Vous revenez de Cannes, quelles sont les tendances à noter ?
Il n'y a jamais eu autant de monde. Les salles sont pleines et il y a eu beaucoup d'accréditations pour participer au festival. Par ailleurs, les vendeurs et les acheteurs sont plus nombreux que les années précédentes au marché du film qui rassemble les acheteurs, vendeurs, producteurs et institutionnels. J'ai pu constaté que les différents acteurs du monde du cinéma partagent les mêmes préoccupations: la fréquentation des salles qui chute ( -10% sur les quatre premiers mois au niveau national et -7% à Toulouse), le rapport Lescure et la préservation de l'exception culturelle dans l'accord de libre-échange entre l'Union Européenne et les États-Unis.
Quel regard portez-vous sur le rapport Lescure et les mesures qu'il propose ?
Les propositions de Pierre Lescure vont au-delà de la simple lutte contre le téléchargement illégal. Le but est d'adapter nos dispositifs de régulation à l'ère du numérique. Cela rappelle les années 80, avec l'apparition de chaînes de télévision privées. Il y avait alors de grands débats sur la position de la télévision par rapport au cinéma. Finalement, nous avons trouvé le moyen en adaptant nos outils. Aujourd'hui, il se produit la même chose. Si nous nous adaptons, il n'y a pas de raison d'échouer. Il faut revoir les délais entre la diffusion d'un film au cinéma, sa sortie en DVD ou en vidéo à la demande et le moment où on peut le voir à la télévision. Je suis d'accord avec cette proposition.
Que pensez-vous de l'exception culturelle française et de l'accord du libre-échange entre l'Union Européenne et les États-Unis ?
C'est la grande question pour laquelle la France est mobilisée. Le 14 juin, la commission européenne se positionnera sur les points concernés par les négociations. Il faut préserver l'exception culturelle de cette zone de libre concurrence. Ce n'est pas du tout contre les Etats-Unis. L'industrie culturelle doit être régulée et avoir des outils adaptés. Si cette exception disparaît, c'est la fin du cinéma français. Le danger est évident et la mobilisation est européenne. Je pense que la France n'exclut pas de mettre son véto si cela s'avère nécessaire.
Un autre débat concerne la durée très courte pendant laquelle les films restent à l'affiche, quelle est votre analyse ?
Il y a tellement de films qui sont diffusés sur grand écran, qu'ils ne restent pas longtemps à l'affiche. Et ensuite, il faut attendre pour les voir à la télévision ou acheter des DVD.
Paradoxalement, pour trouver des films en première partie de soirée, c'est difficile. C'est une vraie préoccupation. Je ne sais pas si nous pouvons parler d'un recul, mais les films sont moins présents à l'antenne.
Le sujet des hauts salaires des comédiens fait couler beaucoup d'encre, quel est votre avis ?
Je pense que le fonctionnement du Centre national du cinéma est formidable. Il faut par contre l'adapter pour qu'il n'y ait pas de conséquences perverses. Certains cachets sont astronomiques, mais surtout, j'ai été choquée que certaines grandes stars demandent cinq ou six fois plus pour des films français que pour des films américains. Elles captent des sommes qui pourraient aller ailleurs, comme dans les salaires des techniciens. Un film est une œuvre collective mais il y a de grands écarts entre les professionnels. Après, concernant les techniciens, leur situation varie d'un film à l'autre et suivant la taille de la production.
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