Antibiorésistance : la biotech Antabio prend la tête d'un consortium français avec 17 millions d'euros

Avec trois partenaires dont bioMérieux, la biotech toulousaine Antabio vient de mettre sur pied un consortium totalement français pour lutter contre l'antibiorésistance. Dans ce projet à 17 millions d'euros, dont neuf de subventions publiques, l'objectif est de sortir trois nouveaux produits dont un candidat médicament à moyen terme. Les détails.
Marc Lemonnier veut faire de la France un pays modèle dans la lutte contre l'antibiorésistance.
Marc Lemonnier veut faire de la France un pays modèle dans la lutte contre l'antibiorésistance. (Crédits : Rémi Benoit)

Alors que la planète est bousculée par la pandémie de la Covid-19, la naissance d'un consortium français vient tout juste d'être officialisée avec pour mission celle de vaincre l'antibiorésistance. "Une pandémie silencieuse", selon Marc Lemonnier, le fondateur et dirigeant de la biotech toulousaine Antabio, chef de file de ce consortium. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 700.000 personnes dans le monde décèdent chaque année de la résistance aux antibiotiques et d'après des projections de l'organisme cette statistique pourrait atteindre le chiffre de 10 millions de morts par an en 2050.

Pour tenter de remédier à ce fléau, ou du moins de l'atténuer, Arpège vient de voir le jour avec l'apport d'un financement public de neuf millions d'euros sur un total de 17, via le Programme d'Investissements d'Avenir (PIA). Ce consortium "prestigieux", "complémentaire" et "pluridisciplinaire", comme le qualifie Marc Lemonnier, est composé du spécialiste du diagnostic bioMérieux, des Hospices Civils de Lyon réunissant 13 hôpitaux publics, et de la Toulouse School of Economics dirigée par le Prix Nobel d'économie Jean Tirole, sans oublier Antabio.

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Trois nouveaux produits dans les cartons

Le quatuor mise ainsi sur quatre ans de partenariat pour mener à bien des travaux transversaux et partagés sur l'antibiorésistance, avec pour objectif de déboucher sur la naissance de nouveaux produits, dont trois en particulier.

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Tout d'abord, sur les neuf millions d'euros publics obtenus via le PIA, Antabio va en récupérer plus de la moitié (5,5 millions) pour financer la phase 1 de l'étude clinique de son candidat médicament, le ANT3310. "Il s'agit de notre produit phare, qui consiste à lutter contre l'un des pathogènes prioritaires de l'OMS, lié aux infections pulmonaires, qui sont les plus mortelles à l'hôpital, qu'elles aient un lien avec la Covid-19 ou pas", commente le fondateur d'Antabio. Cet apport d'argent frais permet ainsi d'avancer dans la recherche des 15 millions d'euros dans laquelle s'est lancée la biotech toulousaine au cours de l'été 2021.

"La levée se poursuit, il nous reste six millions d'euros à trouver. Nous sommes en discussions avec des partenaires privés. Une fois bouclée, l'opération permettra d'assurer le financement de la société jusqu'à fin 2023", précise Marc Lemonnier.

L'association avec la société BioMérieux dans le cadre de ce consortium devrait sans nul doute permettre de convaincre les derniers investisseurs. Par ailleurs, la société française spécialisée dans le diagnostic va, dans le cadre de ce consortium va développer un outil de diagnostic ultra-rapide basé sur le séquençage et l'intelligence artificielle. Enfin, le groupe va travailler avec les Hospices Civils de Lyon sur l'élaboration d'une solution logicielle nommée EpiTrack, qui consiste à traquer au sein des hôpitaux en temps réel toutes les chaînes de transmission épidémique afin de casser de manière précoce leur développement.

Un modèle économique à trouver

En dehors du spectre médical, la présence de la Toulouse School of Economics dans ce consortium Arpège - 100% français - doit permettre de trouver un modèle économique pérenne à ces futurs médicaments, qui ne seront utilisés que pour une minorité de patients bien que leur nombre absolu soit important.

"L'antibiorésistance est un marché qui n'est pas attractif car il y a une forte pression sur les ventes au profit des médicaments génériques, beaucoup moins efficaces (...) Il y a urgence à agir sur l'antiobiorésistance qui est un laboratoire complexe au niveau économique et la TSE va nous apporter toutes ses compétences pour trouver le bon modèle. Pour ces nouveaux médicaments, certains modèles sont déjà testés en Suède et en Angleterre, ou encore aux États-Unis avec le Pasteur Act. Un modèle de souscription à la Netflix pourrait être une solution, avec un abonnement mensuel pour les hôpitaux leur garantissant un nombre de médicaments réguliers et un revenu fixe pour les développeurs du médicament en question", expose Marc Lemonnier.

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