Delair rachète le fabricant de drones sous-marins Notilo Plus, en redressement judiciaire

Le fabricant de drones toulousain Delair vient d'annoncer le rachat de Notilo Plus. Cette startup marseillaise, adoubée par l'armateur CMA CGM mais placée en redressement judiciaire au début de l'été 2022, commercialise un drone sous-marin pour de l'inspection industrielle et de la collecte de données. Il s'agit de la cinquième opération de croissance externe pour Delair en six ans qui se voit comme un leader européen à terme.
Notilo Plus, qui commercialise un drone sous-marin, est désormais la propriété de Delair.
Notilo Plus, qui commercialise un drone sous-marin, est désormais la propriété de Delair. (Crédits : DR)

Pour lancer son année 2023, le fabricant de drones toulousain Delair vient d'annoncer une nouvelle opération de croissance externe. Cette fois-ci, la PME a jeté son dévolu sur le Marseillais Notilo Plus. Cette startup a mis au point un drone sous-marin autonome capable de faire de l'inspection d'infrastructures sous-marines et de coques de bateaux grâce à des capteurs embarqués. Son prix à l'unité peut ainsi varier de 10.000 à 50.000 euros.

Fondée en 2016 et malgré sa jeune histoire, la nouvelle acquisition de Delair a connu des moments tumultueux. Tout d'abord, elle n'est jamais parvenue à atteindre la rentabilité économique malgré l'exploitation de deux versions de son drone sous-marin (une pour le loisir et une autre pour l'industrie). Suite à la crise sanitaire, Notilo Plus avait même décidé de mettre en veille son modèle dédié au tourisme. A contrario, sa version industrielle est parvenue à trouver "son" public au point de séduire CMA CGM qui y a vu un moyen de contrôler plus efficacement ses navires. L'armateur est même entré au capital de la jeune pousse dans la foulée.

Lire aussiCe que le drone sous-marin de Notilo Plus va apporter à CMA CGM (et vice-versa)

Malgré ce contrat vitrine, dans les coulisses tout n'était pas rose pour Notilo Plus et sa vingtaine de salariés. L'un de ses deux cofondateurs et directeur général à l'époque, Benjamin Valtin, a quitté l'aventure à la fin de l'année 2020. Par la suite, la startup marseillaise a été placée en redressement judiciaire dès le début de l'été 2022, avant de faire l'objet d'un plan de cession et donc d'une liquidation.

Delair renforce sa présence sur deux marchés

Désormais, l'entité absorbée par Delair est renommée Delair Marine.

« Le drone sous-marin développé par Notilo Plus est fiable, performant et capable d'embarquer tout type de capteur. Il nous est apparu comme l'alter ego aquatique de nos drones aériens. La plateforme logicielle Notilo Cloud, qui devient Delair Cloud permet d'offrir un service intégrant les plus récentes technologies d'intelligence artificielle appliquées au monde sous-marin dans un environnement cloud souverain », précise Bastien Mancini, le président de Delair dans un communiqué.

À l'avenir, il n'est d'ailleurs pas impossible que cette seconde branche soit transférée du côté de la société toulousaine Alteia. Pour mémoire, cette dernière est une émanation de Delair devenue autonome, totalement consacrée à l'exploitation des données collectées par drone et à leur traitement via de l'intelligence artificielle.

Lire aussiDelair sépare ses activités drones et data avec la création d'Alteia

Côté business, cette acquisition permet à la PME toulousaine de renforcer sa position prépondérante sur les marchés de la défense et de l'inspection industrielle. Delair propose désormais une offre complète pour le milieu maritime avec à la fois des drones aériens et sous-marins, un logiciel de traitement de données souverain, et une offre de service associée.

« Delair se positionne ainsi comme un acteur important en France de l'inspection d'infrastructures et bâtiments navals, civils et militaires : navires, éoliennes off shore, infrastructures portuaires, etc... avec une solution entièrement souveraine, conçue et fabriquée en France, à très haute valeur ajoutée », ajoute le président de Delair.

Point important, Notilo Plus, désormais renommée Delair Marine, conservera malgré tout les implantations actuelles de la société, autrement dit son siège social à Marseille. Aussi, « la conception et la production de tous les drones, à la fois aériens et sous-marins, sera entièrement réalisée en France », précise sa nouvelle maison-mère.

Une croissance jugée trop lente

Pour Delair, fondée en 2011, cette opération de croissance externe n'a pas que des intérêts commerciaux de court terme. La société toulousaine qui emploie 60 collaborateurs ambitionne d'être le leader européen sur la filière drone d'ici 2030.

« Il y a 10 ans, chacun a créé sa société de drones en France et tout le monde se rêvait en leader mondial. 10 ans après, personne n'est leader. On est trop atomisé en France avec trop de petits acteurs (...) Notre ambition est de constituer le leader européen du drone mais nous ne le ferons pas tout seul », expliquait à La Tribune Bastien Mancini, au début de l'été dernier.

Avant Notilo Plus, Delair a déjà mené plusieurs opérations de croissance externe pour devenir ce qu'elle est aujourd'hui. Le constructeur a pris le contrôle du bordelais Eukréa Electromatique en septembre 2016, puis du belge Gatewing. Une levée de fonds lui a aussi permis de mettre la main sur son concurrent américain Airware et sa filiale française RedBird en fin d'année 2018.

Avec ce périmètre, le fabricant de drones toulousain a réalisé un chiffre d'affaires de sept millions d'euros en 2021, affichant un bénéfice supérieur au million d'euros. « Mais notre croissance est trop lente », face aux ambitions de la société a déjà reconnu son CEO. Signe que d'autres opérations de fusion/acquisition pourraient suivre ?

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.