Pour la première fois, le fabricant de drones, Delair, a reçu un ministre dans ses locaux. Une première en treize d'années d'existence dont la PME toulousaine risque de se souvenir. Lors de son déplacement en fin de journée jeudi 29 février, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a fait savoir qu'une nouvelle commande de drones allait être passée auprès de Delair, à destination des forces armées de l'Ukraine, après celle de l'été 2023.
« Dans les semaines et les mois qui vont venir, ce sont 150 nouveaux drones supplémentaires qui vont être livrés à l'Ukraine, sur financement français », a annoncé le ministre en conclusion de sa visite.
Alors que la première commande a concerné deux modèles de la PME, le drone UX11 et le DT26X, le membre du gouvernement n'a pas précisé les modèles commandés parmi les quatre proposés par l'entreprise. Sébastien Lecornu a simplement évoqué « un panaché » des solutions développées par Delair.
Pour cette dernière et sa centaine de salariés, installées à Labège (Haute-Garonne), c'est un véritable bond économique qui se profile. « Nous allons faire plus de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires, après avoir bouclé l'exercice 2023 à 10 millions », souligne Bastien Mancini, le directeur général de Delair. Cette nouvelle commande renforce le déséquilibre économique observé en interne entre les marchés civils et militaires pour ses drones capables de réaliser aussi bien de l'inspection industrielle que des missions de défense. « Auparavant, 80% de notre chiffre d'affaires était assuré par le civil, désormais 80% est assuré par le militaire. Mais nous aimerions que ce soit équilibré entre les deux », commente le dirigeant.
« C'est une entreprise qui vient du civil et que nous avons repéré il y a deux ans (...) Delair a fait preuve de rapidité et de prise de risque dans la gestion de ses stocks. Elle est la parfaite illustration d'une entreprise engagée dans l'économie de guerre », ajoute Sébastien Lecornu.
La France va produire des drones kamikazes
Afin de répondre aux exigences de timing imposées par une guerre de haute intensité comme le conflit russo-ukrainien, Delair a été dans l'obligation de multiplier ses cadences de production et est aujourd'hui en capacité de produire 50 unités par mois, dont 12 gros drones (contre quatre auparavant). Néanmoins, les drones proposés par Delair n'ont qu'une vocation défensive et d'observation. Bien qu'ils présentent la capacité de résister aux brouillages GPS, leur capacité de charge utile leur permet seulement de transporter des outils d'observation et de capture d'image.
Pour compléter leur gamme de produits, Delair, qui propose trois drones aériens et un drone maritime, a ainsi noué un partenariat avec le géant Nexter pour mettre au point un drone dit « kamikaze ». L'Iran est notamment un fournisseur de la Russie, dans sa guerre contre l'Ukraine, sur cet armement qui a fait couler beaucoup d'encre...
« Nous avons lancé un programme, qui va se concrétiser dans les prochaines semaines, de munitions téléopérées. Nous les appelons aussi drones suicides ou drones kamikazes et ils sont essentiels sur le champ de bataille. Ces munitions téléopérées seront un complément très important sur la ligne de front en Ukraine », précise le ministre des Armées.
Une centaine de ces drones, « sous forme de prototypes », vont être livrés à l'Ukraine d'ici le mois de juin voire juillet par le consortium Delair et son partenaire Nexter, sous-traitant du premier dans cette opération. Dans les semaines qui viennent, ce duo pourrait avoir une commande bien plus importante pour ses drones kamikazes, malgré la concurrence d'un autre consortium composé de Novadem et MBDA.
« Je viens de valider une commande de 2.000 munitions téléopérées sur l'ensemble de l'année 2024 et 2025, aussi bien pour les armées française et ukrainienne. La répartition viendra le moment venu », a annoncé le ministre Sébastien Lecornu.
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