Figeac Aéro prévoit "30 à 50% d'activité jusqu'en septembre"

La pépite aéronautique lotoise Figeac Aéro, qui a connu une croissance fulgurante en 30 ans d'existence, n'est pas épargnée par la crise. Dans un entretien à La Tribune, Didier Roux, directeur général adjoint, détaille comment le sous-traitant adapte son outil industriel à la baisse des cadences.
Didier Roux est le directeur général adjoint du groupe lotois Figeac Aéro.
Didier Roux est le directeur général adjoint du groupe lotois Figeac Aéro. (Crédits : Figeac Aéro // Rémi Benoit - La Tribune)

Figeac Aéro a connu une croissance très forte depuis sa création il y a plus de 30 ans. Comme l'ensemble de la filière aéronautique, vous êtes frappés par la crise du Covid-19. Quel impact a-t-elle eu sur votre activité et comment envisagez-vous les prochains mois ?

Didier Roux : Au lendemain de l'annonce du confinement par le président de la République le 17 mars, nous avons réduit très fortement l'activité pour mettre en place les mesures sanitaires adéquates. Nous avons pu reprendre la production dès la semaine suivante. Les donneurs d'ordre réduisant la voilure, nous nous sommes adaptés à leurs besoins. Depuis le mois de mars, le niveau d'activité est de 30 à 50% sur l'ensemble de nos sites par rapport à la période pré-Covid. Entre 50 et 70% de nos effectifs sont en chômage partiel et ce rythme va perdurer jusqu'en septembre. Airbus évoque une réduction des cadences de 35% sur les mois à venir. Si les donneurs d'ordre maintiennent effectivement cet objectif, Figeac Aéro pourra retrouver un volume d'activité de 60 à 70% à partir de septembre.

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Figeac Aéro produit notamment des carters pour les moteurs LEAP de Safran (Crédit: Rémi Benoit).

Le groupe employait avant la crise 1200 personnes à Figeac, 900 sur le reste de la France et 1 600 à l'étranger (Etats-Unis, au Maroc, au Mexique, en Roumanie et en Tunisie). Quels sont les sites les plus impactés?

Globalement tous les sites, en France et à l'étranger, ont connu une baisse d'activité. Les plus impactés ponctuellement ont été celui de Tunisie, complètement arrêté du fait du confinement total décidé par le gouvernement, et notre site au Mexique, qui a connu une fermeture complète de quatre semaines.

En tant que sous-traitant vous êtes très dépendant des grands donneurs d'ordre. Une diversification est-elle possible ?

L'industrie aéronautique, en particulier l'aérostructure et les moteurs, représente 95% de notre chiffre d'affaires. Rien qu'Airbus englobe 60% de notre activité avec les pièces fabriquées pour les programmes A320 et A350. Cette part s'élève à 70% en ajoutant les moteurs LEAP 1A fournis à Safran qui équiperont les avions A320neo (Figeac Aéro a décroché en 2014 un contrat de 500 millions de dollars sur dix ans pour les carters du moteur Leap de Safran, ndlr). De son côté, Boeing représente 5% de notre activité. Sur ce segment, nous sommes à 30% de nos capacités. Figeac Aéro est très impactée par la production du Boeing 737 Max, quasiment réduite à zéro, et par la politique de réduction rapide des cadences engagée par Safran concernant les moteurs LEAP. Le groupe dispose de deux autres activités, le pétrole et le gaz ainsi que la défense. Nous sommes en train de les développer mais il ne s'agit pas d'un levier de croissance majeur puisque ces deux domaines ne pèsent que 5% du chiffre d'affaires.

Comment alors adapter l'outil industriel à cette nouvelle donne ?

Figeac Aéro a toujours eu une politique de sous-traitance partielle de son coeur de métier pour des écrêtages de charge et faire face à des situations telles que la crise du Covid. Aujourd'hui, nous rapatrions la sous-traitance en interne, de l'usinage principalement. En parallèle, nous internalisons des prestations in situ de production et de maintenance. C'est le cas, par exemple, sur l'usine du futur de Figeac.

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Figeac Aéro avait inauguré en avril 2019 une usine 4.0 (Crédit : Rémi Benoit).

Figeac Aéro a aussi la particularité d'avoir une politique d'investissement très forte (jusqu'à 17% du chiffre d'affaires y a pu être consacré). Vous avez notamment inauguré une usine 4.0 en avril 2019 qui a coûté 37 millions d'euros. Votre stratégie est-elle complètement chamboulée par la crise ?

Nous ne regrettons pas ces investissements et ces projets d'usine 4.0 ne seront pas arrêtés. Il est nécessaire de continuer à y travailler sur le moyen terme même si nous allons focaliser nos efforts sur l'activité des deux ans à venir. Figeac Aéro avait une croissance historiquement très forte sur 30 ans pour atteindre une taille critique, un objectif réalisé en milieu d'année dernière. Depuis mi-2019, notre stratégie a complètement changé avec une politique tournée vers la performance économique et financière pour générer durablement des free cash flows. Nous avions déjà prévu en 2019 de réduire le niveau d'investissement de 30 à 40%. Avec la crise du Covid, il va finalement baisser de 50 à 60%.

Nous avons pris un virage avec cette crise. Les enjeux sont différents mais l'esprit reste le même. Nous sommes devenus systémiques auprès de nos clients ce qui va nous permettre de garder nos parts de marché dans cette crise. Nous espérons aussi gagner des parts de marché quand nos clients seront obligés de sélectionner de nouveaux fournisseurs de pièces en cas de défaillances dans la supply chain. La politique pré-Covid de Figeac Aéro visait également à développer des contrats sur le continent nord-américain. Nous espérons des annonces significatives dans les mois à venir en la matière en nous appuyant sur nos avantages compétitifs.

Envisagez-vous un PSE ?

La crise va être durable et l'aéronautique connaîtra une baisse de ses effectifs. Figeac Aéro sera également concernée. Mais pour l'instant, nous ne pouvons pas travailler concrètement sur un plan d'adaptation tant que nous ne connaissons pas les plans d'aide du gouvernement et les projections des donneurs d'ordre.

Justement qu'attendez-vous de ce plan de relance de la filière aéronautique sur lequel travaille le gouvernement ?

La baisse d'activité sera très significative jusqu'à fin 2021. Ensuite, une montée en puissance sur certains programmes comme le Single Aisle A320 sera possible. Même si la crise sera longue, la reprise est attendue d'ici quelques années. Pour conserver de l'emploi à moyen-terme d'ici cette reprise, nous attendons des mesures concrètes concernant le chômage partiel. Nous serons attentifs également au déblocage de fonds. Par ailleurs, Figeac Aéro est en passe d'obtenir un prêt garanti par l'État (PGE) de 70 millions d'euros auprès de ses partenaires bancaires historiques.

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Commentaire 1
à écrit le 04/06/2020 à 11:17
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En effet ça risque d’être un coup dur pour cette toute petite ville mais dans le Lot ils savent faire avec pas grand chose je ne m'inquiète pas trop ils sauront vite se retourner. :-)

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