Succès pour la soirée du CJD Toulouse, un show sur le thème des émotions

1 100 personnes ont assisté hier soir au rendez-vous annuel du Centre des jeunes dirigeants de Toulouse. La soirée, qui a changé de formule, a offert aux chefs d'entreprises un véritable spectacle. Il faut dire que le thème choisi cette année, les émotions dans l'entreprise, se prêtait à toutes les analyses, mais aussi à pas mal d'autodérision.
Un trio d'impro a improvisé des sketches à partir du mur de mots réalisé en temps réel

Les émotions ont-elles leur place dans l'entreprise ? À peine posée, cette question, thème phare de la soirée annuelle du Centre des jeunes dirigeants de Toulouse, a trouvé sa réponse : oui. Point de débat donc, hier soir, au Casino-Théâtre Barrière, mais une succession de témoignages, de sketches et de plaisanteries pour arriver à la conclusion suivante : les émotions influencent les décisions, il faut donc les accepter et les réguler.

Et hier soir, après la traditionnelle garden party ensoleillée dans les jardins du Casino, l'émotion la plus palpable était sans doute l'euphorie. Le maître de cérémonie, le survolté Philippe Risotto, n'y était pas pour rien : autodérision, blagues grivoises, langage de one man show... La soirée a pris des allures de show devant un public qui en redemandait. L'événement, qui a changé de format, a ainsi alterné musique, pitchs, improvisations théâtrales, consultations interactives du public et témoignages. 1 100 chefs d'entreprises, cadres, et décideurs politiques toulousains étaient présents.

"Si on avait le moral, on pourrait créer des millions d'emplois"

Quatre personnalités économiques et politiques ont ouvert la soirée : François Bonvalet, directeur de TBS, Alain Di Crescenzo, président de la CCI 31, Dominique Faure, vice-présidente de Toulouse Métropole, et Nadia Pellefigue, vice-présidente de la Région. Orateur chevronné, Alain Di Crescenzo a soulevé les rires de l'assemblée en évoquant la notion de produit intérieur brut du bonheur :

"Notre PIB est trop étroit pour prendre le pouls de l'économie. On ne prend pas assez en compte l'épanouissement des acteurs de l'entreprise. Selon BPIFrance, la sinistrose coûte 1 % de PIB par an ! Si on avait le moral, on pourrait créer des millions d'emplois."

Nadia Pellefigue a rebondi sur la notion d'intelligence émotionnelle et de management : "Le terme d'intelligence émotionnelle émerge doucement, du bout des lèvres, dans les RH. On comprend de plus en plus que l'efficacité ne vient pas de l'absence d'émotions." L'élue a également évoqué la "difficulté d'être soi" dans le monde du travail :

"Nous sommes soumis à des injonctions contradictoires : on doit se libérer, dire qui on est, exprimer sa passion pour une entreprise ou un territoire. En témoigne la mise en scène de soi et de son entreprise sur les réseaux sociaux... En même temps, il faut être dans la responsabilité, dans le contrôle, et ce dans un contexte de crise environnementale, économique, sociétale. Conjuguer raison et émotion est un vrai challenge."

"Il est inutile de vouloir toujours positiver"

L'intervention du médecin psychiatre Christophe André a constitué le clou de la soirée. Coauteur de Trois Amis en Quête de Sagesse, ce spécialiste des troubles émotionnels assure que "la recherche scientifique a aujourd'hui montré que les émotions étaient indispensables et précieuses, à une condition : avoir compris les mécanismes de leur apparition et de leur régulation".

À travers une présentation pleine d'humour (il compare le visage dévasté par l'émotion d'Adam et Eve chassés du paradis à celui de footballeurs perdant un match dans une grande compétition), Christophe André a tenté d'expliquer comment les émotions positives nous permettent d'être plus performants :

"Les gens de mauvaise humeur se focalisent sur les détails. Les gens de bonne humeur voient les choses dans leur globalité, ont plus de recul et relativisent davantage les problèmes."

Néanmoins, "il est inutile de toujours positiver", assure le médecin. "On a besoin des émotions négatives. Des fois, c'est bien d'être triste, stressé, ou agacé. Le contraire serait une absurdité."

Selon lui, le ratio émotions positives / émotions négatives des gens "normaux" se situe à trois quarts / un quart. Chez les personnes anxieuses, le ratio passe à 50 / 50. Chez les personnes en dépression, il s'inverse carrément avec trois quarts de négatif et un quart de positif.

Au sujet du stress, le médecin a un discours nuancé :

"On a longtemps considéré le stress comme une source de motivation et de créativité. Cela est vrai, mais uniquement dans certaines situations. Ça marche surtout pour des tâches simples. Le stress n'est pas bon pour élaborer une stratégie ou comprendre une situation complexe."

"La peur fait partie de la course"

C'est la navigatrice Samantha Davies qui a clos la soirée, avec un témoignage sur ses "émotions de l'extrême", vécues lors de ses 4 tours du monde en bateau (dont deux qu'elle a pu terminer) et ses 21 transatlantiques. Lors du Vendée Globe 2008, elle est partie trois mois seule sur son bateau après "des années d'entraînement pour performer et pour survivre".

Le poids de la fatigue et du stress sur les décisions, mais aussi la peur, ont fait partie de son quotidien :

"En bateau, j'ai peur, mais je n'ai pas peur d'avoir peur. La peur fait partie de la course. Je suis préparée à toute éventualité. Quand vraiment je suis en danger, je n'ai pas le temps d'avoir peur. J'ai peur avec le recul, deux ou trois jours après. La peur, sur le moment, ne sert a rien."

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