Scopelec, la puissance montante des Scop en France

Elle est la numéro un des Scop en France par son nombre de salariés (3 500) et vient d’annoncer une levée de fonds de 25 millions d’euros. L’entreprise Scopelec basée à Revel, spécialisée dans la conception, l’exploitation et la maintenance d’infrastructures de télécommunication voit ces dernières années son activité exploser, grâce notamment au plan France très haut débit. Le directeur administratif et financier de Scopelec, Pierre-Yves Fargas, revient sur cette levée de fonds, la stratégie du groupe et ses objectifs dans un entretien accordé à La Tribune.
Pierre-Yves Fargeas en sa fonction de direction administrateur et financier de Scopelec, est le numéro 2 de l'entreprise basée à Revel, non loin de Toulouse. (Crédits : Romain Saada)

Scopelec vient d'annoncer une levée de fonds de 25 millions d'euros via un emprunt obligataire auprès de Zencap AM et Schelcher Prince Gestion. Une levée de fonds pour une Scop (entreprise détenue par ses salariés, ndlr) est-elle fondamentalement différente que pour une entreprise "classique" ?

Pierre-Yves Fargeas : Il n'y a pas de différence. Ces 25 millions d'euros, ce sont de la dette. C'est un emprunt obligataire sur sept ans qui est remboursable in fine, c'est-à-dire que tous les mois nous allons payer des intérêts pour la somme prêtée, mais les capitaux apportés seront remboursés une fois les sept années écoulées. Sur cette opération, nous avons décidé de ne pas ouvrir notre capital détenu à 68 % par les salariés aujourd'hui. Étant une Scop, on ne peut pas descendre en dessous des 51 % du capital détenus par nos effectifs afin de conserver notre statut. Par ailleurs, nous travaillons déjà sur de nouvelles opérations de ce genre pour courant 2018 afin d'accompagner notre forte croissance d'activité.

Que va vous apporter cette opération financière dans la poursuite du développement de l'entreprise Scopelec ?

Elle va nous permettre de poursuivre la croissance de notre masse salariale en lien avec l'accélération de notre activité ces dernières années. Le secteur des télécommunications est dans une phase de croissance forte grâce notamment aux ambitions du nouveau gouvernement qui veut mettre fin aux zones blanches (secteur géographique sans réseau, nldr). Il faut ajouter à cela le plan France très haut débit, lancé en 2014, avec une enveloppe de 20 milliards d'euros, qui doit permettre à l'ensemble des territoires de disposer du haut débit en 2022. Par conséquent, pour répondre à ce besoin d'infrastructures, nous avons embauché sur toute la France près de 500 personnes par an sur les trois dernières années et les embauches vont continuer sur le même rythme en 2018. Ensuite, ces 25 millions vont assurer nos besoins en fonds de roulement, l'argent qui permet de faire tourner l'entreprise au quotidien.

En plus de votre cœur de métier historique, qui consiste à établir et maintenir des réseaux de télécommunication, vous désirez développer votre activité dans le secteur des services IT aux PME, ETI et TPE. Pourquoi vouloir développer cette nouvelle activité ?

Dans notre secteur des télécoms, on remarque que la frontière entre la télécommunication et l'IT (pour Information Technology) est en train de disparaître. L'évolution de notre activité fait que ces deux domaines sont en rapprochement depuis un certain temps. Notre idée est donc de proposer un prestataire unique pour un service complet sur les services IT aux entreprises, qui regroupe la maintenance et la sécurisation du réseau informatique, de son matériel, de ses outils de stockage et des logiciels notamment. Il y a un réel besoin pour les PME, ETI et TPE sur ce segment-là, nous ne visons pas les grosses entreprises. Nous travaillons énormément sur le développement de cette nouvelle activité et nous savons que nous aurons quelques acquisitions de petites entreprises à faire pour acquérir certaines compétences de niche, qui prendraient trop de temps à développer en interne. En 2017, les services IT aux entreprises représentaient 15 millions d'euros de notre activité et nous tablons sur 50 millions d'ici 3/4 ans.

Pourquoi avoir créé il y a deux ans votre propre centre de formation, le Scopelec campus ? Avez-vous remarqué un certain manque de compétences dans les CV que vous recevez au quotidien ?

Oui, il y a un gros déficit de compétences en France dans le domaine des télécoms. Le réseau Internet est virtuel, mais sa mise en place sur le terrain se fait par des bras compétents. Quand nous recrutons une personne elle met un certain temps avant d'adopter nos technologies et nos méthodes. Le Scopelec campus a pour vocation une montée en compétences plus rapide que la normale pour les personnes recrutées en proposant des formations qualifiantes.

Son site principal se trouve à Revel, lieu où se situe le siège social historique de l'entreprise et dispose de deux sites décentralisés à Bordeaux et Rennes. D'autres implantations vont être annoncées cette année mais les sites ne sont pas encore définitivement choisis. Par ailleurs, notre formation est itinérante grâce à nos modules de formation conçus avec des équipements mobiles, dont 780 personnes ont bénéficié au total l'année dernière. Même si le Scopelec Campus monte en puissance, il ne couvre pas tous nos besoins en main d'œuvre face à notre rythme de croissance. Nous sommes passés de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2014 à 406 millions en 2017. Nous tablons sur 440 millions d'euros en 2018.

Prochainement, vous allez officiellement poser la première pierre de votre futur bâtiment dans l'agglomération toulousaine, à Saint-Orens précisément.  Quelle utilité aura ce bâtiment ?

Actuellement, nous avons trois implantations différentes dans l'agglomération toulousaine, une à Ramonville et deux à Labège. Nous allons donc rassembler sur un seul et même lieu, à Saint-Orens, ces trois antennes qui représentent un total de 200 personnes. Nous voulons faire de Saint-Orens le lieu Scopelec de la métropole toulousaine. Mais le siège social à vocation à rester à Revel. Ce nouveau site va rassembler 1 000 m2 de bureaux et 3 500 m2 de site opérationnel avec notamment une grande partie consacrée au stockage du matériel. Il sera mis en service au quatrième trimestre 2018.

Depuis la création de Scopelec en 1973, vous êtes parvenu à conserver le statut de Scop. Quelles sont les forces de ce statut si particulier ?

Nous sommes indépendants et maître de nos décisions. Nous ne sommes pas soumis à la volonté de rentabilité rapide réclamée par des actionnaires provenant de fonds de pension. Cela nous permet d'adhérer à des missions de long terme sur un certain nombre de sujets. Typiquement, nous avons fait le choix d'investir dans la formation avec notre propre centre de formation en adoptant cette vision de long terme, alors que d'autres font le choix de faire appel à des travailleurs détachés, mais ce n'est pas notre ADN. Les salariés, qui sont aussi actionnaires, sont des acteurs directs des performances économiques de l'entreprise, ce qui modifie la perspective au quotidien.

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