À Toulouse, que craignent les opposants au compteur électrique Linky ?

Entamée en début d’année, la pose des compteurs électriques Linky à Toulouse provoque la colère de certains riverains. Le collectif Antennes 31 - Robin des toits Midi-Pyrénées juge ces nouveaux compteurs intelligents dangereux en matière de santé et d'exploitation des données personnelles. Il vient d’ouvrir une permanence à Toulouse, malgré une mobilisation encore assez faible dans la Ville rose.
Toulouse Métropole sera équipée de 440 000 compteurs Linky d'ici 2020.

L'installation a commencé aux Amidonniers, puis dans les quartiers d'Empalot et de Saint-Michel pour s'étendre, d'ici 2020, à l'ensemble de la métropole toulousaine. Au total, Enedis (ex ERDF) y installera 440 000 compteurs électriques Linky.

Ce nouveau compteur intelligent doit permettre, d'après Enedis, d'être plus réactif en cas de panne, de mieux maitriser la production d'énergies renouvelables ainsi que de relever les compteurs à distance.

Mais dans certains quartiers toulousains, comme un peu partout en France, le nouveau compteur intelligent suscite le débat. À Saint-Michel, des réunions ont été organisées pour informer les habitants. Impact sur la santé, mode de facturation, récupération des données...tous les sujets polémiques à propos du compteur électrique Linky sont abordés.

"Nous avons accueilli le collectif Antennes 31 - Robin des toits Midi-Pyrénées pour qu'il informe la population sur les risques, explique Guillaume Drijard, président du comité de quartier de Saint-Michel. Le collectif a un discours très partisan, certes, mais qui permet de contredire le discours officiel d'Enedis."

"Moins d'une centaine de refus sur Toulouse"

L'objectif de ces rassemblements est de renseigner les citoyens sur les démarches à entreprendre en cas d'opposition souhaitée à Linky. Dans le quartier de Saint-Michel, une cinquantaine de personnes ont d'ores et déjà envoyé des lettres au distributeur d'électricité pour exprimer leur désaccord quant à l'installation de ce nouveau compteur intelligent. Parmi elles, une locataire d'un appartement dans une résidence sécurisée, dont le compteur a été changé la semaine dernière. (Cette habitante souhaite rester anonyme).

"Deux agents d'Oti France (sous-traitant en charge de l'installation de Linky, NDLR) sont entrés dans ma résidence et sont venus sonner à mon domicile, raconte-t-elle. Cependant, avant que je ne leur ouvre la porte ils avaient déjà commencé à démonter mon compteur. Malgré les lettres de refus que je leur montrais, les deux techniciens ont changé l'intégralité de mon compteur sous mes yeux."

Cette habitante du quartier de Saint-Michel affirme avoir eu au téléphone Enedis, quelques jours plus tôt, et n'avoir absolument pas été prévenue d'un quelconque passage de techniciens.

De son côté, Gaétan Gueguen, directeur territorial d'Enedis à Toulouse Métropole assure que "moins d'une centaine de refus" ont été déclaré dans la Ville rose. Il rappelle également que chaque client est informé de la demi-journée d'intervention, par courrier personnel, 30 à 45 jours à l'avance.

Si la jeune femme n'a pour l'instant pas décidé de déposer plainte pour violation de domicile elle assure vouloir déménager.

Des permanences à Toulouse

Depuis l'annonce de l'installation des compteurs Linky (35 millions d'ici 2021), plusieurs associations, dont Robin des toits, sont montées au créneau. Elles dénoncent un danger sur le plan sanitaire.

"La méthode utilisée, celle du courant porteur en ligne (CPL) conjuguée à l'installation d'antennes relais n'est pas bonne pour notre santé, développe Marie-France Hébrard, l'une des fondatrices d'Antenne 31 - Robin des toits Midi-Pyrénées. Nous devrons nous trouver à deux voire trois mètres du compteur pour ne pas être exposé à des risques de maladies (fatigue, migraine, apparition plus précoce de la maladie d'Alzheimer...)."

De son côté, Enedis assure que le compteur intelligent est sans danger pour la santé. Le distributeur d'électricité s'appui notamment sur un rapport de l'Agence Nationale des Fréquences paru en mai 2016. Ce rapport souligne que Linky génère un champ électromagnétique, à l'image d'une cafetière, mais positionné au-delà de 50 centimètres du compteur, ce champ devient indétectable.

"Linky émet 200 fois moins d'ondes électromagnétiques qu'une ampoule basse consommation et 1200 fois moins qu'un réfrigérateur, calcule Gaétan Gueguen, directeur territorial Enedis de Toulouse Métropole. Robin des toits devrait plutôt monter un collectif anti-frigo."

Par ailleurs, l'installation des compteurs intelligents Linky est obligatoire (voir encadré). Pour lutter contre cette décision, l'association a opté pour une mobilisation pacifiste au sein du département. Elle organise des réunions publiques dans l'Aveyron, le Tarn mais également à Toulouse. Elle vient d'ailleurs d'y ouvrir des permanences. La volonté de l'association est d'accompagner les citoyens.

"Notre objectif initial est d'informer la population, nous ne souhaitons pas manifester ou défilé dans la rue, rappelle Marie-France Hébrard. Dès 2011, nous communiquions déjà autour des dangers de Linky, mais il n'y avait eu aucune réaction de la part des citoyens. Aujourd'hui la mobilisation est beaucoup plus importante."

Antenne 31 - Robin des toits Midi-Pyrénées admet cependant que la mobilisation démarre timidement sur Toulouse.

La problématique du Big Data

Outre l'aspect sanitaire, les opposants au boîtier jaune fluo s'inquiètent des éventuels problèmes en termes de récupération des données. Ils dénoncent une collecte d'informations en temps réel permettant au distributeur d'électricité de connaître les habitudes de vie de chacun.

Gaétan Gueguen, directeur territorial d'Enedis, conteste ces accusations soulignant "que les données de consommation sont récupérées une fois par jour et que le compteur ne permet pas de connaître précisément l'appareil qui fonctionne. Il précise :

"Les données de consommation qui transitent par Linky sont cryptées et protégées. Nous sommes sur un degré de protection équivalent à celui du système bancaire. Puis les données que nous recueillons appartiennent au client."

Un refus d'installation impossible

Une directive européenne, datant de 2009, impose aux pays de l'Union Européenne de déployer des compteurs électriques intelligents pour au moins 80% des consommateurs du marché intérieur. Gaétan Gueguen, directeur territorial Enedis de Toulouse Métropole, précise « qu'Enedis n'ira pas à l'encontre de la directive et qu'à terme tous les compteurs seront changés. » Cependant, quelques pays, à l'image de l'Allemagne ont décidé de ne pas imposer ces compteurs intelligents à tous les citoyens. Outre-Rhin, seuls les très gros consommateurs devront en être dotés.

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