VTC : la plateforme Uber freinée dans son développement à Toulouse ?

Selon la plateforme américaine Uber, il serait plus difficile de devenir chauffeur VTC à Toulouse que partout ailleurs en France. L'entreprise pointe du doigt le manque de sessions d'examen dans la Ville rose pour le devenir et rejette la faute sur la chambre des métiers et de l'artisanat d'Occitanie, chargée d'organiser ce concours. Cette situation provoquerait ainsi un manque de chauffeurs VTC dans la ville et des courses non honorées, alors que la demande des passagers est en hausse. Les détails.
À Toulouse, Uber demande davantage de concours pour devenir chauffeur VTC afin de répondre à la hausse de la demande.
À Toulouse, Uber demande davantage de concours pour devenir chauffeur VTC afin de répondre à la hausse de la demande. (Crédits : GONZALO FUENTES)

Est-il plus compliqué de devenir chauffeur VTC à Toulouse qu'ailleurs en France ? C'est en tout cas ce qu'affirme la plateforme américaine Uber. « À Toulouse, devenir chauffeur VTC implique jusqu'à six mois d'attente supplémentaire qu'ailleurs en France » insiste l'entreprise.

Au coeur du problème ? Les sessions d'examen communes aux chauffeurs VTC et taxis, gérées par les chambres de métiers et de l'artisanat (CMA) en France. Depuis 2017, l'État a confié à la CMA France l'organisation de cet examen, de la gestion des inscriptions à la communication des examens.

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« La loi impose un délai maximum de quatre mois entre l'inscription à l'examen et la transmission des résultats. Ce délai est loin d'être respecté à Toulouse. Le véritable problème n'est rien d'autre que la fréquence du nombre d'examens pour devenir chauffeur VTC. Si c'est un sujet récurrent pour notre profession, cela l'est encore plus à Toulouse qu'ailleurs », peste Rym Saker, la directrice de la communication chez Uber France auprès de La Tribune.

Selon Uber, « une centaine » de candidats inscrits pour la session d'examen à Toulouse d'octobre 2023 et ses 250 places (pour taxis et VTC réunis) a été invitée à se présenter à la prochaine session de mars 2024. « Ces candidats risquent de ne pas pouvoir exercer en tant que chauffeur VTC lors de la période estivale 2024, synonyme de pic de l'activité », souligne Uber. Après l'examen, et en cas de succès, les candidats doivent déposer une demande de carte de chauffeur VTC auprès de la préfecture concernée. Une procédure qui peut prendre plusieurs mois. Par conséquent, les candidats de la session de mars 2024 pourraient débuter leur nouvelle profession dans une saison estivale tronquée.

Plus de sessions d'examen dans un avenir proche ?

Sur le site internet de la CMA Occitanie, instance d'accompagnement pour les professions de l'artisanat, un onglet dédié à ce concours expose les sessions d'examen prévues à Toulouse : 250 places fin mars, autant à la fin du mois de juin et 250 également fin octobre. Ce qui est trop peu au goût de la plateforme Uber.

« La Chambre des Métiers et de l'Artisanat (CMA) de Haute-Garonne ne respecte ni les délais maximum de 4 mois dans la communication des résultats aux candidats, ni l'organisation de quatre sessions d'examen par année (...) Cette fréquence d'examen implique quasiment systématiquement un dépassement des délais et ce notamment entre les sessions d'examen d'octobre et de mars », souligne l'entreprise concurrente des chauffeurs de taxis, qui évoque également la création d'un quota à Toulouse fixé à 250 candidats par session.

Selon elle, il y a donc un besoin de sessions d'examen supplémentaires à Toulouse face à la demande croissante de candidats. D'après les chiffres d'Uber, qui travaillent avec un prestataire sur cette question (CAB Formations), il y a 465 candidats présentés à Toulouse à l'examen en 2022, contre 615 de janvier à juin 2023.

« Conformément au règlement général, la CMA Occitanie est centre d'examen régional : un calendrier régional annuel est établi et publié sur notre site web en fin d'année, précisant les dates et lieux des sessions d'examens organisées dans les 13 départements de la région pour l'année suivante (...) Les inscriptions sont clôturées lorsque le nombre de dossiers d'inscription complets correspond au nombre de places disponibles par centre d'examen. La CMA Occitanie n'a pas « instauré de quotas en juin 2023 par manque de place », ni « reporté des dates d'examens pour des candidats inscrits », contrairement à ce qui est indiqué (...) La CMA Occitanie organise les examens VTC dans le cadre fixé par le règlement national, selon ses capacités d'accueil et d'organisation dans les 13 départements, avec pour objectif de répondre au mieux à la demande. Compte-tenu de la demande croissante constatée pour les examens VTC en Occitanie, la CMA Occitanie envisage d'augmenter le nombre de sessions d'examens proposées dans la région », a répondu par mail la CMA Occitanie, sollicitée par La Tribune.

Une activité qui se porte bien à Toulouse

Si Uber met en avant la situation précaire de ses potentiels futurs chauffeurs VTC, c'est surtout pour le manque à gagner économique. Selon la plateforme américaine, « une demande de trajet sur trois en 2023 n'a pu être servie à Toulouse en raison du manque de chauffeurs VTC ».

« Pour que le client reste sur notre plateforme, il doit y avoir davantage de chauffeurs VTC sur la ville de Toulouse. En 2023, nous avons accueilli 140 nouveaux chauffeurs à Toulouse et il nous en faut davantage. Nous sommes dans une période particulièrement favorable avec la coupe du monde de rugby et les Jeux Olympiques en France qui approchent. Les événements rugby ont une réelle traction et ont un impact sur les courses réalisées à Toulouse. Sur la première semaine de septembre, nous avons eu 50% de courses réalisées supplémentaires à Toulouse par rapport à la même semaine un an auparavant », commente Rym Saker.

Au global, l'activité se porte bien pour la plateforme Uber dans la Ville rose. La demande de transport en VTC y est en hausse avec plus de 565.000 personnes qui se sont connectées sur l'application Uber pour tenter de commander une course en 2023. Soit une progression de +16% par rapport à 2022.

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