Quels sont les freins au développement des robots agricoles ?

Près de 800 acteurs du monde agricole étaient réunis les 11 et 12 décembre à l'occasion de la 3ème édition du Forum international de la robotique agricole à Labège, à proximité de Toulouse. À cette occasion, les participants ont notamment évoqué les freins au développement des robots dans le milieu agricole, comme le besoin d'assistance et la formation à l'utilisation de ce matériel innovant. Décryptage.
En 2018, la startup Naïo Technologies, créatrice du robot Ted (photo), devrait attendre 2,5 millions d'euros de chiffre d'affaires et vise la barre des 10 millions d'euros à l'horizon 2021.
En 2018, la startup Naïo Technologies, créatrice du robot Ted (photo), devrait attendre 2,5 millions d'euros de chiffre d'affaires et vise la barre des 10 millions d'euros à l'horizon 2021. (Crédits : Rémi Benoit)

"Malheureusement, je n'ai jamais eu de démonstration sur les robots de mon secteur. C'est un frein majeur à l'idée d'aller vers la robotique, car la démonstration est un déclencheur de réflexion à l'achat", avouait Flavien Nicolas, exploitant viticulteur dans la vallée du Rhône, le 11 décembre dernier à l'occasion de la 3ème édition du Forum international de la robotique agricole (Fira) organisé à Labège (31), tout proche de Toulouse.

Lors des débats, qui ont réuni 800 personnes sur deux jours, les fabricants de robots agricoles ont eu un aperçu des obstacles qu'ils devront surmonter afin de convaincre les agriculteurs de faire appel à eux et laisser leurs machines circuler dans leurs champs.

Une méconnaissance de l'offre et un besoin d'expertise

À l'image du témoignage du viticulteur Flavien Nicolas, les agriculteurs mentionnent en premier lieu une méconnaissance de l'offre de robots agricoles.

Edouard Lhotte, agriculteur au nord de Paris, abonde dans le même sens et regrette : "aujourd'hui, si je vais chez un concessionnaire, je serais informé sur les tracteurs, mais pas sur les robots". Une méconnaissance de l'offre qui n'aide pas à l'évolution des mœurs. Lui qui travaille avec son père, imagine ainsi : "si demain, je lui dis que des robots viennent dans le champ, je pense que ça va être compliqué, le temps que cela entre dans les mœurs".

"L'un des freins au développement de la robotique agricole tient à la perception d'une technologie complexe, qui nécessite un niveau d'expertise que nous n'avons pas forcément sur une exploitation familiale. Quand la machine tombe en panne, il faut savoir quoi faire, pouvoir faire un diagnostic sur place, donc avoir quelqu'un qui a la capacité à comprendre cet univers complexe", estime Alain Pincot, producteur maraîcher en Californie.

D'autant plus qu'au-delà de l'acquisition d'un robot, il faut pouvoir l'utiliser. Les agriculteurs signalent une difficulté à recruter du personnel qualifié à leur utilisation. "Il y a une intimidation à s'embarquer dans l'univers technologique, que nous résolvons au travers d'une formation et d'un taux de rémunération plus élevé qui va motiver le chauffeur de tracteur", ajoute Alain Pincot.

Les robots pour réduire l'utilisation des pesticides ?

Ces agriculteurs ne sont cependant pas opposés à l'arrivée des robots dans leurs champs. Edouard Lhotte s'apprête à tester un robot pour la récolte des asperges au printemps.

"Nous avons un gros manque de main-d'œuvre et la machine devrait me servir à économiser une à deux personnes", explique l'agriculteur.

Avec ses confrères, ils ont tous des attentes vis-à-vis de l'arrivée des robots, que ce soit "pour faire face au manque de main-d'œuvre" (Edouard Lhotte), "pour la réduction des tâches pénibles" (Christiane Lambert), ou encore pour "une augmentation qualitative en viticulture" (Flavien Nicolas). "Nous sommes demandeurs, mais les fabricants sont assez timides en matière de projets", considère Alain Pincot.

"Nous serons poussés à nous intéresser aux robots agricoles avec la pression pour la réduction de l'usage des produits phytosanitaires. En viticulture, le robot est l'une des façons les plus efficaces de réduire leur utilisation. Nous devrons répondre rapidement à cette problématique. Mais il faudrait pouvoir accompagner les agriculteurs, y compris financièrement. C'est là où cela coince. Si l'État est capable de mobiliser un coup de pouce, cela nous aiderait vraiment", estime Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, le syndicat professionnel majoritaire dans la profession agricole en France.

Il faut dire que le prix d'un robot peut aisément dépasser les 100 000 euros. Un investissement qui ne peut se rentabiliser qu'à moyen ou long terme.

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