Aéronautique : l'aéroport d'Auch montre la voie pour restaurer des prairies naturelles

Dans le Gers, pour la première fois, l'aéroport d'Auch a mis à disposition deux hectares de terrains pour récolter des graines par milliers qui seront livrées aux éleveurs locaux et feront perdurer la biodiversité. Cette démarche pourrait à terme se multiplier dans les plateformes aéroportuaires françaises, qui regorgent de prairies naturelles, au moment où les acteurs de l'aérien sont pressés d'adopter une trajectoire plus vertueuse pour l'environnement.
Dans le Gers, pour la première fois, l'aéroport d'Auch a mis à disposition cette année deux hectares de terrains pour récolter des graines par milliers qui seront livrées aux éleveurs locaux et feront perdurer la biodiversité.
Dans le Gers, pour la première fois, l'aéroport d'Auch a mis à disposition cette année deux hectares de terrains pour récolter des graines par milliers qui seront livrées aux éleveurs locaux et feront perdurer la biodiversité. (Crédits : Camille Mulatero)

En cette journée du mois de juin, un avion survole les terrains de l'aéroport d'Auch dans le Gers. Nous sommes bien loin des pistes de la plateforme et en dehors de toute zone liée à la sécurité aérienne. C'est dans cet endroit insolite qu'un tracteur, équipé de brosses similaires à celles utilisées pour nettoyer les trottoirs des villes, s'est mis à fouetter les épis des plantations. Lin, origan, fromental, fétuque, plantain... En quelques heures, près d'une centaine de kilos de graines variées ont pu être récoltées. Elles seront livrées aux éleveurs locaux pour être replantées dès cet automne et contribueront à faire perdurer les prairies naturelles mises à mal ces dernières années par l'intensification des pratiques agricoles et l'artificialisation des sols.

« Les aéroports sont des espaces de biodiversité, dont la majorité de ses surfaces est constituée d'espaces naturels pour la faune et la flore. L'aéroport d'Auch a fait le choix de laisser cette richesse se développer sur une parcelle test de deux hectares, sur une superficie totale de 69 hectares, en dehors de toute zone liée à la sécurité aérienne », décrit David Bidou, directeur de l'aéroport d'Auch-Gers.

Le discret aéroport gersois ne dispose pas de lignes commerciales mais enregistre 15.000 mouvements par an, principalement pour l'aviation d'affaires et de loisirs. Il s'est diversifié ces dernières années en accueillant sur ses terrains des activités industrielles et notamment la société JCB Aero (aménagement intérieur des avions VIP), la société RTE pour l'entretien des lignes haute tension sur le Sud-Ouest de la France et le Massif central ainsi qu'un centre de télétravail Météo-France. Par ailleurs, la plateforme accueille des formations de pilotes professionnels mais également la société Eforsa, première école de formation de pompiers d'Aéroport de France.

De grandes surfaces propices à la récolte des graines

La plateforme s'est alliée avec le conservatoire botanique des Pyrénées et l'Adasea ( association agréée pour la protection de l'environnement) du Gers dans le cadre du programme LIFE Coteaux Gascons pour mettre au point cette opération inédite.

« Les aéroports sont très intéressants parce que ce sont des espaces maintenus en herbe et non pas laissés à l'abandon. Ils disposent en plus de grandes surfaces et de terrains plats. Tous ces critères facilitent la récolte des graines », remarque Camille Mulatero, assistante chargée de restauration écologique au conservatoire botanique national Pyrénées et Midi-Pyrénées.

« Le stock de graines récoltées va répondre à un double objectif : ces prairies vont être réimplantées chez des éleveurs pour permettre d'augmenter la productivité de la prairie, encourager une alimentation de qualité mais aussi de restaurer la biodiversité », indique pour sa part Aurélie Belvèze, coordinatrice technique du Life Côteaux gascons et Adasea dans le Gers.

Une démarche amenée à se multiplier en France

Les exemples de telles opérations restent encore rares sur les aéroports français. L'été dernier, une opération similaire avait par exemple été menée à proximité de l'aéroport de La Rochelle. Pour autant, cette démarche pourrait à terme se multiplier dans les plateformes aéroportuaires françaises en raison du potentiel de biodiversité dont regorgent les plateformes.

A l'heure aussi où les acteurs de l'aérien sont pressés d'adopter une trajectoire plus vertueuse pour l'environnement... Les aéroports français se sont ainsi engagés à réduire de 50% leurs émissions de CO2 dès 2030 et d'atteindre la neutralité carbone en 2050.

« Nous avons remarqué une volonté d'intégrer un volet biodiversité au sein des aéroports. Nous sommes en train de recenser sur une carte tous les espaces où des graines seraient disponibles de manière à organiser de nouvelles récoltes en Occitanie et jusque dans la région Nouvelle-Aquitaine », indique Camille Mulatero.

Pour sa part David Bidou a sensibilisé l'Union des aéroports français (UAF) à cette démarche. L'opération s'inscrit dans une démarche RSE plus globale de l'aéroport d'Auch-Gers qui a aussi réalisé des inventaires faune et flore et installé des ruches : « C'est un tournant obligatoire pour le domaine de l'aviation », estime le directeur.

Hub pour les mobilités décarbonées

Outre la biodiversité, le gestionnaire de la plateforme (composé de la CCI, de l'agglomération et du Département du Gers) devrait trancher d'ici la fin de l'année sur des pistes pour favoriser les transports décarbonés sur la plateforme. L'aéroport gersois aimerait se positionner comme un hub énergétique pour les mobilités vertes. Plusieurs pistes sont étudiées.

La première serait de lancer de nouvelles lignes dans le Sud-Ouest à bord d'avions à hydrogène ou électriques. L'aéroport gersois est situé à 45 minutes de Toulouse où les projets d'avions électriques ou à hydrogène se multiplient : Aura Aero planche sur un avion électrique de 19 places, Blue Spirit Aero aimerait faire voler un aéronef de 4 places à hydrogène... Sans compter les startups étrangères qui implantent leur R&D dans la Ville rose pour développer cette aviation décarbonée (H3 DynamicsUniversal Hydrogen, ZeroAvia). La plateforme aimerait former les futurs pilotes et favoriser les essais de ces nouveaux aéronefs et réfléchit à installer des panneaux photovoltaïques et des bornes pour recharger les voitures, les bus ou les vélos électriques...

Lire aussiL'aéroport d'Auch veut devenir un hub énergétique pour les mobilités décarbonées

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