Newrest : après un exercice record, « 2024 ne générera pas la même croissance » projette Olivier Sadran

INTERVIEW. À l'occasion la publication de ses résultats pour l'année 2023, le co-président et fondateur de l'entreprise Newrest, Olivier Sadran, revient dans les colonnes de La Tribune sur cet exercice exceptionnel. La société toulousaine, spécialisée dans le catering aérien, vient de franchir pour la première fois les deux milliards d'euros de chiffre d'affaires. Néanmoins, l'ancien propriétaire du Toulouse Football Club s'attend à un tout autre exercice en 2024. Entretien.
Olivier Sadran craint une baisse de la demande du transport aérien en 2024.
Olivier Sadran craint une baisse de la demande du transport aérien en 2024. (Crédits : Rémi Benoit)

LA TRIBUNE - Pour la première fois de son histoire, le groupe Newrest, que vous avez fondé en 1996, dépasse la barre des deux milliards d'euros de chiffre d'affaires sur l'exercice bouclé fin septembre 2023. Vous avez bouclé l'année avec 2,2 milliards d'euros de chiffres d'affaires, soit une croissance de + 32% par rapport à l'exercice précédent. Comment accueillez-vous ce bilan ?

Olivier Sadran - Ce n'est pas une surprise car nous préparons ces résultats tout au long de l'année. Néanmoins, nous avons accueilli très favorablement ce bilan. C'est très appréciable car cette croissance de notre chiffre d'affaires à Newrest repose uniquement sur de la croissance organique. Notre développement aux États-Unis*, entamé durant la période de Covid, commence à porter ses fruits. Nous avons un taux de rétention de nos contrats très bon, autour de 98 voire 99%.

*Dans un communiqué, Newrest souligne que « les unités de Houston et d'Atlanta, dédiée à United Airlines et Delta Airlines, aux État-Unis, restent les plus importants hubs gérés par le groupe avec une progression d'activité de plus de 50% sur un an ».

Cette croissance est-elle sensiblement égale dans tous les pays où vous êtes présents ? Ou observez-vous des disparités ? Par le passé, vous avez regretté le lent redémarrage de vos activités en France après la crise sanitaire...

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Globalement, la croissance d'activité est observée dans toutes les régions du monde. Seulement la France est encore en retard par rapport au reste, et particulièrement sur la restauration collective. Nous avons un législateur qui décide de la suppression du plastique et qui instaure la loi EGalim, avec la nécessité d'apporter plus de produits bio ou de circuits courts dans les repas dédiés à la restauration collective. Dans le même temps, ce même législateur coupe dans les budgets accordés aux collectivités locales. Cela fragilise le secteur et je suis inquiet car c'est une activité avec une connotation sociale très forte. Pour Newrest, l'impact est minime car cela ne représente que 140 millions d'euros d'activité en France, mais pour d'autres concurrents c'est bien plus problématique.

Comment Newrest a géré cette période inflationniste ? On le sait, le secteur alimentaire est celui qui a subi les plus hauts niveaux d'inflation ces 24 derniers mois...

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L'inflation alimentaire a effectivement été haute. Nous n'avions donc pas d'autre choix que de modifier nos contrats et répercuter cette inflation sur nos prix de vente. Cela a mené à des passes d'armes, parfois difficiles, avec des clients. Cela n'a pas été une période de tout repos pour nos équipes commerciales, mais il faut comprendre que nous sommes un secteur dans lequel nous n'avons pas beaucoup de marges de manoeuvre...

Dans ce contexte économique, quelles perspectives économiques attendez-vous pour votre groupe au cours de l'année 2024 ? Sera-t-il possible de maintenir un tel niveau de croissance ?

C'est une certitude, l'exercice 2024 ne générera pas la même croissance. Nous allons rentrer dans une période avec une certaine crise économique, qui entraînera moins de passagers dans les avions et dans les trains en 2024. Nous tablons sur une croissance organique au mieux de 5 à 6 % (...) Notre volonté de nous développer encore aux États-Unis est très forte. Des discussions sont en cours et devraient déboucher sur des annonces concrètes en 2025.

L'année 2024 sera aussi marquée sous le signe de l'innovation pour votre entreprise avec le lancement, mi-mars, de votre unité de production de Wissous, à proximité d'Orly, avec un gros volet d'intelligence artificielle...

Notre ambition est de réduire le bilan carbone de nos unités de production sur le catering aérien (qui représente 50% de l'activité de Newrest, ndlr) afin de réduire le bilan carbone de nos clients. Nous avons notamment modernisé beaucoup de nos groupes froids. Cette modernisation de nos moyens de production passe aussi par de l'innovation et cet important projet autour de notre unité de Wissous, dont le lancement opérationnel est attendu pour le 15 mars. Elle sera dédiée à Transavia France. À l'aide d'intelligence artificielle, les équipes pourront suivre sur place les stocks mais tout sera fait automatiquement par des robots.

C'est un système qui nous permettra de collecter de la data sur l'attitude des clients et leur consommation et coller de mieux en mieux à leurs attentes, avec in fine l'objectif de réaliser des ventes plus importantes à l'avenir. Nous comptons dupliquer cette technologie sur d'autres unités de production, mais on parle d'un investissement de plusieurs dizaines de millions d'euros rien que pour Wissous et 120 collaborateurs sur 3.500 mètres carrés. Nous sommes en déficit de personnels. L'automatisation est donc un moyen pour nous de garantir une certaine qualité de service à nos clients.

À retenir


  • 8,7%

    En parallèle d'un chiffre d'affaires record, le groupe Newrest a enregistré un EBIT (bénéfices avant intérêts et impôts) de 8,7%.

  • 34

    « L'entreprise » basée à Toulouse opère dans 34 pays et dispose de 88 unités de production aéroportuaire, pour un total de 40.000 salariés.

Après avoir engagé une démarche RSE en 2021, le groupe international a décidé de lancer sa fondation, « Foundation Unlimited ». Celle-ci sera alimentée chaque année avec 1,5% du résultat du groupe, soit environ deux millions d'euros pour l'année 2023. La moitié de son budget permettra de soutenir des projets portés par ses salariés, le reste par des structures externes comme des associations. Trois piliers guideront les choix de la fondation : l'éducation, la résilience par le sport et la dignité de l'Homme. Prochainement, Foundation Unlimited doit officialiser son soutien à la fondation Toulouse Cancer Santé, dans la recherche contre la maladie.

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