La Truitelle lève des fonds pour vendre des petites truites de montagne bio

Implantée dans l'Aude, La Truitelle offre une alternative à la consommation d'espèces marines menacées par la surpêche à travers des petites truites de montagne bio. La conserverie audoise commercialise ses produits dans près 300 points de vente en France et aussi en Europe. En pleine croissance et dotée d'une forte traction d'une commerciale, elle lance une campagne de financement participatif qui servira notamment à financer son déploiement dans la grande distribution. La sécurisation de ses approvisionnements jouant un rôle clé, la société est en train d'acquérir une pisciculture dans l'Aveyron afin de maîtriser l'élevage de ses petits poissons.
(Crédits : La Truitelle)

Ouverte depuis près d'un an à Espéraza, au cœur de la haute vallée de l'Aude, La Truitelle, est une conserverie responsable spécialisée dans la transformation de petites truites bio de montagne des Pyrénées. Ces petits poissons, provenant exclusivement d'Occitanie, ont un impact environnemental moindre grâce à leur provenance locale et à leur mode d'élevage en agriculture biologique (AB). Cette offre inédite participe aussi à la préservation des ressources marines.

 « À travers les petites truites d'élevage, nous nous posons comme une vraie alternative à la surpêche du poisson de mer comme la sardine par exemple. Cela préserve aussi les poissons de fourrage qui sont transformés en farine pour nourrir les poissons d'élevage. La truite que nous transformons en consomme beaucoup moins que les poissons d'élevage traditionnels. Enfin, nos conserves sont les premières à présenter le label AB », raconte François Isambert, cofondateur de La Truitelle en 2020.

 Afin de franchir une nouvelle étape, financer son développement commercial, notamment à travers le recrutement d'un directeur commercial et d'un commercial terrain dès janvier prochain, et pour sécuriser ses approvisionnements, l'entreprise lance sa première levée de fonds portant sur un besoin en financement de 400.000 euros. Pour réunir cette somme, La Truitelle a fait le choix de s'appuyer sur les consommateurs et citoyens à travers le crowdfunding. Accessible sur la plateforme Tudigo.co, la campagne de financement participatif se déroulera jusqu'à mi-novembre prochain.

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(Crédits : La Truitelle)

« Le financement participatif nous permet d'avoir comme investisseurs des ambassadeurs. Chaque personne qui aura investi, va manger de La Truitelle, faire goûter de La Truitelle, et parler de La Truitelle », précise le dirigeant.

Une pisciculture pour produire plus

 En lien avec ce tour de table, la petite société est sur le point d'acquérir une pisciculture, dans l'Aveyron, près de Millau, afin d'assurer son approvisionnement en poisson, d'augmenter sa capacité de production et d'acquérir une certaine indépendance. Cette opération nécessite un investissement de 300.000 à 400.000 euros. Jusqu'à présent, l'élevage était externalisé chez des pisciculteurs partenaires installés dans l'Aude, en Ariège et en Lozère.

 « Les truites que nous transformons pèsent entre 13 grammes et 40 grammes et nécessitent six à huit mois d'élevage, ce qui est long. Tant que nous n'avons pas notre propre outil d'élevage, nous sommes tributaires des pontes et délais de nos partenaires. Nous avons un besoin important en matière première et de rationaliser et planifier la production ce qui nous pousse à acheter une pisciculture. Nous avons un enjeu important d'assurer notre approvisionnement en poisson de manière pérenne, car nous avons une traction commerciale à laquelle nous ne pouvons pas répondre complètement. Par exemple, nous venons de démarrer un référencement national chez Naturalia, mais notre stock et capacité de production ne nous permettent pas de fournir plus de 50 magasins. »

 Ce futur outil devrait ainsi lui permettre d'avoir du poisson en permanence et de faire tourner sa petite conserverie d'une capacité de production de 400.000 boîtes par an et de 2.000 par jour toute l'année, à flux tendu et non plus de façon périodique. Il devrait entraîner deux embauches

Une présence commerciale forte

 Opérationnelle début 2024, la pisciculture va contribuer à étoffer considérablement le nombre de points de distribution des produits La Truitelle. Aujourd'hui, ils sont commercialisés à travers trois segments, les magasins bio, les épiceries fines et la grande distribution. « La marque La Truitelle est utilisée sur les produits haut de gamme dans les épiceries fines avec une gamme et un format de boîtes différents. La même marque avec des boîtes et recettes spécifiques est destinée pour la distribution bio. Enfin, nous venons de lancer Audouce pour le secteur de la GMS (grande et moyenne surface », détaille le président.

En tout et pour tout, les différentes recettes sont distribuées dans près de 230 points de vente, partout en France. Les petites truites en boîte sont disponibles dans les rayons d'enseignes comme Carrefour, Leclerc, Naturalia, Biocoop, La Vie Claire ou encore au BHV Marais et aux Galeries Lafayette Haussmann à Paris. À ce jour, 60 % des ventes sont réalisées en magasins bio, 30 % dans les épiceries fines et 10 % en GMS. Les références sont aussi commercialisées à l'international dans 70 lieux différents, en Belgique, en Allemagne, en Autriche et aux États-Unis. L'export représente à ce jour 15 % des activités de la société.

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(Crédits : La Truitelle)

« Nous sommes en discussion avec un géant de la grande distribution pour réaliser un produit bio en marque distributeur avec un lancement à l'été 2024. C'est entre 800 à 1.200 magasins en France qui pourraient être impliqués. Nous devrions également rentrer chez Relais-Vert, le plus grand grossiste de produits biologiques qui sert plus de 3.000 magasins indépendants », révèle l'ancien journaliste.

D'ici fin 2023, La Truitelle envisage d'ajouter 70 nouvelles adresses à son réseau de distribution en France. En 2024, grâce aux nouvelles opportunités dans la GMS, c'est près de 100 magasins qui pourraient s'ajouter à sa liste de distributeurs. Ces évolutions devraient lui permettre de passer d'un chiffre d'affaires de 200.000 euros pour l'exercice 2023 à entre 500.000 et 700.000 euros pour 2024. En 2027, La Truitelle projette d'atteindre les trois millions d'euros de chiffre d'affaires.

« Devenir leader français ou européen »

 La structure emploie à ce jour six salariés auxquels s'ajoutent une dizaine de saisonniers en phase de production. La Truitelle a choisi de s'implanter dans un territoire impacté par la désindustrialisation, et d'embaucher un public éloigné du travail ou en situation de handicap, ce qui lui a valu l'agrément Entreprise solidaire d'utilité sociale.

 « Nous voulons avoir de l'impact environnemental et social notamment sur le département de l'Aude qui est l'un des plus pauvres de France. Nous souhaitons être leader français ou européen, une entreprise influente et importante dans le secteur de la conserve de poisson durable », conclut François Isambert.

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