Intempéries : déplacement de François Hollande en Haute-Garonne et conséquences économiques

Le président de la République s'est rendu ce jeudi 20 juin dans le village sinistré de Saint-Béat, en Haute-Garonne, littéralement dévasté par les inondations. L'état de catastrophe naturelle va être décrété en début de semaine prochaine. Les récentes intempéries et le mauvais temps de ces derniers mois ont des conséquences économiques inquiétantes, dans l'agriculture comme dans le commerce.


Le chef de l'État, qui s'exprimait devant les partenaires sociaux en ouverture de la conférence sociale ce matin à Paris, a pris un hélicoptère en urgence pour se rendre à Saint-Béat, dans le sud de la Haute-Garonne, cet après-midi. Accompagné du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, de la ministre de l'Écologie Delphine Batho, et de la députée Carole Delga, François Hollande a rencontré Pierre Izard, président du Conseil général, et les maires de Saint-Béat et de Fos. Face aux dégâts provoqués par les récentes inondations "l'État va agir" a affirmé le président, sans donner plus de précisions. Manuel Valls a indiqué qu'il allait prendre un arrêté de catastrophe naturelle en début de semaine prochaine. Martin Malvy a annoncé son intention de proposer à l'Assemblée régionale le vote d'un crédit de 5 millions d'euros "dont l'affectation sera précisée au terme de la concertation urgente qui doit s'établir entre les représentants des collectivités et des secteurs économiques ainsi qu'avec les représentants de l'État."

De son côté Pierre Cohen a annoncé que la Ville de Toulouse contribuera au fonds de solidarité aux populations des communes victimes des inondations, qui sera mis en place par le Conseil Général de la Haute-Garonne. Pierre Izard a également annoncé "le déblocage d'aides exceptionnelles". Ce soir, c'est le ministre de l'Agriculture Stéphane LeFoll qui prend le relais. Il va rencontrer les agriculteurs à Marignac pour évoquer les conséquences économiques de cette météo catastrophique.


Viticulture et fourrages, particulièrement touchées

C'est en effet dans l'agriculture que les inquiétudes sont les plus vives. La pluie quasiment incessante depuis plusieurs mois a saturé les nappes phréatiques et la terre n'absorbe plus le surplus. Pour Paul Fabre, directeur général de l'Interprofession des vins du sud ouestSO), on ne parle pas encore de catastrophe, mais "la situation commence à devenir problématique. Certaines vignes ont 15 jours de retard". Autre conséquence de la météo : "le beau temps est synonyme de moments de convivialité. Sans soleil, il y a moins de consommation de vins. Il y aura donc certainement des conséquences économiques, même si nous ne les avons pas encore chiffrées". Le dernier événement météo en date, un nuage de grêle qui a frappé le Lot et Fronton ce matin, est plus alarmant : "Il y a jusqu'à 80% de perte dans certaines exploitations" déplore Paul Fabre.

"C'est une très mauvaise année, on n'a jamais vu ça" confirme de son coté Alain Brousse, responsable des calamités au sein de la FDSEA Haute-Garonne. " Il y a des glissements de terrain, des cultures inondées, des fourrages aplatis". Il évoque entre 50 et 100% de pertes selon les exploitations. "La qualité du blé sera aussi affectée, et les moissons sont décalées de 3 semaines". L'élevage est également touché selon Alain Brousse, "les troupeaux qui étaient en montagne ont du redescendre".

En ville aussi, les commerçants sont touchés
Sans commune mesure avec les dégâts du sud du département, à Toulouse aussi le mauvais temps commence à agacer sérieusement les commerçants. Kader Tepe, président de l'association de commerçants Saint-Georges Mon Quartier, estime qu'en raison de la météo, certains commerçants ont perdu "de 25 à 30% de leur chiffre d'affaires depuis mi-mars". Plutôt défaitiste, le propriétaire du magasin Levantin craint pour les commerces indépendants "qui doivent payer leur charges et acheter les nouvelles collections". Aucun secteur n'est épargné selon lui, des vêtements d'été, à la décoration, en passant par la restauration: "personne ne fréquente le centre ville avec un temps pareil".
Le secteur du bâtiment est également touché. "Les terrassiers ont un mois et demi de retard, certains vont devoir travailler cet été" affirme Jean-Charles Mazières, assureur Aviva à Muret et membre de la CGPME. "Mais en dehors de sud du département, il n'y a pas de catastrophe" selon lui "300 sinistres ont été déclarés après l'orage de grêle de mardi soir entre Fronton et Villeneuve Tolosane, ce n'est pas beaucoup, et il n'y a pas de sinistre majeur".

Sophie Arutunian et Jérémy Lacoste
©photo Rémi Benoit

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