Cegelec Défense veut produire en série des hôpitaux mobiles

Le spécialiste toulousain des shelters à usage militaire a conçu pour le CHU de Toulouse un hôpital mobile. D'autres projets sont à venir : une unité de décontamination et un dôme sensoriel. Peu impactée par la crise sanitaire, Cegelec Defense continue de recruter dans la Ville rose.
Cegelec Défense et le CHU de Toulouse ont mis au point un hôpital mobile déployable en 40 minutes.
Cegelec Défense et le CHU de Toulouse ont mis au point un hôpital mobile déployable en 40 minutes. (Crédits : Rémi Benoit)

Depuis quelques jours, le téléphone des dirigeants de Cegelec Défense n'arrête pas de sonner. Le 9 novembre, la société toulousaine était présente aux côtés du Samu 31 lors du premier déploiement d'un hôpital mobile pour prendre en charge les malades de la Covid-19.

Transportable par un seul camion, le conteneur se transforme en 40 minutes en cinq box d'une surface totale de 66 m2 capable d'accueillir 18 patients en même temps. Tout le matériel d'urgence (respirateurs, bouteilles d'oxygène...) est directement embarqué à bord. Cette prouesse technologique, née de la collaboration entre le CHU de Toulouse et l'industriel Cegelec Défense, a été largement relayée dans les médias et sur les réseaux sociaux, y compris par l'Elysée.

 "Nous avons reçu plusieurs sollicitations, nous avons même été contactés par des studios de cinéma", lance Frédéric Tribet, chef de l'entreprise Cegelec Défense Solutions et services.

Un acteur historique du secteur de la défense

Basée à Toulouse, Cegelec Défense est décrite par son président Gilles Laborde comme "une vieille dame née en 1967 suite à la volonté d'indépendance du Général de Gaulle dans l'optique de se munir d'une capacité de dissuasion".

Le métier historique de Cegelec Défense est de construire des infrastructures durcies de type bunker pour protéger les systèmes de télécommunications des agressions extérieures. Le groupe produit aussi des systèmes de protection passive (clôtures, portails, herses) ou active (systèmes de badges, détection des intrusions, caméras de vidéosurveillance) de sites sensibles. Elle a aussi une activité de tourelles et de stabilisateurs d'antennes des systèmes d'armes.

"Notre principal client est le ministère de la Défense, soit en direct via des marchés publics soit en rang 2 pour des maîtres d'oeuvre majeurs tels que Thales, Naval Group, MBDA, Safran, Airbus", indique Gilles Laborde.

Depuis le début des années 2000, elle s'est lancée dans la fabrication de 'shelters' (abris mobiles) pour les armées française et espagnole, la gendarmerie et les opérations extérieures. "Nous ne sommes pas des compétiteurs d'Algeco puisque nos shelters sont conçus pour des marchés très spécifiques", ajoute-t-il. Ces conteneurs dépliables sont utilisés comme des postes de commandement et de gestion de crise.

Avec le Samu 31, la première rencontre remonte à mai 2019. L'idée était d'adapter le concept à un usage médical. Le top départ de la construction a été donné juste avant le premier confinement. Les équipes de Cegelec Défense ont suivi les urgentistes en pleine gestion de la pandémie pour mieux comprendre leurs contraintes de travail. L'hôpital mobile présenté début novembre est le premier prototype né de cette collaboration.

Bientôt un hôpital mobile par région ?

Mais l'entreprise toulousaine ne compte pas s'arrêter là.

"Nous sommes capables de produire en série ces unités mobiles (de l'ordre de une tous les mois ou tous les deux mois, ndlr). L'hôpital mobile aura sa pertinence par zone de défense. L'idée serait de développer ce système sur chacune des régions de France et avec un équipement qui pourrait être partagé entre plusieurs Samu", imagine Frédéric Tribet.

Sur le même principe du shelter, Cegelec Défense travaille avec le CHU de Toulouse et le centre de réponse à la catastrophe (CRC) sur une unité mobile de décontamination qui sera opérationnelle courant décembre.

"Elle pourrait être utilisée dans lors de catastrophes industrielles de type AZF ou Lubrizol, après des attentats. L'unité pourra doucher et traiter 100 à 150 victimes à l'heure. Certains hôpitaux sont dotés d'unités de décontamination mais ce sont des unités fixes. Cela réclame du foncier et beaucoup d'investissements. L'unité mobile aurait l'avantage de pouvoir être partagée entre plusieurs hôpitaux. Cela permet aussi d'intervenir sur le lieu de la catastrophe, en rejoignant la philosophie du Samu de l'hôpital hors les murs, de sortir les soignants et les amener sur les lieux de catastrophe pour sauver le maximum de vies", développe Frédéric Tribet.

Cegelec Défense planche avec les urgentistes sur un troisième projet encore plus ambitieux.

"Nous travaillons avec le centre de réponse à la catastrophe sur un dôme de simulation sensoriel pour former les équipes de secours et les mettre en situation de stress important avec de la fumée, des odeurs, du froid, du chaud, de la pluie, de la fumée. Le dôme serait assemblé à partir de plusieurs conteneurs pour atteindre une surface totale de 150 m2. L'espace serait suffisamment grand pour faire entrer des véhicules d'intervention, des ambulances et même un bus", poursuit le dirigeant.

Là encore cet équipement pourrait être partagé entre plusieurs hôpitaux. Sur ce projet qui devrait voir le jour d'ici quelques années, Cegelec Defense travaillerait avec Akka Technologies et Airbus.

Une dizaine de recrutements d'ici la fin de l'année

Cegelec Défense dispose dans ses locaux toulousains d'une enceinte climatique de la même taille où les services de secours ont déjà fait entrer des ambulances pour s'entraîner sur des scénarios d'intervention.

Après trois années de forte croissance (son chiffre d'affaires est passé de 30 à 70 millions d'euros entre 2017 et 2019), Cegelec Défense table sur une relative stabilité en 2020, et ce malgré la pandémie. L'entreprise va recruter une dizaine de collaborateurs d'ici la fin de l'année : des monteurs électriciens ou mécaniciens, mais aussi des profils au niveau du bureau d'études et un responsable des systèmes d'information.

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