Une dégradation des performances à la centrale nucléaire de Golfech en 2010

L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a présenté jeudi 26 mai à Toulouse le bilan de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en Midi-Pyrénées et dans le Sud-Ouest en 2010. L'ASN observe une dégradation des performances sur le site de la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne). L'Autorité déplore aussi aussi l'absence presque totale de signalement des incidents dans le domaine de la radiologie interventionnelle.

En 2010, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a constaté une baisse de rigueur lors de certaines opérations d'exploitation à la centrale de Golfech, dans le Tarn-et-Garonne, même si dans l'ensemble l'ASN juge l'année 2010 comme "plutôt satisfaisante" au plan de la sûreté nucléaire. C'est une des conclusions du bilan annuel en Midi-Pyrénées et dans le Sud-Ouest, présenté par l'ASN jeudi 26 mai à Toulouse. "Golfech était en pointe jusqu'en 2009. Mais nous avons observé une dégradation de ses performances en terme de sûreté nucléaire", explique Anne-Cécile Rigail, chef de division de l'ASN à Bordeaux. Résultat : Golfech se situe aujourd'hui dans la moyenne nationale alors qu'elle était une des centrales les plus sécurisées de France.

La division de Bordeaux de l'ASN a réalisé 19 inspections dans le domaine de la sûreté nucléaire l'an dernier sur le site de Golfech et 22 incidents y ont été déclarés. "Il s'agit d'événements mineurs, précise Anne-Cécile Rigail. Il y a par exemple eu une baisse de puissance non prévue de la chaudière ou une vanne laissée ouverte alors qu'elle devait être fermée."

Le récent incident lié au déclenchement accidentel de l'alarme n'a pas pesé sur le bilan présenté par l'ASN. "Nous n'avons pris en compte que ce qui s'est passé en 2010, explique Patrice Russac, le délégué territorial de la division de Bordeaux. Mais cela nous alerte sur les façons d'améliorer la sensibilisation de la population et du personnel des centrales."

C'est en effet un des objectifs de 2011 : inciter EDF à renforcer la formation de son personnel, qui doit aussi progresser dans le domaine de la prise en compte de l'impact des activités nucléaires sur l'environnement. Selon l'ASN, EDF doit aussi veiller à disposer de moyens humains et matériels suffisants. Des commentaires valables pour chacune des 19 centrales du territoire.

L'ASN compte aussi s'appuyer sur la catastrophe nucléaire de Fukushima, survenue le 11 mars au Japon, pour améliorer la sécurité des centrales françaises. "Il faut tirer des enseignements de ce qui s'est passé, a annoncé Patrice Russac. Même si le processus sera long à mettre en place." Des évaluations complémentaires et des tests de résistance seront effectués cette année. Le 5 mai, le collège de l'ASN a d'ailleurs adopté une série de décisions prescrivant aux exploitants d'installations nucléaires françaises la réalisation d'une évaluation complémentaire de la sûreté de leurs installations au regard de l'accident de Fukushima.

L'ASN a également présenté le bilan de l'année passée en ce qui concerne le nucléaire dit "de proximité" : la radiothérapie et la radiologie interventionnelle, techniques médicales complexes qui utilisent notamment des rayons ionisants. La formation et la qualification des personnels utilisant les appareils est décrite comme "souvent insuffisante" par les experts de l'ASN. Une critique déjà émise en 2007 à la suite de l'affaire des"irradiés de Rangueil". Des patients de l'hôpital toulousain avaient reçu des doses de radiation trop élevées.

Autre dysfonctionnement mis en avant par l'ASN : en 2010, les centres de Midi-Pyrénées n'ont déclaré aucun événement ou incident en ce qui concerne la radiologie interventionnelle alors que 14 inspections ont eu lieu. "Nous avons été obligé de les rappeler à l'ordre", explique Patrice Russac. En ce qui concerne la radiothérapie, seuls deux des sept centres de la région Midi-Pyrénées ont déclaré un incident à l'ASN.

"Aujourd'hui, assure Patrice Russac, les effectifs de radiophysiciens sont convenables. Reste à améliorer la mise en place de démarches d'assurance de la qualité des traitements, en particulier afin de mieux organiser en interne le recueil et l'analyse des dysfonctionnements à déclarer à l'ASN." Selon lui, "le mot d'ordre doit à présent être la transparence."

Pauline Calvano et Victor Matet

En photo : le site de la centrale nucléaire de Golfech. (© DR)

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