Santé : Antabio boucle une série B majeure pour commercialiser son premier traitement

La biotech toulousaine Antabio vient de boucler une levée de fonds, en série B, de 25 millions d'euros en intégrant à son capital deux acteurs financiers internationaux de premier plan. Spécialisée dans l'antibiorésistance et la lutte contre les infections nosocomiales, l'entreprise toulousaine espère ainsi passer sans encombre la phase 2 de l'étude clinique de son traitement phare. Les détails.
Marc Lemonnier se rapproche de la commercialisation de son premier traitement avec Antabio, spécialisée dans l'antibiorésistance.
Marc Lemonnier se rapproche de la commercialisation de son premier traitement avec Antabio, spécialisée dans l'antibiorésistance. (Crédits : Rémi Benoit)

« Nous passons d'un soutien français à un soutien européen voire international », se félicite Marc Lemonnier, le fondateur et CEO de la société toulousaine Antabio. La HealthTech toulousaine, installée à Labège (Haute-Garonne) accueille à son capital deux actionnaires de poids avec l'AMR Action Fund et l'European Innovation Council Fund.

« Le premier est un fonds de capital risque américain qui compte à son capital toute la Big Pharma et qui dédie ses investissement aux biotechs spécialisées dans l'antibiorésistance, comme nous. C'est leur sixième investissement depuis 2020, mais leur premier en Europe. Quant au second, il s'agit du bras armé dans l'investissement de la commission européenne, géré par la BEI », décrit l'entrepreneur.

Jusqu'à présent, Antabio, fondée en 2009, comptait dans son capital BNP Paribas Développement, Turenne Capital, IRDI Capital Investissement et l'ancien président d'OM Pharma Christophe Ricard. Tous ont décidé d'investir à nouveau à l'occasion de ce tour de table de 25 millions d'euros, officialisé ce mardi 12 décembre. « Les deux nouveaux sont des poids lourds et arrivent avec des contributions significatives, mais personne n'est sorti parmi les actionnaires historiques », souligne Marc Lemonnier.

Dans un passé récent, Antabio avait bouclé une levée de fonds en série A de 12,5 millions d'euros, en accueillant BNP Paribas Développement, en 2018. Puis, au cours de l'année 2021, la biotech toulousaine avait reçu plusieurs millions d'euros de subventions publiques en prenant la tête d'un consortium.

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Lutter contre les infections nosocomiales

Cette nouvelle série B de la startup toulousaine n'a qu'un objectif : franchir une étape décisive dans l'étude clinique du traitement MEM-ANT3310 pensé par ses équipes. Malgré son nom barbare, ce traitement anti-bactérien doit répondre à un enjeu de santé majeur. Antabio l'a pensé comme « une solution » pour traiter l'antibiorésistance et particulièrement les infections nosocomiales, ces infections déclarées lors d'un séjour dans un établissement de santé.

« Nous avons développé une solution tout-en-un pour traiter l'antibiorésistance. Il s'agit d'un seul produit qui permettra de traiter toutes les bactéries fréquemment trouvées à l'origine de ces infections nosocomiales. Nous allons particulièrement traiter les patients sous assistance respiratoire, pour qui ces infections nosocomiales sont mortelles », commente Marc Lemonnier.

Pour l'Organisation mondiale de la Santé, l'antibiorésistance sur les infections nosocomiales est une priorité. « L'impact des infections nosocomiales et de la résistance aux antimicrobiens sur la vie des personnes touchées est incalculable. Plus de 24 % des patients atteints d'une septicémie d'origine nosocomiale et 52,3 % des patients pris en charge dans une unité de soins intensifs meurent chaque année. Les décès sont multipliés par deux ou trois si les patients sont atteints d'infections résistantes aux antimicrobiens », écrivait même en mai 2022 l'OMS.

Le monde de la santé attend donc beaucoup de ces traitements développés par Antabio et certains de ses concurrents, comme Aurobac Therapeutics. Pour ce qui concerne la biotech toulousaine, le traitement MEM-ANT3310 est en phase clinique de niveau 1. Concrètement, le médicament en question est testé en France sur 50 à 100 personnes en bonne santé et volontaires, pour s'assurer de la non dangerosité de la molécule développée par Antabio.

D'autres projets dans les cartons

Le cash apporté par la levée de fonds en série B, d'un montant de 25 millions d'euros, doit permettre de financer le passage en phase clinique de niveau 2. « Nous sommes en train de la mettre en place », confie Marc Lemonnier, qui espère boucler cette étape pour 2026. Celle-ci concernera environ 200 malades, et pas seulement en France, afin de démontrer l'efficacité de ce traitement proposé par Antabio.

« Nous allons pouvoir ainsi générer une preuve de concept et d'efficacité de notre traitement et à partir de cela discuter avec des industriels, et particulièrement des membres de la Big Pharma, pour nouer des partenariats. Nous générerons alors nos premiers revenus (...) Nous sommes déjà en discussion avec certains. Ils assureraient alors la phase 3 de l'étude clinique et la commercialisation du traitement », projette l'entrepreneur toulousain.

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Mais ce dernier ne compte pas s'arrêter là et appelle à investir encore dans Antabio, pour l'accompagner sur d'autres projets médicaux. Antabio travaille par exemple, sur le traitement dit 32-73, et celui-ci doit casser l'aspect chronique des infections respiratoires lié notamment à la pollution de l'air.

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