Toulouse et l'aéronautique, je t'aime moi aussi

À l'heure où le dernier né de la flotte Airbus a enfin pris la voie des airs, Toulouse s'affirme plus que jamais comme la capitale européenne de l'aéronautique. Entre l'avionneur et la Ville rose, l'histoire d'amour dure depuis quelques décennies, et les récentes prises de décision (installation du siège opérationnel d'EADS, création d'emplois...) ne font que renforcer cette union.

Ça y est ! Après plusieurs années de développement et pas moins de 15.000 salariés mobilisés, l'A350 XWB a connu ses premières sensations dans le ciel toulousain ce vendredi 14 juin. Un vol inaugural qui a passionné la Ville rose. Normal, après tout, quand on sait que l'aéronautique constitue le poumon économique de Toulouse. Les chiffres parlent d'eux-même : 850 établissements composent la filière en Midi-Pyrénées, 41 % des emplois sont liés directement à l'aéronautique pour un chiffre d'affaires évalué à 5,6 Md€ en 2012. Pierre Cohen, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole rappelle que "près de 70.000 personnes sont employées par les donneurs d'ordre et les sous-traitants. Les commandes d'Airbus dopent l'activité locale et nous permettent d'être toujours la région la plus exportatrice de France."

Un bémol toutefois, exprimé par Martin Malvy à l'occasion de la venue de Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, au printemps dernier. "Certes, la région exporte énormément, mais on constate un fort déséquilibre puisque 80 % de nos ventes à l'étranger se font via le secteur aéronautique." Sans Airbus et consorts, elle retomberait au... 17e rang au niveau hexagonal !

Si certains s'alarment de cette mono-industrie et redoutent un scénario dans la même veine que ce qu'à connu le nord-est de la France dans les années 1980, comme nous nous en faisons écho dans le dossier du prochain numéro "Airbus, l'envers du décor", à paraître le 18 juin, d'autres au contraire se félicitent de la vitalité de la filière aéronautique dans la cité occitane. Dans cette optique, l'arrivée du siège d'EADS en avril dernier et ses nombreux postes à la clé vont dans le bon sens. Ce dynamisme industriel se traduit également par des performances économiques dans le vert après quelques années moroses, représenté par les bons résultats affichés par Airbus. Résultat, l'avionneur européen prévoit d'embaucher 1.000 nouveaux salariés cette année en plus des 20.000 que comptent déjà ses effectifs toulousains comme l'a annoncé son DRH Thierry Baril. Une main-d'œuvre supplémentaire qui viendra soutenir l'activité d'un groupe affichant en 2012 833 commandes nettes, et un chiffre d'affaires en progression de 15 %.

L'aéronautique comme ADN
Au-delà du poids économique conséquent de la filière en Midi-Pyrénées, l'aéronautique et Toulouse, c'est surtout une histoire d'amour faite de symboles et de dates marquantes. Sans remonter à la caravelle (1955) et au Concorde (1969), la Ville rose a toujours été présente à toutes les étapes du développement d'Airbus. Que l'on se souvienne de l'implantation du groupe en 1972 à Blagnac avec le premier vol de l'A300 ou le baptême de l'air de l'A320 (deuxième avion le plus vendu au monde derrière le Boeing 737), que l'on se remémore la création d'Airbus SA à Toulouse en 2000 suite au rapprochement d'EADS et de BAE Systems, ou plus récemment les premiers tours de piste de l'A380 le 27 avril 2005... l'évolution de l'avionneur européen s'inscrit dans l'ADN toulousain. Et le lancement aujourd'hui de l'A350 en est une nouvelle fois la preuve éclatante.

Cet événement aura mobilisé bien au-delà des Airbusiens tant la compagnie européenne est l'arbre qui cache la forêt de sous-traitants très compétitifs. Sur Toulouse Métropole, "ce sont pas moins de 580 établissements qui travaillent directement pour la filière aéronautique", souligne Marc Péré, directeur général d'Aerospace Valley. Conséquence, la bonne santé économique de l'avionneur rejaillit sur tout le tissu local. La preuve : d'après l'Insee, l'activité des sous-traitants, fournisseurs et prestataires de services liés à la construction aéronautique a progressé de 13 % après deux exercices négatifs. Un phénomène de cascade qu'explique Cécile Ha Minh Tu, directrice des relations institutionnelles. "En termes de volume d'achats, sur plus de 7 Md€ en France, Airbus achète pour 3 Md€ à des fournisseurs de Midi-Pyrénées pour l'année 2012." Idem au niveau des dépenses en R&D largement réalisées dans la région, pour le plus grand bonheur des écoles d'ingénieurs environnantes et des services d'engineering.

Jérémy Lacoste
photomontage

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