Les chiffres font froid dans le dos. Presque 2.000 emplois menacés en France, sur un total de 3.800. 580 emplois en région Nouvelle Aquitaine, 500 emplois en région Occitanie, 300 emplois en région Bourgogne Franche-Comté, 200 emplois en région Normandie, 200 emplois en région Auvergne-Rhône-Alpes, 80 en Île-de-France et 50 en Paca.
C'est une véritable saignée qui menace les équipes de la Scop Scopelec. Après avoir fait parler d'elle pendant des années pour sa croissance fulgurante, jusqu'à devenir la Scop la plus importante de France, la société tarnaise pourrait perdre son principal client, à savoir l'opérateur Orange.
"Le Groupe Scopelec est menacé par Orange du non renouvellement d'un marché d'exploitation et de maintenance des réseaux télécom à hauteur de 150 millions d'euros annuels. Une décision incompréhensible et injustifiable, alors que le groupe Scopelec travaille depuis près de 50 ans aux côtés d'Orange pour offrir l'excellence opérationnelle et la satisfaction à ses clients", a dénoncé récemment dans un communiqué la Confédération générale des Scop qui a sonné l'alerte auprès du gouvernement et des élus locaux.
Fondée en 1973, cette structure est devenue avec le temps une référence dans son secteur, où son activité consiste à établir et maintenir des réseaux de télécommunication. Ces dernières années, son business a été porté en particulier par le plan France très haut débit, lancé en 2014, avec une enveloppe de 20 milliards d'euros, qui doit permettre à l'ensemble des territoires de disposer du haut débit en 2022. Le besoin en réseaux de fibre optique a aussi été un véritable accélérateur pour Scopelec.
Un tiers du chiffre d'affaires menacé
Bien qu'aujourd'hui l'entreprise développe aussi une activité de services aux entreprises, toujours dans le domaine des télécommunications, son modèle économique est durement menacé par l'opérateur français, son partenaire historique depuis sa naissance. Régulièrement, Orange, lance de nouveaux appels d'offres sur ses marchés.
Jusqu'à aujourd'hui, la confiance en la Scop installée en région Occitanie était totale. Mais dans le cadre du renouvellement des contrats en 2022, Scopelec aurait perdu deux des trois lots jusqu'alors en sa possession et le troisième serait également menacé. Joint par La Tribune, le service communication, tout comme le président de la structure, Thomas Foppiani, n'ont pas souhaité commenter la situation. "Pour l'heure, nous ne souhaitons pas faire de commentaire sur ce dossier. Les prochaines semaines seront décisives", fait savoir l'entreprise. Selon une source proche du dossier, des discussions seraient toujours en cours entre les deux entreprises pour tenter de trouver un arrangement.
"Orange a lancé dès 2021 un appel d'offre visant à sélectionner les entreprises de travaux réseau partenaires d'Orange en France avec le but de continuer à maintenir un haut niveau d'exigence en matière de qualité des prestations rendues et en particulier celles qui visent à raccorder les clients. Conformément au cadre légal, Orange avait notifié en amont, à chacun de ses prestataires, la fin de la relation contractuelle en cours moyennant un préavis suffisant, leur permettant d'anticiper les suite", tient à fait savoir le groupe français.
Seulement, en cas de rupture ferme et définitive d'Orange à l'égard de Scopelec, ce sont ainsi plus de 150 millions d'euros de chiffre d'affaires annuels qui s'envolent pour la Scop détenue à 74,8% par ses salariés, sur un total de 460 millions d'euros.
"Aujourd'hui, le choix d'Orange, dont Scopelec est le premier partenaire, ne met pas seulement en péril les 1.910 emplois directement impliqués dans ce contrat à travers toute la France, il compromet également l'installation de la fibre optique dans notre pays et promet une dégradation inéluctable du réseau. À terme, enfin, c'est l'ensemble de l'entreprise qui risque de ne pas se relever de ce coup dur", s'inquiète la fédération FO Métaux.
Carole Delga dénonce des "logiques comptables"
Informée des menaces pesant sur l'emploi dans cette entreprise historique de la région, la présidente socialiste du conseil régional d'Occitanie, Carole Delga, a pris la plume pour s'adresser directement à Stéphane Richard, le PDG d'Orange sur le départ suite à sa condamnation dans l'affaire Tapie.
"Cette situation dramatique serait la conséquence de la perte par Scopelec d'un appel d'offres lancé par votre entreprise en février 2021, concernant le renouvellement des contrats de vie des réseaux (...) Les logiques comptables qui motivent aujourd'hui votre projet en choisissant un nouveau prestataire basé au Luxembourg ne correspondent aucunement à cette ambition (d'une croissance responsable)", a pesté l'élue régionale dans cette correspondance envoyée le 3 décembre.
Celle qui est aussi présidente des Régions de France demande à ce que cette décision soit "réétudiée". Néanmoins, il n'est pas certain que sa demande trouve un écho favorable alors que la direction de l'opérateur français est sur le point de changer.
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