Exclusif. EyeLights fonce de la mobilité à la défense grâce à sa technologie HUD et vise la Lune

Fondée en 2016, la startup toulousaine s'est faite un nom pour le développement d'un GPS à affichage tête haute directement installé dans la visière des casques des motards, ou le pare-brise d'une voiture. Mais le CEO d'EyeLights, Romain Duflot, dévoile en exclusivité dans les colonnes de La Tribune que sa technologie HUD intéresse aussi l'industrie aéronautique, le spatial dans l'optique du retour sur la Lune et le secteur de la défense.
Depuis Toulouse, EyeLights participe à de nombreux projets phares.
Depuis Toulouse, EyeLights participe à de nombreux projets phares. (Crédits : EyeLights)

Au volant d'une BMW, l'itinéraire à emprunter s'affiche en surbrillance directement sur le pare-brise. Un indicateur signale aussi la vitesse à respecter, ou encore la présence d'un piéton. « Si vous ne respectez pas les distances de sécurité avec le véhicule devant vous, la chaussée s'affiche en rouge sur le pare-brise et redeviendra normale dès que la distance de sécurité sera respectée à nouveau », ajoute Romain Duflot, le fondateur d'EyeLights.

Cette startup toulousaine a mis au point un GPS en réalité augmentée aussi appelé technologie HUD (head up display), qui repose sur des algorithmes développés par sa trentaine de salariés installée à Labège (Haute-Garonne), un réflecteur d'image et deux caméras DMS. Le tout directement intégré au véhicule. « Avec cette technologie, nous supprimons 90% du tableau de bord. Par contre, l'intégration ne pourra se faire qu'à la construction du véhicule. Sur de l'occasion, cela serait trop compliqué », regrette le dirigeant qui vante de faire de « la sécurité active à partir de réalité augmentée ». « Nous augmentons l'attention du conducteur de 30% », affirme Romain Duflot.

Si un nouveau véhicule de démonstration est en préparation par la jeune pousse fondée en 2016, celle-ci a déjà convaincu avec ce premier véhicule allemand présenté au CES de Las Vegas 2022. Depuis, EyeLights a signé « des contrats de plusieurs dizaines voire centaines de millions d'euros » avec sept constructeurs automobiles, dont Toyota, Renault et l'Allemand BMW pour une intégration dès 2025 voire 2026 dans les véhicules neufs de ce dernier. D'ailleurs, le constructeur a présenté au dernier CES le concept BMW i Vision Dee, sorte de ligne directrice sur ce à quoi ressemblera la voiture de demain, reprenant ce concept de GPS à affichage tête haute...

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L'espace ? Un rêve de gosse

Si ces chiffres peuvent donner le tournis à une jeune entreprise, son fondateur semble encore avoir la tête sur les épaules mais elle est rivée vers le ciel. « J'ai toujours rêvé de travailler pour la NASA », partage cet ingénieur de formation. Un voeux qui fut exhaussé un soir, il y a quelques mois, quand Romain Duflot reçoit un email d'un interlocuteur de l'agence spatiale américaine. « Tout le monde sait en interne que je rêve de travailler pour eux, alors j'ai vraiment pensé au départ que c'était une blague de la part d'un collègue, mais non... », confie-t-il à La Tribune.

Avec le savoir-faire développé par EyeLights, la Nasa compte sur cette dernière pour développer la prochaine interface casque pour les astronautes des futures missions du programme Artemis. Celle-ci doit permettre de ramener l'Homme sur la Lune dans quelques années.

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« L'idée serait qu'ils aient quelques données, sur leur état de santé notamment, directement sur la visière de leur scaphandre et en matière d'exigence on est très, très, loin des standards industriels ! », témoigne Romain Duflot.

Sur le plan financier, cette potentielle collaboration dans le spatial n'aura pas du tout le même impact que l'industrie automobile, mais elle pourrait être une formidable vitrine pour EyeLights. La Nasa a entendu parlé de nous grâce à notre produit moto, précise le CEO.

Pour comprendre, il faut savoir que l'histoire de la jeune pousse n'a pas commencé auprès de l'industrie automobile pour EyeLights. En 2016, cet ingénieur d'une trentaine d'années s'est lancé dans le développement d'EyeRide en promettant d'afficher en réalité augmentée les informations nécessaires à la conduite et au guidage directement sur la visière du casque des... motards. Ce système d'affichage à tête haute, adaptable à tous les casques selon l'entreprise, a dès lors été commercialisé à partir de 2017 en BtoC. Aujourd'hui, elle a vendu 15.000 unités de son produit dédié aux motards. La startup toulousaine a aussi noué directement des partenariats avec des constructeurs de motos pour intégrer à la construction le système d'EyeLights. Un constructeur a signé un contrat pour 500.000 pièces par an, tout comme un Américain.

La défense, un autre marché vitrine

Pour revenir sur Terre, cette visière à réalité augmentée pour les motards a attiré les curieux aussi dans le secteur de la défense. Aux côtés de Safran et de l'Italien Beretta, la société toulousaine EyeLights a été retenue aux côtés de ce duo pour développer un projet de 'soldat augmenté' sur deux à trois ans, au niveau européen. Néanmoins, quelques nations ont déjà fait part de leur intérêt pour équiper directement leurs forces armées voire testent déjà la technologie HUD développée par le Toulousain.

Dans la continuité, EyeLights s'est aussi intéressée à l'industrie aéronautique. Pas surprenant de la part de Romain Duflot, ancien pilote de chasse, passé par Airbus et Dassault. C'est d'ailleurs auprès de ce dernier que cela a fait mouche. La technologie de la startup toulousaine, qui repose sur une vision binoculaire et fullcolor pour les pilotes, a été retenue pour équiper le nouveau standard F4.1 de l'avion de combat Rafale.

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Malgré ses collaborations honorifiques et gages d'une certaine crédibilité, EyeLights ne perd pas de vue l'un de ses chantiers majeurs de l'année 2023 : ficeler la supply chain industrielle pour ses clients de l'industrie automobile. Un chantier enclenché grâce à la récente levée de fonds de 20 millions d'euros.

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Commentaire 1
à écrit le 01/06/2023 à 7:37
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C'est faire fi de ce qui se fait deja sur certaines marques chinoises. Trop tard.

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