intérieur en utilisant de la laine de bois, et à l'extérieur avec de la fibre de bois", explique Alexandre Sornas.

Les maisons de Tradition Bois, fabriquées en matériaux bio sourcés, sont conformes à la réglementation thermique de 2020. Des modèles écologiques donc mais qui ne sont pas à la portée de toutes les bourses : la maison elle-même coute de 2 000 à 2 400 euros le mètre carré.

Qualité plutôt que quantité

À la différence d'autres professionnels du secteur, Tradition Bois n'est pas une entreprise de construction de maisons individuelles. Alexandre Sornas travaille uniquement la charpente en s'appuyant sur un réseau d'artisans - carreleur, maçon, architecte - et surtout sur son équipe de huit salariés, tous formés par ses soins dans le respect du savoir-faire des Compagnons.

Dans son vaste hangar, qui lui sert aussi de centre d'usinage, les artisans-charpentiers coupent, montent et assemblent les futures habitations. Les maisons sont réalisées en deux mois et montées sur le terrain du particulier en une journée. Un rythme que l'entrepreneur compte bien conserver.

"Nous ne faisons qu'un chantier à la fois. Quand on grossit trop, on perd en compétences et au final on perd de l'argent parce que l'on travaille moins bien", explique Alexandre Sornas.

Cette année, l'entrepreneur a quinze maisons inscrites à son agenda. Un carnet de commandes qui devrait, selon ses projections, lui permettre de réaliser un chiffre d'affaires de 1,2 million d'euros, une moyenne depuis plusieurs années.

Depuis ses débuts, Tradition Bois a fabriqué un peu plus de 400 maisons. "En 20 ans je n'ai pas eu un seul sinistre", conclut Alexandre Sornas, dont le travail à l'ancienne s'avère efficace sur ce critère également.